Extrait de [Study Guide to Human Action (2008)]
1.
La guerre totale
L’économie
de marché implique une coopération pacifique. La division du
travail ne peut pas fonctionner de manière effective en temps de
guerre. Les guerres entre tribus primitives ne souffraient pas de cet
inconvénient dans la mesure où les partis engagés dans
la guerre ne pratiquaient pas d’échanges commerciaux avant
l’éclatement des hostilités. Ainsi, ces tribus
étaient engagées en une guerre totale.
Les
choses allaient différemment en Europe (avant la Révolution
Française) lorsque les circonstances militaires, financières et
politiques entraînaient des guerres que nous appelons limitées.
Ces guerres étaient principalement menées par de petites
armées de soldats professionnels et n’impliquaient
généralement pas d’hommes qui ne soient pas des soldats.
Dans ce contexte, les philosophes conclurent que, puisque les citoyens
avaient souffert de la guerre, il fallait éliminer cette
dernière en détrônant les despotes. La propagation de la
démocratie était pour beaucoup synonyme de paix
éternelle.
Ce que
ces penseurs avaient omis était que seule la démocratie
LIBERALE pourrait permettre au maintien de la paix. Au cours de
l’époque moderne, les Etats sont entrés en guerre les uns
avec les autres, dans la mesure où l’interventionnisme et la
centralisation entraînaient des conflits entre les citoyens de nations
rivales. Sous le libéralisme classique, les frontières
politiques sont insignifiantes ; la liberté
d’échange et de mobilité signifient que le niveau de vie
d’une personne n’est pas affecté par l’expansion
territoriale.
Les
traitées et organisations internationales ne peuvent garantir la paix.
Seule une adoption des politiques libérales permettra à mettre
fin aux guerres dans le monde.
2. La guerre et
l’économie de marché
On
retrouve souvent l’idée qu’une économie de
marché doit être tolérée en temps de paix, mais
qu’en cas d’urgence – comme par exemple en temps de guerre
-, le gouvernement doit prendre le contrôle de la production. En temps
de guerre, les ressources qui sont généralement dirigées
vers les biens de consommation doivent être redirigées vers le
domaine militaire, et la consommation privée doit diminuer.
Les
entrepreneurs peuvent effectuer ce changement de manière efficace
s’ils sont en mesure de tirer profit de cette nouvelle forme de
demande. Que le gouvernement lève des taxes plus élevées,
augmente ses emprunts ou encore l’inflation, les citoyens finissent
toujours par avoir moins de pouvoir d’achat, et leur consommation
réduite libère les ressources qui seront ensuite
redirigées vers la production de l’effort de guerre.
Aux
Etats-Unis, au cours de la seconde guerre mondiale, ce processus a
été court-circuité
dans la mesure où le gouvernement se reposait sur
l’idée que les revenus réels des travailleurs ne
devraient pas diminuer, pas même en temps de guerre. En
conséquence, le gouvernement ne désirait pas lever plus de
taxes et imposa un contrôle des prix afin de prévenir les
‘profits de guerre’. La seule solution qui s’offrait au
gouvernement Américain était alors d’intervenir sur le
marché en imposant divers contrôles destinés à
assurer un flux adéquat de ressources vers l’industrie de la
guerre.
Les
guerres modernes se gagnent à l’aide de matériel. Les
nations capitalistes viennent à bout de leurs rivaux socialistes dans
la mesure où les entrepreneurs privés sont plus efficaces quand
il en vient à produire à la chaîne, que ce soit des biens
de consommation ou des armes. Mais encore une fois, la guerre et
l’économie de marché sont incompatibles, dans la mesure
où le marché repose sur des coopérations pacifiques.
3. La
guerre et l’autarcie
Si un
tailleur et un boulanger combattent l’un contre l’autre, alors il
est certain que le boulanger puisse survivre sans costume, mais moins certain
que le tailleur puisse survivre sans pain. L’Allemagne a perdu les deux
guerres mondiales dans la mesure où elle n’a pas pu bloquer la
Grande-Bretagne ni maintenir ses propres lignes maritimes.
Les
militaires Allemands étaient conscients de leur
vulnérabilité, et ressentaient donc le besoin d’organiser
une autarcie centralisée. Ils ont placé leurs espoirs en les
Ersatz, les substituts, les remplacements de qualité moindre ou
à coût plus élevé plutôt qu’en ce que
le marché aurait pu leur permettre d’importer de
l’étranger. L’infériorité des Ersatz
n’est pas une relique capitaliste. Les soldats pauvrement équipés
ne peuvent que perdre face à des soldats possédant des armes
avancées, et des coûts de production plus élevés
signifiaient que moins de biens pouvaient être produits grâce aux
ressources disponibles.
4. La
futilité de la guerre
L’interventionnisme
génère le nationalisme économique, qui lui
génère la belligérance. Cette tendance est consistante.
Seules les politiques de laisser-faire peuvent permettre d’installer la
paix.
Pourquoi
c’est important
Dans ce
court article, Mises déploie ses talents d’économistes
mais également d’historien militaire. Contrairement à ce
que l’on pourrait penser, les contrôles gouvernementaux
n’améliorent pas les prouesses militaires d’un pays. Les
entrepreneurs sont plus efficaces que les politiques, qu’il faille
produire des télévisions ou bien des chars.
Sur le
long terme, cependant, l’économie de marché repose sur la
division du travail, qui requiert une coopération pacifique.
L’avancement de la guerre totale à l’époque moderne
est dû à l’interventionnisme et à
l’idolâtrie de la nation.
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