Au
fur et à mesure que la crise s’intensifie en Europe et que les
pays touchés sont de plus en plus nombreux – Irlande,
Grèce, Espagne, Portugal et même la France – l’Euro
devient une monnaie risquée ainsi que les actifs
dénommés en Euro. Si bien que les banques européennes
ont de plus en plus de mal à se faire mutuellement confiance et
à se prêter des fonds les unes aux autres. Le gel durable du
marché interbancaire fermerait le robinet des crédits au
secteur privé (entreprises et particuliers) et entraînerait tous
les pays de la zone euro dans une récession durable.
Face
à ce problème, la dernière thérapie de choc a
été proposée par la Fed (la Banque centrale
américaine) afin de rendre le dollar accessible à un coût
très faible et ainsi récréer de la liquidité sur
un marché européen en passe d’en manquer.
Ce
procédé est d’autant plus adapté et efficace que
le dollar est la monnaie de réserve internationale. Il y a d’ailleurs
plus d’échanges effectués dans le monde dans cette
monnaie que dans n’importe quelle autre monnaie (y compris l’Euro).
Ensuite parce que l’Euro, du fait de menaces qui pèsent sur un
certain nombre d’États-membres de la zone euro, n’inspire
plus la même confiance qu’avant.
La
pression sur le dollar a donc été très forte au cours
des derniers mois au point qu’il était devenu difficile de
s’en procurer sur le marché à un coût relativement
faible, notamment via le marché interbancaire ou auprès des fonds
monétaires américains. Une solution aurait
été de faire appel directement à la Banque centrale européenne
pour s’y fournir en dollar mais les banques commerciales qui auraient
procédé de la sorte auraient immédiatement
été stigmatisées. De plus, la BCE ne dispose pas
d’une quantité sans limite de dollars et n’a pas non plus les
moyens d’en imprimer directement.
Ainsi,
afin de répondre au manque de liquidités sur le marché
européen, la Fed en accord avec la BCE et les Banques centrales
d’Angleterre, du Japon, du Canada et de la Banque nationale suisse a
mis au point un procédé par lequel elles peuvent se procurer
des dollars à bas prix.
Cette
dernière a en effet accepté de créer des dollars et
ainsi baisser drastiquement (0.5%) le taux d’intérêt
perçu pour un échange dollars contre euros (ce qu’on
appelle un swap). La BCE, notamment, a ainsi pu mettre à disposition
des banques commerciales du dollar à bon marché (parce que
produit en plus grande quantité).
A
court terme au moins, la manœuvre semble avoir remporté un franc
succès, en particulier parce que l’action concertée des
Banques centrales a envoyé le signal aux marchés qu’elles
étaient prêtes à appuyer sur la
pédale de la création monétaire si nécessaire.
Cela a suscité un véritable « rally »
sur les marchés financiers qui voyaient le Dow Jones bondir de 4,23%
le 30 novembre dernier et le CAC 40 grimper de 3%. L’Euro regagnait
ainsi quelques points aux dépens du dollar (rendu moins cher par la
politique de la Fed) et in fine la confiance semblait revenir au sein de la
zone euro.
Les
festivités risquent cependant d’être de courte
durée. On peut déjà noter des tensions très
fortes sur les marchés. En effet, si à court terme
l’action des Banques centrales a pu redonner un brin de confiance aux
investisseurs et a permis d’accroître la liquidité au sein
de la zone, cette opération n’a en aucun cas résolu les
problèmes structurels des différents pays membres.
Au
contraire, le recours à la création de nouveaux dollars pour
alimenter le marché européen suscitera des pressions à
la hausse des prix et la question de la solvabilité de pays comme
l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou la France reste entier. Plus
précisément, la valeur des actifs des banques
européennes reste obscure et le danger de faillites en cascade est
loin d’être écarté. En refusant de voir que le
problème de la zone euro n’est pas un problème de
liquidité mais de solvabilité, les pouvoirs publics gagnent
certes un peu de temps à chaque fois mais ne le mettent pas à
profit pour réduire drastiquement les dépenses publiques et déréglementer
en priorité le marché du travail.
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