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Début
octobre 2012, l’Institut économique Molinari,
patronné par Cécile Philippe, a organisé la deuxième
édition de son Université d’automne en économie
autrichienne.
Les
participants ont eu droit à une série de conférences peu
banales dans le paysage intellectuel français où
l’économiste, certes Prix Nobel, Joseph Stiglitz, a
été inlassablement cité
pour avoir dénoncé l’absence de régulation du
système financier alors que le problème est beaucoup plus
profond.
En cela,
l’école autrichienne d’économie propose une analyse
originale des crises économiques. En effet, comme d’autres auteurs,
les « autrichiens » pensent que les banques
privées ont profité du système mais le remède
proposé n’est pas le même : beaucoup
d’économistes appellent à un contrôle
renforcé de l’État sur les banques.
En revanche,
pour les économistes autrichiens, la déréglementation
mise en œuvre par Reagan est un mythe.
Il y a bien eu un assouplissement mais pas particulièrement dans le
domaine bancaire. De plus, si les banques privées ont pu profiter du
système, c’est plus grâce à la politique
monétaire laxiste des banques centrales, notamment celle de la Banque
centrale européenne. Mais la FED n’est pas en reste
puisqu’elle a baissé
son principal taux directeur de près de 5% à 1% entre 1999 et
2003. En cela, n’en déplaise à nombre d’experts, la
crise actuelle était inéluctable. Les héritiers de
Ludwig von Mises, qui avait alerté, en son
temps, les banques centrales sur les risques de manipulations
monétaires incontrôlées, l’avaient expliquée.
Par exemple, le représentant au Congrès américain, Ron
Paul, qui adhère aux théories autrichiennes, était de
ceux-là.
Beaucoup
d’institutions financières privées jouent ainsi un jeu
particulièrement pervers : elles empruntent à bas taux
à la BCE avant de prêter aux États qui pratiquent des
taux supérieurs. Ce « capitalisme de connivence »
est puissamment dénoncé par les autrichiens. Il n’est pas
anodin que le Représentant, Ron Paul,
« autrichien » revendiqué, fasse partie de la
minorité ayant voté contre le Plan Paulson
qui visait à sauver les banques d’investissement. Il estimait,
à très juste titre, que ce plan allait desservir plus encore
les intérêts des classes moyennes et des pauvres au profit des
institutions financières qui ont déjà suffisamment
profité du système.
Par ailleurs,
l’école autrichienne ne se contente pas de critiquer le
système bancaire en vogue au cours du XXe siècle et
du début du XXIe siècle : certains autrichiens prônent
le retour à l’étalon-or. Pour eux, la monnaie doit ainsi conserver
un lien avec une marchandise et celle-ci ne peut être que l’or.
Dans ce système,
toute émission de monnaie se fait avec une contrepartie et une
garantie d’échange en or. Les parités de deux monnaies
différentes sont fixées par rapport à l’or.
Le retour
à l’étalon-or n’a d’ailleurs rien
d’utopique : pendant des millénaires,
l’étalon-or a été la norme avant
d’être progressivement abandonné au cours du XXe siècle.
Il permettait de discipliner les politiques, astreints à de
sévères mais justes limites à leurs décisions arbitraires.
L’expansion du crédit facile et des dépenses
publiques était mieux contrôlée. Dès lors, les
hauts niveaux d’inflation que nous connaissons depuis un siècle étaient
évités. Les monnaies étaient ainsi beaucoup plus stables à
long terme et ne donnaient pas lieu à une spéculation indue.
Toutes ces raisons font que, malheureusement, il y a peu de chances que ce
système soit restauré à court terme…
Le banquier
suisse, Ferdinand Lips allait encore plus loin et
proposait une thèse digne d’intérêt : selon
lui, c’était la mise au pas de l’étalon-or qui avait
fait durer, outre-mesure, la Première Guerre mondiale. Avec
l’étalon-or, tous les États auraient rapidement
été ruinés et auraient trouvé un arrangement
amiable plus rapidement, évitant ainsi toutes les tragédies
humaines que l’Europe a connues.
Aujourd’hui
encore, l’Occident se permet le luxe de se lancer à
répétition dans des conflits du fait de l’absence de
freins conséquente à l’abandon de
l’étalon-or.
Petit à
petit, les outils théoriques de cette école sont même
repris par des journalistes. Philippe Riès
en est un bon exemple, lui qui cite souvent Ludwig von
Mises dans ses billets économiques.
Il qualifie,
lui aussi, les taux bas de « drogue ». Une drogue à
laquelle le Japon est particulièrement dépendant. Une drogue
qui amoindrit l’incitation à réellement réduire la
dette.
Riès répond, en outre, à tous
ceux qui pensent naïvement que la solution réside dans un
contrôle étatique accentué des banques, que c’est
une illusion. La réglementation existe et est déjà
abondante. Le monde ne pourra sortir de la crise qu’en revenant à
une monnaie bien gérée et, pour ce faire, il n’est
sûrement pas inutile de repenser à l’étalon-or.
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