L'emploi et sa contribution à la richesse de la société

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Published : February 19th, 2006
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Category : History of Gold

 

 

 

 

L’emploi est une source de richesse pour l’individu qui le détient, mais il peut être aussi une source de pauvreté pour l’ensemble d’une société. Une population qui n’a pas le choix de payer les emplois de quelques-uns ne peut prétendre s’enrichir par cette obligation. Il ne s’agit pas tant de remettre en question les emplois du secteur public que leur mode de rémunération. La légitimité d’un emploi ne se fonde pas sur sa légalité, mais sur son respect de la propriété. Lorsqu’on perd de vu cette réalité, la richesse d’une société tend à diminuer.

 

L’emploi et son idéal de légitimité

 

          Pour comprendre la création de richesse que procure un emploi pour l’individu qui le possède et les consommateurs qu’il dessert, on doit distinguer sa légalité de sa légitimité. De manière générale, on pourrait évoquer divers degrés de légitimité dans la mesure où la légalité se rapproche de l’idéal de légitimité, mais en guise de simplicité, voire en toute rigueur, on se contentera de cet idéal et on considérera tout le reste illégitime. Cet idéal est de ne tolérer aucune agression entre les hommes et conséquemment que tous les emplois soient établis non pas par la force de la loi, mais par simple désir de servir les gens et d’être rémunéré par eux par l’entremise d’ententes et de contrats.

          Dans la mesure où l'on considère l’imposition comme étant une violation de propriété et par suite une agression au sens large – l’impôt n’a pas le consentement de chacun –, on doit bannir toute rémunération qui utilise ce moyen. Par conséquent, tous les politiciens et employés du secteur public devraient modifier leur mode de rémunération, car il est établi à même les impôts. Ils en paient, mais en reçoivent davantage, donc ils n’en paient pas au net. La somme qui leur reste, après les diverses déductions, constitue de l’impôt pour le travailleur du secteur privé, bien que ce montant ne soit pas qualifié comme tel sur le chèque de paie de l’employé du secteur public. À partir de ce constat, on peut mieux comprendre comment un emploi crée de la richesse pour l’ensemble d’une société sans nuire à personne.
 

Emploi établi librement vs emploi établi par la loi

 

          L’emploi établi par la loi, c’est-à-dire financé par l’impôt et relevant du secteur public ou, plus précisément, d’un décret gouvernemental, est peut-être plus payant que le même emploi établi librement, mais son mode rémunératoire n’est pas pour autant légitime. Sa légalité ne lui confère pas sa légitimité, seulement une prépondérance établie par la force. Afin que la loi prédominante ne soit pas celle du plus fort, elle doit elle-même s’appuyer sur autre chose que la menace de violence. La seule loi qui répond à ce critère est la non-agression ou le respect de la propriété. Dans la mesure où celle-ci est respectée, la législation est légitime et la rémunération de l’un contribue à l’enrichissement de l’autre. Dans le cas contraire, la législation est illégitime et la rémunération de l’un s’établit sans l’accord de tous les partis concernés, ce qui conduit à une plus grande pauvreté.

Les emplois qui sont protégés de la concurrence peuvent être utiles, voire nécessaires, mais la façon dont ils sont rémunérés n’en est pas moins illégitime puisque les contribuables sont contraints de les financer. Se contenter de l’accord de quelques-uns pour soutirer la propriété d’autrui est peut-être démocratique, mais certes pas légitime. À cet égard, la majorité démocratique s’apparente davantage à la loi du plus fort qu’à une conception légitime de la justice.
 

L’emploi établi par la loi et son inefficacité à rendre service

 

          La rémunération établie par la loi n’est pas seulement illégitime, mais également inefficace, car elle ne permet pas d’affecter adéquatement les ressources. Celles-ci ne peuvent l’être que dans la mesure où l’allocation représente les choix de chacun. Or ces choix individuels ne peuvent pas être transmis par un impôt collectif. L’impôt, en pratique, vise un nombre important de contribuables sans égard à la volonté particulière de chacun. La meilleure façon de procéder à un échange, dans le but de satisfaire ses besoins, demeure par l’offre d’un prix.

          Certes, plusieurs ne jurent que par l’imposition d’autrui pour bénéficier soi-même des services, mais on doit réaliser que, ce faisant, les choix sont dans l’ensemble réduits, et là où ils sont réduits, la richesse l’est autant. On maintient des services qui seraient modifiés rapidement, voire abolis, si ce n’était de la trop grande facilité à imposer et à taxer les gens. Plutôt que d’adapter les services aux désirs des consommateurs, l’imposition verse dans l’immobilisme. L’innovation et la création de richesse sont réduites. Que l’on cherche la plus grande efficacité ou la plus grande légitimité pour desservir les gens, dans les deux cas on doit mettre de côté l’imposition pour faire place au volontariat.
 

Justice et emploi

 

          Plus de temps on mettra à distinguer l’emploi relevant de la loi de l’emploi établi librement, plus on risque de s’appauvrir. Il ne suffit pas de travailler pour enrichir les individus d'une société, encore faut-il que l’emploi soit utile à d’autres que le travailleur lui-même et, ce qui est plus important, que personne ne soit forcé à le soutenir contre son gré. Enrichir les uns au détriment des autres non seulement ne crée aucune richesse, mais n’a aucun fondement moral. La coercition, qu’elle ait ou non l’appui d’une majorité démocratique, qu’elle soit flagrante ou établie insidieusement dans les esprits par des arguments fallacieux, ne peut d’aucune manière constituer le fondement d’une société durable.

          En somme, il ne faut pas se laisser berner par les mots. Les emplois du secteur public ne sont ni plus importants, ni plus légitimes que les emplois du secteur privé. Tous les emplois visent à servir le public et ce n’est pas parce que les uns sont rémunérés par l’impôt que cela leur confère une supériorité morale. Au contraire, la morale commence par la non-agression et le respect de la propriété, de sorte qu’on doit remettre en question la façon dont ils sont rémunérés. Une rémunération établie par l’entremise de l’impôt est non seulement illégitime, mais inefficace, car l’impôt traduit mal, voire pas du tout, les besoins des consommateurs, y compris ceux des plus pauvres. La légitimité et l’efficacité vont de pair en emploi comme ailleurs, et lorsqu’on comprend cela, on doit y travailler pour le bénéfice de tous.

 

André Dorais

 

André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.  Essai originellement publié par Le Québecois Libre

 

 

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