La
Grande Dépression a duré aux Etats-Unis de 1929 à 1945,
bien que la période déflationniste de la dépression se
soit achevée dès 1932.
Que vous définissiez l’inflation en termes de hausse des
prix à la consommation ou en termes de croissance de la maisse monétaire, les Etats-Unis ont subi une
inflation continue après 1932. Cette inflation fut cependant
brièvement interrompue en 1937-1938, après qu’une mise
à niveau de la masse monétaire et une soudaine récession
économique aient entraîné la chute de la valeur des
capitaux propres et du prix des ressources. Cette récession est
souvent appelée ‘l’erreur de 1937’ par ceux qui
pensent qu’elle a été due à un renforcement
prématuré des politiques monétaires de la Fed. Selon
ceux qui adhèrent à cette théorie,
l’économie des Etats-Unis aurait pu récupérer de
l’effondrement de 1929-1932 si la Fed n’avait pas renforcé
son intervention.
Ceux
qui pensent que l’effondrement de 1937-1938 a été
causé par le renforcement par la Fed de ses politiques
monétaires ont partiellement raison. Les
politiques employées par la Fed à la fin de
l’année 1936 et au début de l’année 1937 [1]
ont certainement représenté
l’élément déclencheur de cet effondrement. La
question que cette théorie manque de se poser est la suivante :
si une reprise économique était en chemin en 1933, pourquoi
a-t-elle prit fin si rapidement suite à une simple remise à
niveau des conditions monétaires ? La réponse est que cette
reprise n’était pas réelle. Elle n’était
qu’une illusion due à l’augmentation de la masse
monétaire. Lorsqu’une croissance économique naît
d’une augmentation de la masse monétaire, alors un
ralentissement du ratio masse monétaire/croissance est susceptible
d’entrainer un effondrement économique.
(Nous
pouvons également dire ici que la fragilité du fondement
monétaire de la reprise est également une raison pour laquelle,
tout comme pour la reprise que nous avons pu apercevoir en 2009, le taux de
chômage n’a pas diminué. En revanche, derrière le
très important taux de chômage des années 1930 se
cachaient bien plus que les machinations contre-productives de la Fed. Les
décisions prises par les administrations Hoover et Roosevelt en vue
d’augmenter le coût du travail ont également
contribué à maintenir beaucoup de personnes hors du
marché de l’emploi).
Nous
pouvons donc nous poser la question suivante : la Fed
n’aurait-elle pas dû continuer de supporter
l’économie grâce à un flux constant de nouvelle
monnaie jusqu’à ce que la reprise puisse se faire
d’elle-même ?
La
question ci-dessus passe à côté du principe que ce flux
de nouvelle monnaie (inflation monétaire) entraîne une mauvaise
allocation du capital et donc des mal-investissements, et entrave ainsi non
seulement toute possibilité pour une reprise réelle de
s’installer, mais affaiblit également la structure
économique dans son ensemble. Si la Fed avait continué
d’apporter son support monétaire à
l’économie durant une année supplémentaire, alors
l’effondrement n’aurait pas eu lieu en 1937 mais en 1938. Il
aurait également été bien plus dévastateur dans
la mesure où du capital aurait été mal investi durant
une année supplémentaire. Comme l’a dit von Mises il y a quelques temps déjà :
‘Il est impossible d’éviter l’effondrement final
d’une croissance économique née de l’expansion de
crédit. Il est uniquement possible de déterminer si la crise
doit apparaître immédiatement suite à un abandon
volontaire de l’expansion de crédit, ou si elle doit être
contenue jusqu’à déboucher sur un effondrement total du
système monétaire impliqué’.
La
question ci-dessus ignore également le fait que, même lorsque
l’économie est sujette à des forces
déflationnistes naturelles, comme ce fut le cas dans les années
1930, la création de nouvelle monnaie par la banque centrale finit
toujours par entraîner une inflation – se traduisant par
l’augmentation des prix des ressources les plus indispensables et de
certaines biens et services. Après quelques temps, les pressions
subies par la banque centrale en vue de contenir l’inflation peuvent s’avérer
plus importantes que son désir de ‘supporter’
l’économie grâce à un apport continuel de nouvelle
monnaie.
Avant
le troisième quart de l’année 1936, la pression subie par
la Fed en vue de contenir l’inflation commença à dominer
sur son désir de création monétaire, mais si elle avait
choisi d’ignorer les pressions extérieures et n’avait pas
mis fin à ses politiques de hausse des prix – ce que les
Keynésiens [2]
disent qu’elle aurait dû faire – alors les
conséquences en auraient été une récession encore
plus sévère. Alternativement, la Fed aurait pu choisir
d’augmenter la masse monétaire indéfiniment, auquel cas
la situation aurait débouché sur une catastrophe à la
fois pour le dollar et pour l’économie des Etats-Unis.
Une
image de ce qu’il s’est produit en 1937-1938 est
présentée par le graphique ci-dessous. Sur le graphique, la
récession de 1937-1938 a l’air mineure en comparaison à
celle de 1929-1932, bien qu’elle ait toutefois été
conséquente. Le Dow Industrial a perdu plus
de la moitié de sa valeur sur la période, dans le même
temps que la manufacture de biens connaissait un déclin d’un
tiers. Du fait de l’importance de la manufacture à cette
époque, nous pouvons dire que l’économie a reculé d’un
tiers.
Le
graphique démontre également que la Fed n’a pas
tenté d’augmenter le taux d’intérêt officiel.
Elle a utilisé d’autres méthodes afin de restreindre
l’apport de nouvelle monnaie.
Le
fait que de nombreux hommes politiques et économistes
d’influence pensent aujourd’hui qu’une récession
aurait pu être évitée à la fin des années
1930 si la Fed avait maintenu des politiques monétaires laxistes
signifie bien que nous avons tiré les mauvaises leçons de
l’Histoire. Ne nous attendons pas à ce que des comptes soient
demandés à la Fed malgré les problèmes actuels
d’inflation, ou à ce que la Fed ne s’empresse pas de
mettre en place une politique de création monétaire dès
que l’économie présentera ses prochains signes de
faiblesse.
Steve Saville
www.speculative-investor.com
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