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L’économiste est-il un poujadiste ?

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Chroniques en liberté
Published : February 20th, 2013
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Une lecture superficielle du discours économique, cultivée par une certaine pensée radicale qui contamine grandement tous les relais d’opinion, pourrait laisser penser que l’économiste est systématiquement contre les hommes et femmes de l’Etat, prenant ainsi le risque de cultiver les pulsions poujadistes des citoyens et le rejet de la classe politique. Evidemment, une démocratie ne peut pas être dirigée par des militaires (dictature), ni par les syndicats (démocratie populaire). Nous sommes donc d’accord pour dire que nous avons besoins d’hommes et femmes politiques, et donc des partis politiques qui les forment et les font émerger sur la scène politique. Puisqu’il y a une demande, il faut bien une offre politique.

Mais c’est justement parce que nous avons besoin que la démocratie vive et fonctionne, que ce personnel politique doit être compétent, rigoureux et responsable. Il appartient au marché du travail d’organiser la sélection des compétences. Soucieux d’efficacité, bénéfique à tous, l’économiste s’efforce seulement de traquer et de dénoncer l’incompétence, qui, si elle n’est pas détectée pour être corrigée, conduit aux pires dérives et gaspillages, surtout lorsqu’il s’agit des affaires publiques.

Et cette contrainte d’efficacité s’impose à tous en raison même des lois de l’économie. C’est pour cela que nous devons tous rendre des comptes dans notre vie quotidienne, notamment à notre employeur (celui qui nous nourrit en fait).

Un salarié qui ne fournit pas correctement son travail, alors qu’il perçoit régulièrement son salaire, met en difficulté son entreprise et risque à terme un licenciement. Un manager qui conduit son entreprise dans le mur, et mets donc en danger tout son personnel, risque d’être débarqué par ses actionnaires ou faire l’objet d’une OPA qui reprendra le contrôle de l’entreprise mal gérée afin de la redresser.
Un trader fou, qui joue avec l’argent de ses clients, lesquels lui ont fait pourtant confiance, ne peut pas rester impuni. Une école supérieure qui délivre un diplôme, qui ne débouche sur aucun débouché, ne peut pas continuer à fonctionner…

Il en est de même pour les hommes politiques qui sont en charge de la gestion du bien public, qui est notre bien collectif aussi précieux que les autres biens et services privés. Il doit donc être bien géré.
Normalement, dans un Etat de droit fondé sur des institutions démocratiques, les électeurs sanctionnent, par les urnes, les gouvernements jugés incompétents. Et si les gouvernements ne les écoutent pas, ils voteront avec les pieds. Mais, au nom de l’alternance, il ne mène nulle part de remplacer des incompétents par de nouveaux incompétents…

Pourtant, en France, on assiste impuissant, depuis trente ans, à la dérive des comptes publics, qui entraîne une dette dont le financement écrase à petit feu tout le secteur productif.

Alors l’économiste rigoureux a le devoir d’alerter les autorités et l’opinion. L’impôt, comme la dette, ne sont légitimes que dans certaines proportions. C’est toujours une question d’équilibre. Et c’est précisément ce qui est proclamé dans le texte de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et dans l’Esprit des Lois de Montesquieu.

On en est aujourd’hui bien loin. Ainsi, le nouveau directeur de Sciences-Po Paris vient de découvrir que certains professeurs titulaires n’assumaient pas leur service horaire de cours mais touchaient malgré tout l’intégralité de leur traitement. Mais la cour des comptes enfonce le clou : « des primes en hausse de 60%, des rémunérations attribuées sans contrôle, des emprunts dangereux et un Etat qui ferme les yeux » publie Le Mondedans son édition du 9 octobre 2012.

Moi qui croyais que ce genre de plaisanteries était réservé aux universités provinciales…

Foncièrement optimiste, un économiste est évidemment un être naïf. Pourtant, je suis sûr qu’à Science-Po, il doit y avoir d’excellents économistes… Rassurez-moi !
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Docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée et Maître de conférences – HDR - à l'IAE de l'université de Perpignan. Médaille du Bibliographical Institute of Cambridge (London, 2012), il est spécialiste de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et consultant pour l’Organisation Mondiale du Tourisme (Nations-Unies). Il signe des chroniques économiques dans la presse nationale (Les Echos, Le Monde, le Figaro, Economie-Matin) et internationale (l’AGEFI le quotidien suisse des finances, le Boston de Providence aux USA, le Québécois Libre à Montréal). Il anime enfin, depuis plus de 15 ans, un blog à vocation pédagogique, Chroniques en liberté, à l'attention de ses étudiants et du grand public. Ouvrages [1] Les défis économiques de l'information, la numérisation, L'Harmattan, Paris 1996. [2] L’innovation dans l’industrie du tourisme - Enjeux et stratégies. En co-écriture avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris, 2001 [3] L’épopée de l’innovation – Innovation technologique et évolution économique, L’Harmattan, Paris, 2005. [4] L’innovation dans l’industrie du tourisme. Enjeux et stratégie, avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris 2006. [5] Fondements d’économie du tourisme. Acteurs, marchés, stratégies. De Boeck Université, Bruxelles 2007. [6] Le modèle français dans l’impasse, Tatamis Editions, Paris 2013. [7] Histoire thématique et contemporaine des faits économiques, Ellipses, Paris 2015. [8] Analyse de la finance internationale : le grand naufrage, en co-écriture avec Faouzzi Souissi (Trader),The Book Edition, Paris 2019.
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L'exigence d'efficacité est devenu une nécessité absolue, elle vaut pour le monde politique, pour l'État, comme pour tout le monde.

Nous somme loin du temps des trente glorieuses ou la croissance et un peu d'inflation permettaient à l'État et à ses dirigeants de ne pas se soucier des dépenses qu'ils engageaient.

Par contre on peut considérer qu'un État n'est pas fort, par ce qu'il coûte cher, mais au contraire par son efficacité ( ce n'est pas un gros mot ) assurant ses fonctions régaliennes ( et de redistribution ) dans un souci permanent que chaque €, soit utilisé au mieux, actuellement l'État allemand est beaucoup plus efficace que l'État ( plus de 10% de PIB de moins, une paille ), je ne pense pas que ceux-ci soit sous gouvernés, ils ont eut le courage de réformer leurs structures et leur fonctionnement et avec un handicap supplémentaire la remise en fonctionnement de l'Allemagne de l'Est.

Quand profiterons nous de la prise de conscience liée à la crise, pour sortir des structures révolutionnaires de 1789, le monde a changé pas nous ( on ne se déplace plus à cheval ). Citoyen élus, quand mettrez-vous dans vos priorités "l'Intérêt Collectif" à la place de vos intérêts particuliers ou de castes.

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L'Allemagne n'est pas capable de financer elle-même son train de vie.
Elle a un besoin structurel de ses 140 milliards annuels d'excédent commercial. L'écart avesc la France correspond à un an de PIB tous les 10 ans.
Quand le monde entier vient continuellemnt passer commande et apporter ses sous, c'est plus facile de réformer avec de l'huile dans les engrenages.
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L'excédent commercial de l'Allemagne lui sert entre autre à acheter de l'or, en plus des matières premières ( hors charbon ) dont comme nous elle manque cruellement. Pour rester dans le domaine du métal roi, ils veulent rapatriés la part de leurs réserves situés dans les autres pays du Monde, ce qui n'est pas un signe de confiance en l'avenir.
( je ne suis pas à l'origine de la note négative de votre commentaire )
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Par excédent j'entend le supplément d'argent une fois payées toutes les importations (énergie, investissements dans les filiales étrangères etc) auxquelles vous pensez.
Le solde positif, quoi!
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l'excédent commercial comme en 2012 est le moyen trouvé par l'Allemagne pour maintenir artificiellement une croissance supérieure aux autres pays européens, alors qu'ils ont réduits les investissements et les importations.

Ils pourraient être sous le regard de la Commission Européenne ( à causes du seuil de 6% ) et subir les critiques de l'OIT.

La Commission européenne pourrait demander à l'Allemagne de rééquilibrer ses échanges en stimulant sa demande intérieure.

L’Europe s'est comme l’Éducation Nationale, pour être bien vu il ne faut pas être trop mauvais, ou trop "bon", soyer moyen et donner l'impression de travailler, c'est la clé du succès dans les études en France.
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Si le gouvernement de Berlin a éventuellement des leviers pour stimuler la consommation intérieure, il n'en a aucun pour orienter les consommateurs vers les produits ne portant PAS le label made in Germany.
Je vois des pans entiers de l'industrie dont les produits importés n'intéressent absolument pas les consommateurs.

Exemple: le marché automobile!
Si on considère Opel et Ford comme des marques allemandes, si on considère que les autos fabriquées en Espagne ou en Hongrie (VW Polo, Audi A1, Mercedes A etc) sont des voitures allemandes, alors la première voiture vraiment importée pointe au VINGT-NEUVIEME rang des immatriculations avec 29.000 exemplaires seulement! (pour 240.700 Golf et 673.000 VW).
Le groupe VW à lui seul fait ONZE fois les ventes de la meilleure marque importée (Renault).
Ce décompte est fait en nombre de voitures, pas en €uros !! Les 20.500 Porsche valant peut-être plus cher que les 61.000 Citroën


Les voyages à l'étranger par contre les intéressent.

Le seul levier gouvernemental que je verrais pour équilibrer la balance serait de favoriser les investissements à l'étranger, notamment en mieux dotant le KfW.
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Si le gouvernement de Berlin a éventuellement des leviers pour stimuler la consommation intérieure, il n'en a aucun pour orienter les consommateurs vers les produits ne portant PAS le label made in Germany. Je vois des pans entiers de l'industrie dont le  Read more
Rüss65 - 2/26/2013 at 4:24 PM GMT
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