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Où en est l’UE?
Une monnaie unique européenne non viable en voie de
désintégration, une montagne de dettes publiques
(étatiques) et privées (bancaires) non remboursables, une
croissance économique proche de zéro en voie de retomber en
récession, un chômage de masse à des niveaux rarement
atteints, une désunion politique sur presque tous les sujets (en
particulier de politique étrangère) et, pour finir, un
échec démocratique puisque l’on empêche les peuples
de voter sur leur choix de rester dans la zone euro ou d’en sortir,
comme la Grèce vient d’en faire la malheureuse
expérience, alors qu’il faudrait organiser dans tous pays
européens des referendums pour enfin donner la parole aux
intéressés. Les dirigeants actuels (au premier chef
desquels Merkel et Sarkozy qui font semblant chaque
jour de “sauver” l’UE quand ce n’est pas le monde
entier mais sont en réalité incapables d’anticipation
stratégique -tant pour leurs pays que pour l’UE- tout en
traitant leurs pairs chefs de gouvernement avec un incroyable mépris) n’échapperont
pas à leur désastreux bilan et seront tous balayés lors
des prochaines élections nationales de 2012 et de 2013 dans presque
tous les Etats européens. En attendant, les combinaisons
politiciennes sans fin se poursuivront, les peuples souffriront plus encore
et des situations pré-révolutionnaires
quasi-insurrectionnelles se produiront. Bref, l’UE est devenue un
trou noir dont à l’évidence il ne peut plus rien sortir
de positif, alors que son potentiel reste grand si elle se défaisait
enfin de l’euro et procédait à sa refondation
démocratique (pas dans le sens du fédéralisme mais
dans celui de la restauration des capacités des États-Nations,
lesquels demeurent les seuls creusets de toute expression démocratique
et les meilleurs acteurs de la défense de leurs peuples à la
condition que leurs dirigeants aient le courage de le vouloir). L’Europe
ne subsistera pas sans l’adhésion de ses peuples ni contre eux.
On rappellera ici que les Français ont voté par deux fois
“non” à la construction européenne actuelle (contre
le traité de Maastricht et contre le traité constitutionnel
européen), ce qui n’a pas empêché leurs dirigeants
(Sarkozy entre autres) de ne pas tenir compte de leurs décisions.
Quant à aller
“faire la manche”, pour constituer un FESF quelque peu
conséquent capable de racheter une partie des dettes
européennes (ce que la BCE n’a pas le droit ni les moyens de
faire puisqu’elle n’est pas un préteur de dernier ressort
comme peut l’être la Federal Reserve),
auprès de la Chine, du Brésil, de la Russie et d’autres,
comme la zone euro l’a déjà fait auprès du FMI, il
n’en sortira -pour autant qu’ils acceptent ce qui est loin
d’être certain- que plus d’endettement à rembourser un
jour à ces Etats et au FMI tout en se mettant sous leur
dépendance, ce qui exigera de nouveaux abandons
politico-économiques au moment où il faudrait résister
à certaines dérives de la mondialisation (comme les
dévaluations compétitives qui faussent les échanges commerciaux).
Cela dit, les USA, artificiellement dopés aux amphétamines
monétaires, ne vont pas beaucoup mieux et Obama, qui a trahi ses
électeurs, est lui aussi dépassé par les
évènements. C’est tout l’Occident qui est en
situation de faillite pour avoir mené et continué de le faire
les politiques dirigistes et keynésiennes les plus absurdes.
Au même moment, avec le
“printemps arabe” qui devient un “automne islamiste”
puisque la charia est rétablie dans la Libye
“libérée” et que les Islamistes ont gagné
les élections tunisiennes avant d’en faire bientôt de
même en Égypte, les vives tensions entre Israël et la
Palestine que l’on persiste à ne pas reconnaitre
internationalement, la guerre civile en Syrie, le départ des troupes
US d’Irak d’ici la fin d’année qui laisseront
derrière elles le chaos, les Talibans qui sont en train de vaincre en
Afghanistan et maintenant le risque d’une escalade
supplémentaire entre Israël et l’Iran, la situation de
tension en Afrique du Nord, au Moyen et Proche Orient s’aggrave, ce
qui explique en partie la hausse de l’or, de
l’argent-métal et du pétrole ces jours derniers.
Au plan des marchés, il
y a lieu, selon nous, de rester long or et argent-métal comme sur les
principales matières premières (pétrole, cuivre, par
exemple) jusque dans les premiers mois de 2012, de garder ses actifs liquides
principalement en francs suisses comme de s’abstenir pour le moment de
spéculer -que ce soit à la hausse ou à la baisse- sur
les marchés d’actions, d’obligations et des monnaies, sauf
pour de très courts allers-retours puisque
la visibilité est bouchée, ce qui peut provoquer aussi
bien leurs reprises (traditionnels rallies de fin d’année sur
les actions par exemple) que leurs rechutes dans une extrême
volatilité au gré de soubresauts politiques
imprévisibles. On verra un peu plus tard si la situation se
décante et que des tendances claires se dessinent. Toutefois, nous
pensons que le dollar US devrait se stabiliser puis progressivement
rebaisser, pour la double raison de la récente ouverture de Bernanke à de nouveaux stimuli monétaires
que la Federal Reserve pourrait mettre en place
comme de l’arrivée de Draghi à
la tête de la BCE -un ex Goldman Sachs donc un manipulateur qui
essayera d’aider les banques et qui sera plus laxiste que Trichet sans
pouvoir aller bien loin au début de son mandat pour ne pas heurter
l’Allemagne-, ce qui est globalement négatif pour la
stabilité monétaire internationale et l’inflation
à venir mais positif pour les marchés financiers dans leur
ensemble qui n’ont de vision qu’à très court terme
et veulent toujours plus de liquidité gratuite.
Le G20 de Cannes a
évidemment échoué à décider quoi que soit
pour sortir l’économie occidentale de l’ornière. La seule proposition
éculée qu’il a faite (d’ailleurs refusée par
la majorité de ses participants), consistant à faire
émettre plus de DTS par le FMI -une fausse monnaie qui ne sert
qu’à créer de la liquidité artificielle ex
nihilo-, est contreproductive. Ce qu’il fallait décider,
c’était la revalorisation au prix actuel du marché (1.760
USD l’once) des stocks d’or des banques centrales et du FMI, ce
qui aurait produit une liquidité supplémentaire de
qualité réelle au lieu de faire appel à la
“planche à billets” du FMI. La même solution de
revalorisation des stocks d’or au niveau européen, qui seraient
placés par les Etats et banques centrales auprès d’une
structure intergouvernementale ad hoc créée pour
l’occasion, permettrait aussi de se passer du FESF en faisant acheter
par ladite structure les dettes publiques puisque la BCE ne peut pas le
faire. Bref, il n’y a aucune raison d’être optimiste parce
que la plupart des politiciens occidentaux sont incapables de faire preuve
d’imagination et que la crédibilité internationale du
tandem “Merkozy”, qui décide de
tout sans consulter personne, est quasi nulle.
Le dollar US est en voie de
stabilisation avant sa rechute probable vers 72-73 sur le
USD Index et pourrait même casser à la baisse ce support
historique. Puisque la désintégration progressive de
l’euro, évidente lorsque l’on constate la hausse non
maitrisable des taux d’intérêt sur les obligations
d’Etat et les CDS européens -des PIIGS surtout-,
n’entrainera pas nécessairement sa chute à court terme
sur les marchés des changes en raison de toutes les manipulations dont
il fait l’objet pour le soutenir. C’est plus tard, en 2012,
qu’il y a une forte probabilité d’implosion de
l’euro et de son effondrement sur le marché des changes, avec la
perte du triple A par la France et les élections un peu partout en
Europe, associées à des mouvements sociaux voire
révolutionnaires (un “printemps européen”?) avec
rejet de l’austérité et chômage encore plus massif
devenu insupportable…
L’or
peut aisément remonter vers 1.921 USD l’once et même
casser cette résistance à la hausse dans les deux mois qui
viennent.
Pierre
Leconte
Article originellement
publié ici
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