Aujourd’hui, on nous annonce la mort de David Rockefeller qui est à l’origine du groupe des bildebergers et de la commission trilatérale. On peut dire : adieu pourriture ! Non pas que je sois anticapitaliste ou anarchiste mais parce qu’il représente ce que les américains appellent le crony capitalisme ou capitalisme de connivence, un faux capitalisme. En fait, je suis un conservateur farouchement antisocialiste qui croit en la théorie économique, au retour à une monnaie saine, une monnaie or.
La mise en place de la commission trilatérale s’est faite dans un contexte de guerre froide où plusieurs pays anciennement colonisés, producteurs de ressources naturelles et non alignés manifestaient des volontés protectionnistes. La trilatérale avait, entre autre, pour objectif de défendre la doctrine de libéralisation des marchés mondiaux adopté suite à la seconde guerre mondiale, en accord avec la doctrine Truman, qui proposait une intégration progressive et féconde des marchés, gage de prospérité et de paix.
Grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale, deux tendances idéologiques se sont manifestée dans les milieux conservateurs américains :
1- Le néomercantilisme : cette doctrine propose, sans être vraiment interventionniste, de favoriser la richesse nationale des USA, en protégeant ses productions locales de la concurrence extérieure, tout en favorisant agressivement les exportations et l’industrialisation. Les promoteurs du néomercantilisme jugeaient la situation favorable à une domination où les USA imposent au reste du monde des conditions qui leur sont clairement favorables : la rançon du vainqueur! Cette doctrine eue peu de succès étant donné la crainte que plusieurs pays puissent éprouver face à une telle domination, certains seraient tentés de se tourner vers le bloc soviétique.
2- Le système Breton-Woods avec des règlements via des institutions internationales et avec la domination du dollar, la libéralisation des marchés avec les accords du GATT, ce qui faisait des américains les banquiers du monde.
L’une des faiblesses du système Bretton-Wood est qu’il plaçait les USA en déficit de balance des paiements de façon permanente comme le paradoxe de Triffin l’a démontré dans les années 1960.
http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-l-ignorance-de-trump.aspx?article=10207963928H11690&redirect=false&contributor=Hugo+Salinas+Price.
Le paradoxe ou le dilemme de Triffin a ravivé l’idée du néomercantilisme chez certains économistes.
L’arrivé de Donald Trump au pouvoir marque la fin de l’ancienne doctrine pour la mise en place du néomercantilisme dont certains proches de l’entourage du nouveau président sont adeptes : Lightizer par exemple (qui était déjà dans l’administration Reagan) ou de Peter Navarro, l’économiste anti-chinois favori de Trump ont pour livre de chevet l’ouvrage de l’Ecole de Chicago de 1948, « Etude sur la théorie du commerce international », par Jacob Viner. Dans ce livre, Viner remet au gout du jour deux théories économiques perdues au fond des librairies de la pensée économique : le mercantilisme et le bullionisme.Il faut bien comprendre que le terme bullionisme ne désigne pas une monnaie or mais le dollar fiduciaire actuel.
En fait, Trump veut faire des Etats-Unis, vivant aujourd’hui sur le dos de l’épargne du reste du monde, un pays indépendant financièrement et même exportateur de capitaux, à même de racheter le monde. Pourtant on peut se demander quel est le pays le plus puissant : celui qui vit en permanence grâce au travail des autres, comme le font les Etats-Unis depuis des décennies, ou celui qui épargne pour les autres?
Enfin, il faut rappeler que tous ces choix servent une stratégie de puissance politique, comme le souligne sa décision d’augmenter le budget militaire de 10 %, dans un pays où elles sont déjà les plus élevées au monde (plus de 3 % du PIB).
Personnellement, je n’aime pas l’idée que la France se voit imposer des barrières tarifaires aux USA (déjà que nous sommes en déficit commercial avec eux) et que Trump nous impose ses règles et ses produits. Si l’arrivé de Trump marque la fin mondialisme selon les accords qui ont suivi la seconde guerre mondiale, cela pourrait s’avérer une victoire à la Pyrrhus.
Dans ce contexte, on peut se demander s’il n’y a pas d’alternative à l’Europe dysfonctionnelle actuelle pour faire face à la situation, celle dont De gaulle avait une certaine idée:
« Quand nous l'aurons fait, nous ne l'aurons pas fait pour nous seuls, nous l'aurons fait aussi pour d'autres, s'ils veulent venir avec les Six pour utiliser ce lieu de réunion. Et - qui sait ? -quand nous aurons abouti, peut-être aurons-nous pris goût à bâtir de tels monuments. Et peut-être voudrons-nous alors, et pourrons-nous alors, construire une cathédrale encore plus grande et encore plus belle, je veux dire l'union de l'Europe tout entière. » (Le 11 juin 1965, à Bonn)
Malheureusement, la campagne présidentielle actuelle nous montre le vide abyssale, le manque de vision et d'idées de nos politiciens.