L’élément le plus critique du
Brexit est qu’il représente la cloche de clôture de l’ère de centralisation
qui a commencé en 2009.
Qu’est-ce que j’essaie de dire
par centralisation ? Je fais référence ici à l’ère de planification
centralisée de l’économie globale par les banques centrales.
Aux Etats-Unis, nous avons pu
voir le gouvernement et la Réserve fédérale s’impliquer sur toutes les
industries majeures, dont l’assurance, la santé, l’immobilier, le système
bancaire, les services financiers et même l’énergie.
Et les Etats-Unis n’ont rien d’unique.
Le Japon et l’Union européenne ont aussi traversé une période de
centralisation pour voir leurs banques centrales respectives infiltrer de
plus en plus leurs économies respectives.
Le Brexit a mis fin à tout cela.
A dire vrai, la centralisation
se trouvait déjà fracturée par la dépendance des banques centrales en la
dévaluation compétitive.
Dans un monde fiduciaire, toutes
les devises majeures sont évaluées contre leurs semblables. Lorsqu’une banque
centrale met en place une politique de dévaluation de sa devise, cette même
politique impose des pressions haussières sur les autres devises.
Entre 2008 et 2013, nous avons
pu être témoins d’un certain degré de coordination entre les banques
centrales. Le meilleur exemple pourrait en être le lancement de son QE3 par
la Fed en 2012, qui a coordonné cette politique avec les Opérations
monétaires sur titres de la BCE. A l’époque, les données économiques
américaines témoignaient d’une amélioration de l’économie, et la Fed aurait
dû resserrer ses politiques monétaires. QE3 a plus été un cadeau fait à la
BCE que quoi que ce soit d’autre.
En revanche, à commencer
par le programme de QE de la Banque du Japon en 2013, tout a changé. Les
banques centrales ont alors commencé à employer des politiques de plus en
plus extrêmes, qui ont fait peser de lourdes pressions sur les autres
devises. Des politiques telles que les programmes de QE de plus d’un trillion
de dollars… ou encore les taux d’intérêt négatifs.
C’est à ce moment-là que la
centralisation a commencé à se fissurer. Les banques centrales ont en quelque
sorte ruiné leurs efforts mutuels de dévaluation. En revanche, il a fallu
attendre le Brexit pour que le dernier clou soit enfoncé dans le cercueil de
la centralisation.
Laissez-moi vous expliquer.
Dans le monde de la
planification centralisée, c’est la politique, et non l’économie, qui
détermine les politiques employées.
Tout économiste responsable
aurait réalisé dès 2011 que les programmes d’assouplissement quantitatif et
de taux négatifs n’auraient pas pu générer de croissance du PIB. En revanche,
dans le monde la planification centralisée, les implications politiques d’une
telle admission (qui aurait laissé place à des défauts et des
restructurations de dette) représenteraient un suicide politique.
Pour dire les choses autrement,
si Janet Yellen et Mario Draghi tenaient une conférence de presse afin d’annoncer
s’être trompés et n’avoir eu aucune idée de la manière dont relancer la
croissance, et qu’il est temps de laisser les forces du marché faire leur
travail, non seulement eux mais aussi tous les autres économistes et
spécialistes du système bancaire se retrouveraient au chômage.
Pour cette raison, la fin de la
centralisation n’aurait pu avoir que deux origines :
1) La politique, au
travers de la révolte d’électeurs contre le statu quo.
2) Les finances, au
travers de forces des marchés devenues si intenses que même les banques
centrales auraient perdu le contrôle du système.
Le Brexit nous a apporté ce
premier point de rupture. Nous avançons aujourd’hui vers le deuxième.
Nous pensons en effet que d’ici
à l’arrivée de la prochaine crise, le S&P 500 aura plongé jusqu’à de
nouveaux records à la baisse.
La bulle sur la technologie
était une bulle sur les actions : une bulle concentrée sur les actions
en tant que classe d’actifs.
La bulle sur l’immobilier était
une bulle sur les propriétés : une bulle sur les habitations, une classe
d’actifs plus importante encore.
La bulle actuelle est une bulle
sur les obligations : la plus grosse classe d’actifs de notre système
financier.
Les marchés se préparent
à entrer dans une nouvelle crise. Parce que plus de 30% des obligations
globales offrent des rendements négatifs, le système financier n’est qu’un
tas de poudre qui n’attend plus que d’exploser.
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