1. Le "niveau général des prix".
Le "niveau général des prix" est un concept de la théorie
économique, de l'économie politique, très ancien.
Son inverse, au sens arithmétique du mot, est la notion de "pouvoir
d'achat de la monnaie" (cf. par exemple, Irving
Fisher, 1911).
La théorie économique montre que le concept de "niveau général des
prix" a un socle dans la réalité.
Il résulte des prix en monnaie des marchandises, échangés par les gens,
des prix qui, eux, sont, chacun, observés ou observables.
Il n'y a de prix en monnaie que des prix d'échange convenu et des prix
passés.
En fait, les prix en monnaie des marchandises ne sont rien d'autres que
- des taux ou rapports des échanges convenus entre les gens (entre deux
personnes ou entre l'offre et la demande d'un marché, autre concept), ou
- des quantités unitaires de monnaie convenues échangées.
Reste que ces prix et les quantités échangées sont allés de pair avec des
échanges qui n'ont pas nécessairement abouti et qui ne peuvent qu'être une
des causes de l'avenir néanmoins tout autant que les quantités échangées et
leurs prix qui ont abouti.
A sa façon, le concept de "niveau général des prix" est censé
regrouper toutes ces considérations.
2. L'"inflation".
Beaucoup d'économistes voient dans l'autre concept économique
qu'est l'"augmentation du niveau général des prix", ce qu'ils
dénomment "inflation".
Certains d'entre eux donnent même à ce qu'ils dénomment
"phénomène", plutôt que "concept", de l'inflation la
cause qu'est l'augmentation de la quantité de monnaie (cf. ce texte
de décembre 2015).
Ils croient expliquer par la raison, leur raison ..., que les
variations de la quantité de monnaie donnent lieu à des variations de même
sens du "niveau général des prix" (cf. théorie de la quantité
de la monnaie depuis le XVIème siècle et ce texte de décembre 2014).
. Les indices du "niveau général des prix".
Le cas échéant, ils appuient leur propos sur la mesure statistique du
"niveau général des prix" par des indices et identifient l'augmentation
de ces indices à un indicateur de l'inflation.
Soit dit en passant, la démarche statistique n'existe que depuis le début
du XXème siècle.
Antérieurement, ils ne pouvaient pas y procéder.
3. "Quantité de monnaie" et banquiers.
Reste que ce que les économistes dénommaient "quantité de
monnaie" depuis l'origine, a été détruit par les hommes de l'état,
partiellement à partir de la décennie 1930 et totalement à partir de la
décennie 1970 (cf. ce texte de mai 2011.
Depuis lors, les titulaires des "substituts de monnaie
bancaires" (billets et autres dépôts bancaires) qui étaient
adossés à la monnaie-or ou -argent par le banquier, se sont vus interdire de
les convertir en monnaie-or ou - argent (le droit a été ainsi bafoué).
En toute rigueur, non adossés à quoi que ce soit, les "substituts de
monnaie bancaires" ne devaient plus être dénommés tels.
Jacques Rueff a eu l'occasion de les dénommer "néants habillés en
monnaie" (cf. ce texte de
juillet 2011).
Mais contre toute attente, il s'avère que l'opinion publique a accepté
l'interdiction (cf. ce texte de
janvier 2014) et a tout simplement dénommé "monnaie" ces faux
substituts, contre toute attente.
Tant pis pour la confusion et l'incohérence!
. Les mesures de la prétendue "quantité de monnaie".
Et la prétendue "quantité de monnaie", c'est-à-dire la
"quantité des substituts de rien bancaires" a été mesurée par la
comptabilité bancaire.
Il existe ainsi aujourd'hui plusieurs mesures de la
prétendue "quantité de monnaie", à savoir Mo, M1, M2, M3,
etc. (cf. ce texte
de novembre 2010 ou celui-ci), qui
ont vu le jour à l'initiative des économistes dits "monétaristes"
(Milton Friedman et ses amis de l'"Ecole de Chicago", cf. ce texte de 1984).
Pour leur part, là encore contre toute attente, il s'avère que les
banquiers ont introduit ce qu'ils dénomment "liquidité" pour parler
de la prétendue "quantité de monnaie" en accord avec certains
économistes (depuis au moins le concept
de "préférence pour la liquidité" de J.M. Keynes, 1936).
4. L'opinion publique interloquée.
Reste que les statistiques sur le "niveau général des prix" ne
sont que de piètres indices de la situation de l'inflation.
Ils l'étaient hier quand l'opinion publique, en petite partie,
jugeait que l'âge de l'inflation détruisait les économies nationales
(cf. par exemple Jacques
Rueff, 1963, L'âge de l'inflation).
Ils le sont aujourd'hui où, selon les hommes de certains organismes (cf.
par exemple Eurostat), il
n'y aurait pas d'inflation et cela, malgré les augmentations considérables
des banques centrales qu'on peut observer (cf. par exemple, graphiques 1 et 2
ci-dessous de l'€uro).
Graphique
1.
Cas
du montant en €uro
des actifs de la banque centrale européenne.
1999-2016.
Graphique
2.
Cas de la prétendue "quantité
de monnaie €uro"
M1.
1999-2016.
Beaucoup préfèrent d'ailleurs parler de "bulle" plutôt que
d'inflation.
5. L'énigme actuelle.
Malgré tout, la plupart des économistes et les commentateurs continuent à
voir dans l'inflation l'augmentation du niveau général des prix (cf. Eurostat).
Ils ne mettent pas en relation les mesures comptables de la prétendue
"quantité de monnaie" et les mesures statistiques du "niveau
général des prix".
Et ils perpétuent l'idée implicite que les variations de la prétendue
"quantité de monnaie" décidées par le banquier central auraient des
effets de même sens sur l’activité
économique. (cf. ce texte
du 3 mars 2016 ou celui-ci
de janvier 2016), peu leur importe le "niveau général des
prix".
6. Un dernier mot
(provisoire avant d’autres billets…).
A priori, étant donné les augmentations considérables des bilans
des banques centrales causés par les "quantitative easing process",
nous sommes dans une inflation très importante dont ne rendent pas compte les
mesures statistiques ou comptables (cf. ce texte
d'octobre 2012).