Avant de commencer, j’aimerais
répéter la phrase maintenant célèbre dont le co-fondateur du GATA, Chris
Powell, est l’auteur. Concernant l’ « étrange comportement des
marchés », il nous a un jour écrit ceci :
« Il n’y a plus de marchés,
il ne reste plus que des interventions. » (Chris Powell, 2008,
Washington Conference)
Après ce qui semble avoir été
toute une vie de déni de la part des régulateurs, toute une vie de ricanement
de commentateurs financiers et de manipulation évidente et continue du marché
par les béhémoths commerciaux, Reuters a enfin rapporté un évènement qui
pourrait, je répète, qui POURRAIT, s’avérer changer la donne pour ceux
impliqués dans le négoce et l’investissement sur l’argent. A 19h09 hier soir,
il a été rapporté que « Deutsche Bank a admis sa responsabilité dans le
cadre du litige relatif à la manipulation du prix de l’argent », une
admission étonnante de la criminalité de laquelle je parle et sur laquelle j’écris
maintenant depuis des années. Vous trouverez l’article intégral ici.
Ce qui est plus important encore
que l’admission par une institution malade, infectée de produits dérivés et
appauvrie par la dette de nous avoir privés de centaines de millions de
dollars au travers de la manipulation du prix de l’argent, c’est que Deutsche
Bank a nommé deux autres institutions comme co-conspiratrices : HSBC, et
la très vénérable banque canadienne Bank of Nova Scotia. Etant moi-même un
Canuck, je trouve à la fois exaspérant et excitant qu’un membre de l’un des
plus gros cartels de l’histoire financière (« la cabale bancaire des Big
Five canadiennes ») ait été nommé dans le cadre de l’affaire. JP Morgan est
mystérieusement absent de l’affaire, tout comme Goldman Sachs. JP Morgan est
le roi incontesté de ce genre d’activités criminelles, et je trouve son
absence illogique au mieux, et fondamentalement naïve.
D’un point de vue personnel, je
me réjouis à l’idée que Bill Murphy et Chris Powell se soient vus donner
raison, dans le sens où les Doug Casey du monde ne pourront plus regarder
tout droit dans leur webcam et collectionner les nouveaux abonnements tout en
continuant de nier l’existence d’une intervention et d’une manipulation sur
les marchés des métaux. Les Bart Chiltons et Gary Genslers doivent à Bill et
Chris 1) leurs plus plates excuses et 2) un gros chèque pour l’argent dont
ils ont privé le GATA et ses membres. Malheureusement, pour ceux qui
chercheraient en ce moment quelle voiture s’acheter dans l’anticipation du
versement imposé à Deutsche Bank, il vaudrait mieux feuilleter les catalogues
de 2025. D’un point de vue de négoce, en revanche, le règlement de Deutsche
Bank apaisera en partie les pressions exercées sur le prix de l’argent depuis
le mois d’avril 2014, et ne fait que me conforter à l’idée que le ratio or :
argent, aujourd’hui de 76 pour un, se dirige vers 50 pour un et demeure une
immense opportunité d’achat.
Maintenant que les crétins ont
été retirés du jeu et que nous savons que les marchés des métaux précieux
sont sérieusement manipulés, pouvons-nous enfin nous réjouir de l’arrivée de
hausses des prix ? Bien sûr que non, comme nous l’a indiqué le récent versement
de 5,2 milliards de dollars à la SEC par Goldman Sachs, qui n’a débouché sur
1) le renvoi d’aucun membre de la direction de Goldman Sachs et 2) a porté
atteinte aux actionnaires. Notez également qu’aucun membre du directoire de
Goldman Sachs n’a dû verser de dédommagements. Ce sont les actionnaires de la
banque qui ont dû payer les frais. De la même manière, Deutsche Bank a gagné
près de 10% depuis mardi, et aucun membre du directoire de la banque n’a été
personnellement accusé. Le déclin de 20 dollars enregistré aujourd’hui par l’or,
ainsi que la baisse du prix de l’argent d’1,35 dollars, montrent que rien n’a
changé. L’attitude de laisser-faire se poursuit, et les prix des métaux précieux
continuent d’être manipulés avec abandon et impudence.
Grâce à la hausse progressive
des intérêts ouverts sur l’or papier du Crimex, les banques commerciales ont
été en mesure d’atténuer la demande spéculative de cette dernière semaine, et
au vu des pressions exercées aujourd’hui sur les prix, il est fort probable
que le rapport du Commitment of Traders publié demain montre une
détérioration, notamment sur l’or (le CoT sur l’argent pourrait facilement
traduire des améliorations depuis le retournement des plus gros joueurs de la
semaine dernière). Pour l’heure, en revanche, le HUI concerne principalement
l’or, et au vu de la baisse de 20 dollars qui vient d’être enregistrée, j’aimerais
répéter ce que j’ai déjà dit en février : « Je ne suis pas un
baissier, mais ne commettez pas d’erreur - je m’attends à une forte
correction courant mars ou avril qui fera roussir bien des sourcils ».
Dépendamment du chiffre que nous pourrons lire demain, les manipulateurs
pourraient être tentés de donner à l’or un petit « coup de pouce »
qui le fera potentiellement plonger sous les 1.200 dollars avant 9 heures du
matin.
Pour ce qui est des sociétés
minières, il est étonnant que le HUI n’ait enregistré que deux journées de
baisse successives depuis le 19 janvier. De nouvelles hausses l’ont porté
très près de 210, et parce que je me suis montré plus prudent à compter de
170, j’ai laissé passer d’importants profits. En revanche, chaque nouveau
marché haussier majeur doit passer par un écrasement initial des derniers
arrivants et forcer les investisseurs à se retirer. Si la journée de demain
marquait une troisième journée de baisse consécutive, je suppose qu’il
continuera sur sa lancée jusqu’à la mi-juin, et que nous pourrons observer un
grand nombre d’anciens avocats de l’or à la moustache et aux sourcils
roussis.
Demain marquera une journée
intéressante, et devrait nous indiquer dans quelle direction se fera le
prochain mouvement de 50 dollars sur le cours de l’or. Je tire mon chapeau au
Département américain de la justice, qui vient d’obtenir un règlement de la
part d’une banque non-américaine qui n’apporte absolument aucune contribution
aux partis démocrate et républicain, et continue de fermer les yeux sur les
manipulations qui se poursuivent jour et nuit.