Beaucoup
d’attention a récemment été portée sur la
disparition de la classe moyenne aux Etats-Unis, ainsi que sur la fin du
rêve Américain. Alors que les études ayant
été faites à ce sujet sont pour la plupart
pointilleuses, elles n’en prêtent pas moins à confusion.
Le modèle traditionnel des trois classes – haute, moyenne et
inférieure - répertorie les citoyens d’une nation selon
leurs revenus nets. L’un des problèmes majeurs de ce
modèle est que le sentiment d’appartenance à une classe
plutôt qu’à une autre est une affaire personnelle. Le tas de ferraille
d’un homme peut être l’opulence d’un autre. Cette
appartenance subjective, au même titre que cette évaluation
arbitraire des frontières entre les classes, entraîne peu
à peu l’apparition d’une guerre entre les classes dans de
nombreux pays Occidentaux. Une telle représentation est ainsi sans
aucune valeur, sinon décevante, puisqu’elle réunit en une
même catégorie différents acteurs qui n’ont pas le
sentiment d’appartenir à une même classe.
Le
défaut principal de ce modèle réside en le fait
qu’il se concentre sur les revenus des citoyens plutôt que
d’étudier la provenance de ces revenus. Une meilleure
perspective serait sûrement d’observer les deux classes
dominantes que sont la classe politique et la classe économique, ainsi
que la troisième classe émergeante.
Le
boucher, le boulanger, et le fabricant de bougies – la classe
économique
La
classe économique, du moins pour ce qui concerne les Etats-Unis,
représente historiquement le groupe dominant, bien que ces
dernières décennies, cette dominance ait
considérablement diminué. La classe économique est
traditionnellement surnommée ‘secteur privé’, mais
même ce terme est devenu trompeur pour les raisons que nous
développerons plus loin.
Les
membres de la classe économique fournissent des biens et services
recherchés par les consommateurs et payés à des prix que
le marché est en mesure de supporter. La classe économique compte
dans ses rangs des fermiers, des ingénieurs, des mineurs, des
artistes, des physiciens, des concierges, des gardes de
sécurité, des marchands et des cadres. Ils participent
librement et compétitivement au marché libre grâce
à l’utilisation des principes économiques de la division
du travail et de la loi de l’avantage comparatif afin d’augmenter
la richesse d’une société aussi bien que la leur. Les
ressources humaines, de capital et entrepreneuriales collaborent dans le but
de satisfaire aux besoins des marchés. Ce sont là des
règles économiques standards qui, je l’espère,
seront comprises de mes lecteurs. Le facteur qui définit au mieux la
classe économique n’est pas la quantité de monnaie
qu’elle gagne, mais plutôt sa participation au marché
libre.
Le
fainéant voleur de grand chemin – la classe politique
Tous
comme les membres de la classe économique, ceux de la classe politique
ne sont pas à proprement parler définis par leurs revenus, mais
par leur influence sur le marché. Alors que les membres de la classe
économique s’engagent ouvertement et volontairement sur le
marché, les membres de la classe politique emploient la contrainte et
la tromperie pour atteindre leurs objectifs politiques. Cette contrainte et
cette tromperie peuvent être exercées directement ou par le
biais d’intermédiaires. Les membres les plus évidents de
la classe politique sont, quelle surprise, les politiciens. Ce groupe inclue
les individus élus à quelque échelon du gouvernement que
ce soit, ainsi que les nombreux officiels nommés par le gouvernement.
Il
existe un deuxième groupe distinct appartenant cette classe politique, qui comprend
les lobbyistes, les démarcheurs d’influence, et autres
solliciteurs du gouvernement. Ces créatures servent de représentants
pour un troisième groupe distinct, composé d’un patchwork
d’entités commerciales ayant appris qu’employer un homme
aux connections politiques haut-placées remplace la
nécessité de créer une organisation commerciale
efficiente, voire même dans certains cas le besoin de création
d’un produit désirable.
De
plus, il est bien connu que les membres de la classe politique migrent
couramment d'un groupe à un autre. La conséquence malheureuse
de cette possibilité pour un acteur économique de passer
d’un groupe à un autre est que le mérite n’est plus
le facteur le plus important. De ce fait, aucune industrie ne concentre plus
sur autre chose que sur la recherche de profit par le lobbying. Depuis le
complexe militaro-industriel jusqu’aux subsidides
agricoles, en passant par le système bancaire corrompu, la classe
politique s’attribue inexorablement une part croissante de
l’activité économique.
L'inefficacité
des subventions, la destruction intentionnelle de biens de production et la
confiscation de propriété sont certaines des
conséquences d’un recours à la force par la classe
politique en vue de servir ceux
qui sont ‘plus égaux que les autres’. Cet arrangement peut
être décrit par le fait que l’activité
économique de la classe économique place le pouvoir de
négociations entre les mains de l’acheteur alors que
l’activité économique de la classe politique place le
pouvoir de négociations entre les mains du vendeur. Cela
entraîne de graves perturbations au sein du système
d’échange de biens et services, ainsi que de mauvaises
allocations de capital parce que les entreprises ajustent leur
pratiques aux volontés de la classe politique plutôt
qu’à la loi de l’offre. D’année en
année, l’intrusion de la classe politique dans la sphère
économique grandit à tel point que les marchés libres deviennent
l’exception plutôt que la norme.
Parce
que la classe économique opère dans le domaine de
l’échange volontaire, et que la classe politique emploie la
force pour parvenir à ses objectifs, qui pour la plupart sont aux
antipodes de ceux de la classe économique, des quantités de
ressources significatives doivent être dédiées par la
classe politique à l’achèvement de ses objectifs. Ce
rôle a traditionnellement été placé entre les
mains du secteur militaire et des organisations judiciaires, ainsi que de nombreux
départements et agences de régulation.
Depuis
le rôle des militaires qu’est la protection des
intérêts de la classe politique, jusqu’à celui du fisc
qui est de permettre au Trésor de remplir ses coffres, en passant par
le rôle de la sécurité sociale, de la police dont l’objectif
est de maintenir un certain niveau de peur parmi la populace, le niveau de
contrôle dont la classe politique a besoin pour maintenir et
étendre sa captation de ressources productives est stupéfiante.
Du fait de la croissance de la classe politique, l’étendue de la
branche chargée de faire appliquer la loi s’est également
accrue.
Paradoxalement,
pour des raisons que nous verrons brièvement plus loin,
l’allégeance de cette branche chargée de faire appliquer
la loi ne va ni à la
classe politique qu’elle sert, ni à la classe économique
qu’elle ‘asservit’. Au fil du temps, sa sphère
d’influence augmente jusqu’à ce qu’elle devienne une
caste à part entière.
Cette
branche représente la caste prétorienne.
A suivre…
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