Sans
désendettement, pas de sortie de crise ! Même si la condition
n’est pas suffisante, elle est nécessaire. Mais les dirigeants
européens continuent de se prendre les pieds dans le tapis à ce
sujet, et leurs collègues américains, britanniques et japonais
sont finalement logés à la même enseigne.
George
Osborne, le chancelier de l’échiquier britannique, vient fort
à propos de déclarer que « réduire la dette
britannique et nous remettre de la crise financière va prendre
manifestement plus de temps que ce que nous avions espéré
» et Mariano Rajoy, qu’il sera «
très compliqué » de respecter l’objectif de
déficit public assigné à l’Espagne, bien
qu’il ait été réduit. Angela Merkel
apporte même sa contribution, en déclarant qu’il sera
possible d’étudier une restructuration en bonne et due forme de
la dette grecque, une fois toutefois que le budget de l’État
aura atteint l’équilibre, c’est à dire
qu’elle pourra être stabilisée.
Des
États-Unis et du Japon viennent des signaux convergents. Au Japon, un
changement de majorité et le retour au pouvoir du Parti
libéral-démocrate (droite) est attendu des prochaines
élections législatives du 16 décembre, après une
campagne électorale qui porte notamment sur la mission et
l’indépendance de la banque centrale, la Banque du Japon (BoJ). Shinzo Abe, le probable
futur premier ministre, prétend prendre à bras le corps la
déflation, en faisant de la BoJ son bras
armé, afin de lui assigner un programme massif de création
monétaire avec un objectif d’inflation de 2 à 3%.
A
l’origine se trouve la surévaluation du yen, résultat de
la sous-évaluation du dollar. Elle a a
permis d’acquérir à l’étranger des
capacités de production, tandis que la déflation a eu comme
conséquence de baisser les prix au bénéfice des
consommateurs. Mais l’énorme endettement public japonais atteint
ses limites tandis que les performances à l’exportation
diminuent et que la démographie n’est pas favorable. Seule
solution, estime-t-on : relancer l’inflation
pour faire baisser la valeur du yen et relancer l’économie,
quitte à prendre le risque de déstabiliser les banques
japonaises détentrices de la dette du pays grâce au financement
de la BoJ.
Les
Américains sont comme chacun sait à la recherche de leur propre
recette, tout en préconisant aux Européens de lâcher la
bride des mesures de rigueur pour éviter l’approfondissement de
la récession qui fait obstacle au désendettement.
Eux-mêmes ne parviennent pas à adopter les mesures
nécessaires, qui associent des augmentations d’impôts et
des réductions budgétaires. Ils doivent d’abord
éviter de tomber du « mur budgétaire » d’ici
au 31 décembre prochain, si toutefois ils y parviennent, en repoussant
les échéances d’une manière ou d’une autre,
mais ils se retrouveront ensuite, eux également, devant
l’abîme de leur dette et les problèmes liés
à son financement. A l’instar de la BoJ,
mais directement en ce qui la concerne, la Fed finance désormais une
part importante de celle-ci (60%) par la création monétaire,
dans un contexte de trop faible inflation, où la croissance est
fragile et pourrait être vite mise en question.
Enfin,
réduite à une politique de quasi création
monétaire conditionnée à la signature préalable
de nouveaux plans de sauvetage – en vertu d’une
stratégie qui ne fonctionne pas – la BCE apparait bien
isolée.
A
aucun égard, le système ne donne l’impression
d’être capable de se réformer, tout juste de rester le nez
hors de l’eau par le biais des banques centrales.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre,
Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
Un «
article presslib’ » est libre de
reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le
présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’
» qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos
contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait
aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut
s’exprimer ici.
|