En avril, après l’exécution de
la hausse de consommation de 5 à 8%, les ventes au détail ont perdu 20% depuis
le mois de mars. Les ventes du secteur automobile ont perdu 56% pour
atteindre leur niveau le plus bas enregistré depuis décembre 2012, et le mois
de décembre est généralement le pire mois de l’année au Japon. Le mois d’avril
a été terrible. Pire encore que ce que craignaient les apologistes de l’Abénomie.
Mais le choc n'a pas duré. Et
les apologistes de l’Abénomie n’ont pas tardé à la
soutenir de plus belle. En mai, les ventes du secteur automobile étaient pires
que l’année précédente, mais pas si catastrophiques que ça (-1,2% par rapport
à mai 2013). En juin, elles étaient même légèrement plus importantes que l’année
précédente (+0,4%), et beaucoup se sont confortés dans l’idée que tout
finirait pas s’arranger. Mais en juillet, les ventes ont de nouveau perdu
2,5% sur un an.
Et puis le mois d’août est
arrivé.
En août, les ventes
automobiles ont énormément baissé en termes d’enregistrements, selon l’Association
des fabricants automobile du Japon. Toutes les catégories ont enregistré
une baisse : les ventes de voitures neuves, dont les minis
(petites voitures à petits moteurs) ont baissé de 9,4% en un an pour passer à
281.326 unités. Les ventes de camions neufs toutes tailles confondues ont
perdu 7,2% pour passer à 51.165 unités. Les ventes totales de voitures
personnelles et commerciales, camions et bus ont perdu 9% pour atteindre
333.471 unités.
La situation a été pire encore
qu’en avril, bien qu’au cours de ces dernières années, le mois d’août ait
généralement enregistré de meilleures performances que le mois d’avril. La
situation a été pire encore qu’en décembre 2012. Le mois d’août 2014 a été
pire encore que le mois d’août 2011, qui a subi les conséquences du tremblement
de terre et du tsunami qui ont causé la mort de plus de 19.000 personnes et
ont paralysé les échanges commerciaux dans tout le pays.
Une majorité des véhicules
vendus au Japon sont fabriqués au Japon. Le marché automobile japonais est le
plus protectionniste du monde, malgré plusieurs décennies de critiques
américaines. Ce déclin de ventes n’est donc pas attribuable aux importateurs.
Il touche principalement la production japonaise.
Les apologistes de l'Abénomie sont inquiets. La débâcle du mois d’août est
difficile à expliquer, même pour eux. Elle se tient devant eux telle une
réalité gênante. L’Abénomie commence à se payer.
L’un des éléments clés de l’Abénomie est l’effort général d’alimenter l’inflation.
Nous devons l’Abénomie au Premier Ministre Abe Shinzo et à sa clique, pour avoir décidé d’utiliser les
planches à billets du Japon pour parvenir à cet objectif.
L’inflation
des prix des biens à la consommation a gagné 4,3% sur un an en juillet, alors
que les vendeurs transféraient une majorité de la hausse des taxes à leurs
consommateurs. L’inflation du prix des services a gagné 1,7%, ce qui indique
que les fournisseurs de services, eux-aussi touchés par la hausse de la taxe
de consommation, l’ont principalement absorbée grâce à leurs marges, du moins
pour l’instant. Leurs profits vont donc en être affectés, ainsi que leur
capacité à investir, dépenser, et payer leurs employés – et donc de
participer à la relance de l’économie.
Qu’en a-t-il été de l’inflation
au mois d’août ? Le Bureau des statistiques utilise l’inflation de la
région de Tokyo pour se faire une idée de ce à quoi elle pourrait ressembler
un mois plus tard dans le pays tout entier. En août, les prix des biens à la
consommation ont gagné 5,1% en un an.
Les hausses de prix de ce type
ont beaucoup affecté les consommateurs. A moins que les salaires n’évoluent
en parallèle aux prix, les conséquences resteront les mêmes.
Et malheureusement, les
salaires ont pris la direction opposée. Ils ont continué de décliner. Le Bureau
des statistiques a enregistré une baisse du revenu mensuel moyen des ménages
de 2,4% sur un an au mois de juillet – ou de 6,2% en termes réels. Inflation
sans compensation.
Les consommateurs japonais se
retrouvent donc condamnés à observer la manière dont leur gouvernement
continuera de mettre en œuvre son projet. Il détruit aujourd’hui leur pouvoir
d’achat et leur épargne à un rythme que les citoyens d’âge mûr n’ont pu voir
que dans les livres d’histoire.
Ce ne sont pas seulement les
ventes automobiles qui ont reculé. En juillet, les dépenses moyennes des
ménages de deux personnes ou plus – soit la vaste majorité des ménages, dont
les ménages aux revenus fixes comme les retraités – ont perdu 2% sur un an en
termes nominaux, soit un déclin ajusté à l’inflation de 5,9% (graphique).
L’ire de l’Abénomie
– l’inflation sans compensation – déferle sur ces consommateurs depuis des
mois, sans relâche. Les partisans de l’inflation doivent se réjouir. Leurs
rêves les plus fous sont devenus réalité. Mais comme l’ont montré les chiffres
de vente, et la baisse du PIB de 7,1% enregistrée le trimestre dernier, cette
stratégie s’avère terrible pour le peuple japonais, et pour l’économie.
Les trois flèches de l'Abénomie – promesse, frénésie, et espoir – qui ont pu
être menées à bien grâce à l’impression monétaire de la Banque du Japon et la
baisse des taxes pour les corporations japonaises, ont fait des victimes. Je
vous conseille de lire ceci : Abenomics Goes to Heck, in one Chart
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