Tous les Américains d’un
certain âge se souviennent certainement avoir fait du roller en salle (je ne
sais pas si cette mode est aussi devenue populaire ailleurs). C’est une
industrie qui a explosé dans les années 1970, à l’époque disco. Mais au
milieu des années 1980, l’engouement était déjà en déclin. Imaginez avoir été
le propriétaire d’une compagnie de salles de roller alors que la mode
disparaissait. Vous auriez su qu’elle n’allait pas perdurer longtemps. Qu’auriez-vous
décidé de faire ?
Vous l’auriez traite
jusqu’à la dernière goutte.
Vous n’auriez pas
dépensé un centime en amélioration d’immobilisation et en maintenance, et
auriez réduit vos coûts d’opération. Sans rendements du capital investi, vous
auriez coupé la viande aussi près de l’os que possible. Quand une entreprise
n’a pas d’avenir, elle passe en mode liquidation.
Votre salle de roller aurait
généré des flux monétaires, mais ils n’ont rien à voir avec des profits. Ils
sont simplement la conversion de capital accumulé en revenus actuels. Vous auriez
consommé du capital, et presque littéralement mangé votre entreprise.
J’ai déjà utilisé l’exemple
de la ferme familiale pour peindre une image claire de la consommation de
capital. Imaginez que vous utilisiez votre ferme familiale non pas pour faire
pousser des légumes, mais en tant que propriété à vendre. Vous arrachez la
grande et vendez les planches de chêne en tant que parquet, vous mettez 40
acres de terres aux enchères, enregistrez votre tracteur sur Craigslist, et
vendez en dernier lieu votre ferme et votre maison. Et vous achetez les
produits que vous ne pouvez plus cultiver.
Réfléchissez-y un
instant. Les rendements de votre terre ne peuvent plus vous nourrir, mais
vous avez toujours besoin de manger. Vous liquidez votre ferme pour pouvoir
faire les courses.
La pensée
conventionnelle vous encourage à être satisfait du pouvoir d’achat de votre
ferme, que vous pouvez échanger contre de grosses quantités de nourriture.
Bien qu’il soit vrai que sa vente puisse vous permettre de manger des années
durant, vous avez perdu ce qui aurait pu vous apporter un revenu constant.
Le roller n’était qu’une
mode passagère. Seuls les propriétaires de salles de roller ont été affectés
par son passage dans l’oubli. Mais nous serions tous en difficultés si le même
phénomène se développait sur le secteur de l’agriculture. Et malheureusement,
il l’a fait. Et il ne se fait pas seulement ressentir dans les fermes, mais
au travers de l’économie. Les retours sur capital disparaissent peu à peu. Les
intérêts sont partis rejoindre les coupes de cheveux bouffantes et la musique
disco.
Les entreprises
empruntent pour accroître leur production. La production traditionnelle fait
gonfler les profits. Une portion de ce profit paie les intérêts. Le problème
est que de moins en moins d’entreprises ont l’opportunité de s’élargir. Si
elles pouvaient le faire, elles n’emprunteraient pas agressivement aux taux
actuels. Leurs emprunts feraient grimper les intérêts. Mais ils ne le font
pas, et c’est là la preuve que les intérêts n’ont cessé de chuter depuis
trente ans.
La Réserve fédérale
injecte désormais d’énormes quantités de crédit sur le marché, alors que la
demande de crédit productif reste léthargique. L’emprunt – dont une majorité
a des fins financières telles que le rachat d’actions et les acquisitions –
dépend de la Fed et de ses taux d’intérêt maintenus artificiellement bas.
La Fed opère dans l’idée
qu’une baisse des taux d’intérêt stimule l’économie, bien qu’elle fasse
grimper les prix. C’est une théorie au mieux douteuse. En revanche, tant que
le pouvoir d’achat reste stable, la Fed poursuivra cette politique. Dans ses
vains efforts de stimuler l’économie, la Fed ne fait que l’étouffer.
Des siècles durant, les
populations occidentales ont accumulé du capital. Ils n’ont pas seulement
subsisté et laissé le monde tel qu’il l’était au départ. Ils ont créé plus qu’ils
n’ont consommé, et transmis de nouvelles richesses à leurs enfants.
La baisse des taux d’intérêt
par la Fed a renversé ce processus. L’économie toute entière est en
liquidation. Les gens sont forcés de consommer leur capital.