La situation
économique de l’Espagne est à couper le souffle :
émigrations, fuite de capitaux, crise de l’immobilier, hausse du
taux de chômage et augmentation des taxes. Le coût du plan de
sauvetage Espagnol s’élève désormais à 300
milliards d’euros, contre les 30 milliards projetés en juin
dernier.
La somme de 300 milliards
d’euros ne devrait pas vous choquer si vous avez lu mon article du 9
juin dernier : Bailout Lite? There's Really No Such Thing; €30
Billion Needed? It's Now €100 Billion; Contagion of Economic Idiocy.
Il est dit que
l’Espagne aurait besoin de quelques 30 à 70 milliards
d’euros supplémentaires pour recapitaliser ses banques. Selon
moi, ce chiffre devrait être au moins trois fois plus
élevé. Ce n’est là que pure spéculation de
ma part, mais il suffit d’étudier l’Histoire un court
instant pour se rendre compte que mon estimation a plus de chances
d’être optimiste que pessimiste.
Comme pour la Grèce,
au fil des mois, les données relatives à
l’économie de l’Espagne sont révisées
à la baisse. Les sorciers économiques de l’Union
Européenne se contentent pour l’instant de concocter des
chiffres légèrement inférieurs à leurs
estimations. Selon moi, cette estimation s’élève
actuellement à 90 milliards d’euros. D’ici six mois,
aussitôt que l’argent sera versé, davantage de
problèmes feront surface, toujours plus de réunions devront
être organisées et toujours plus d’argent sera volé
d’entre les mains des contribuables Espagnols et distribué aux banques
et aux détenteurs d’obligations.
Mish
l’optimiste
‘D’ici six
mois’, avais-je écrit. Il n’a en fait fallu attendre que
trois mois, ce qui prouve une fois de plus que j’ai tendance à
être optimiste en ce qui concerne les problèmes de ce type.
Au passage, les estimations
officielles de plan de sauvetage s’élevant déjà
à ma prévision de 300 milliards d’euros, il faudrait
s’attendre à ce que leur montant réel
s’élève à un-demi trillion d’euros, voire
même plus.
Une implosion à
couper le souffle
Mon ami Bran, qui vit en
Espagne, m’envoie de nouveaux liens chaque jour. Je n’ai pas le
temps de les traduire mais en voici quelques-uns qu’il m’a envoyé la semaine dernière,
accompagnés de commentaires de sa part :
·
Les fonds de sécurité sociale sont à
court d'argent: la sécurité sociale utilise pour la
première fois ses fonds de réserve et il n’en reste
aujourd’hui quasiment plus rien. Selon l’article, rien ne
pourrait empêcher le gouvernement d’utiliser le fond
d’investissement principal de la sécurité sociale pour
rembourser ses dettes. Il indique également que la majeure partie de
ce fond est utilisée pour investir sur la dette souveraine Espagnole,
à hauteur de 67,948 milliards d’euros.
·
Explosion du coût des allocations chômage: le
coût des allocations chômage augmente. Les estimations du
gouvernement étaient de -5% pour 2012. En réalité, cette
hausse s’élève à
+5,4%.
·
Hausse du prix de l'essence: le prix de l’essence a
augmenté de 75% au cours de ces quatre dernières années,
et était déjà cher au départ !
·
Importance des créances hypothécaires: la
dette des ménages s’élève à 848,222
milliards d’euros, et 76,9% de cette dette correspond à des
créances hypothécaires.
·
Fuite de capitaux: Les clients de la banque Novagalicia ont retiré 15,6% de leurs
dépôts bancaire au cours de la première moitié de
2012.
Je dispose d’une infinité
d’informations concernant l’Espagne. Voici quelques autres liens
qui proviennent cette fois-ci des médias grand public :
Les termes utilisés
dans les contrats des plans de sauvetage sont de véritables acrobaties
politiques
Je vous conseille de lire cet article
d’Ambrose Evans-Pritchard publié dans le Telegraph : Brinkmanship as Spain warns over bail-out terms
‘L’Espagne
a récemment annoncé qu’elle n’accepterait pas de
plan de sauvetage de la part de l’Europe si ses termes
s’avéraient trop sévères, une décision qui
pourrait paralyser la BCE et remettre en question la survie de l’euro.
Dans ce contexte
relevant de plus en plus de la politique de la corde raide, le ministre des
finances Espagnol, Luis de Guindos, a
déclaré que son pays n’était pas encore
disposé à signer un mémorandum offrant sa
souveraineté fiscale aux inspecteurs de l’Union
Européenne. ‘Nous désirons d’abord en clarifier les
conditions’, a-t-il déclaré lors d’un entretien
avec le journal Allemand Handelsblatt.
Monsieur de Guindos a ajouté que la crise qui s’est
abattue sur la région va bien au-delà des frontières de
son pays et a demandé à l’Europe du Nord de ne pas faire
de l’Espagne son bouc-émissaire.
Ces informations
ont été divulguées alors que la chancelière
Allemande Angela Merkel s’apprêtait
à se rendre en Espagne afin de discuter avec le premier ministre
Mariano Rajoy des conditions d’un plan de
sauvetage de 300 milliards d’euros et donc, bien plus
élevé que les 100 milliards d’euros qui avaient
préalablement été accordés.
Nous avons appris
aujourd’hui que le système de sécurité sociale
Espagnol a pour la première fois eu recours à un fond de
secours afin de couvrir les pensions de retraite, alors que la
récession contribue de plus en plus à l’érosion
des contributions.
Dans le même
temps, les données officielles prouvent que les prêts immobiliers
toxiques accordés par les quatre banques nationalisées que
compte l’Espagne ont atteint un record de 75 milliards d’euros et
continuent d’augmenter plus rapidement que l’on n’oserait
le craindre. Les prêts ‘potentiellement dangereux’ de Bankia s’élèvent à 42
milliards d’euros. La plus grosse surprise que nous aient
réservé ces données est la hausse de 50% des mauvaises
dettes, ayant pour Catalunya Caixa
atteint 9 milliards d’euros depuis le mois de janvier. Les arrêts
anticipés de remboursements de prêts ont plus que doublé.
Les remboursements
nets dus par l’Espagne à la BCE dans le cadre du système
de paiement Target 2 s’élèvent aujourd’hui à
39% de son PIB.
‘L’accumulation
d’obligations par la banque centrale Espagnole a atteint des niveaux
explosifs’, déclarait récemment Jens Nordwig,
de chez Nomura.
Les Espagnols vident leurs
comptes et fuient leur pays
Voici également un
article du New York Times : Fears
Rising, Spaniards Pull Out Their Cash and Get Out of Spain
‘La situation économique
de l’Espagne s’aggrave de jour en jour’, déclarait
la semaine dernière monsieur Vildosola, 38
ans, juste avant d’embarquer pour Londres avec sa femme et ses deux
enfants. ‘Bien trop de choses sont en jeu. L’Espagne finira par
devenir la nouvelle Grèce et je ne veux pas finir avec rien
d’autre entre les mains que des pesetas dévalués’.
En juillet dernier, les Espagnols ont
retiré des banques une somme record de 75 milliards d’euros
– une somme égale à 7% de la production économique
du pays – alors que les doutes face à l’avenir du
système financier Espagnol se faisaient de plus en plus ressentir.
Ces retraits laissent
transparaître un problème de fuites de capitaux
aujourd’hui devenu le plus important de la zone Euro. Selon de
récentes études menées par Nomura, les capitaux sortants
ont atteint 50% du PIB Espagnol pour ces trois derniers mois – les
investisseurs étrangers s’étant débarrassés
de leurs actions et obligations, et de nombreux Espagnols ayant
transféré leur argent auprès de banques
étrangères.
Plus grave encore pour
l’Espagne, cette fuite de capitaux et de personnes commence à
inclure son élite, fatiguée de la situation déplorable
de l’emploi dans un pays où le taux de chômage atteint aujourd’hui 25%.
Selon les données officielles,
30.000 personnes se seraient enregistrées pour travailler en
Grande-Bretagne l’an dernier, et de nombreux analystes pensent que ce
chiffre serait bien plus élevé si les travailleurs
n’ayant pas encore rempli leur demande d’immatriculation
étaient comptabilisés.
‘Il semblerait que tous les
Espagnols que je connaisse prennent un vol EasyJet
vers Londres et s’empressent d’y ouvrir un compte en
banque’, déclarait un banquier ayant demandé à
rester anonyme en raison de la politique de son établissement.
C’est également ce
qu’a fait Mr Vildosola avant de prendre la
décision drastique d’installer sa famille en Angleterre.
‘C’est triste à
dire, mais je ne pense pas que l’Espagne ait encore un futur à
m’offrir’.
Quelle
question se poser
La
question que nous devons désormais nous poser est de savoir si la
fuite des capitaux financiers aussi bien qu’humains dont souffre
l’Espagne est excessivement pessimiste ou si le pire est à
venir.
Malheureusement,
je suppose que les choses ne sont pas prêtes de s’arrêter
là. La raison à cela est que l’Espagne aurait besoin de
mettre en place beaucoup de choses, mais semble en voie de ne rien faire du
tout.
Les cinq
choses que devrait faire l’Espagne
1.
Quitter l’Euro
2.
Mettre en place des réformes pour
l’emploi
3.
Ré-imaginer son système de
pensions
4.
Diminuer les taxes, tout
particulièrement l’impôt sur le revenu des
sociétés et la TVA
5.
Radier les mauvais prêts immobiliers
Combien de ces points l’Espagne
met-elle aujourd’hui en application ? La réponse est
zéro. Voire même moins un, dans la mesure où
l’Espagne augmente les taxes, ce qui est exactement le contraire de
qu’elle devrait faire.
En Espagne, la situation est
désespérée. Il faut s’attendre à davantage
de fuites de capitaux et d’émigration.
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