L’étalon or a-t-il causé la Grande Dépression?

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New World Economics
From the Archives : Originally published September 18th, 2012
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Category : Gold University

 

 

 

 

A chaque fois que j’aborde le sujet de l’étalon or, quelqu’un se lève et demande ‘Mais qu’en est-il de la Grande Dépression ?’ – comme s’il s’agissait d’une remarque plaçant toute réponse possible de ma part en position d’échec et mat.


Mais alors qu’en est-il de la Grande Dépression ?


Durant la Grande Dépression, la pensée conventionnelle Classique, selon laquelle la qualité première d’une monnaie doit être sa stabilité de valeur, commença à dériver vers un modèle Mercantiliste définissant quant à lui la monnaie comme pouvant être manipulée afin d’influencer l’économie sur le court terme.


A l’époque, le souci économique premier était le chômage. Les gouvernements ont donc cherché à contrer ce problème par le biais de la manipulation monétaire. Dit comme ça, il est clair que cette décision peut paraître assez bête.


Il est important de noter qu’il s’agissait alors en quelque sorte d’un courant politique. De part et d’autre du monde, les gouvernements avaient adopté une politique de dévaluation de leur devise bien avant que Keynes ne publie son ouvrage ‘Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie’ en 1936. Le titre même de cet ouvrage indique clairement comment Keynes pense pouvoir régler le problème du chômage, ce qui n’est pas plus mal, étant donné l’illisibilité de son contenu.


A dire vrai, les gouvernements commencèrent dès 1934 à en avoir assez de leur petit jeu de dévaluation protectionniste. A partir de cette date, et jusqu’en 1971, les Etats-Unis fixèrent le prix de l’or à 35 dollars par once.


A l’époque, les gens ne pensaient pas que l’étalon or puisse avoir été à l’origine de la Grande Dépression. Tout ce que voulaient les gouvernements, c’était de pouvoir dévaluer leur devise à leur guise, et l’étalon or les en empêchait.


L’idée que l’étalon or puisse avoir entraîné la Grande Dépression fit son apparition dans les années 1960. De mon humble avis, il ne s’agissait alors que d’une attaque lancée à la Réserve Fédérale. N’oublions pas que la Fed, depuis sa création en 1913, a toujours été impopulaire auprès des cercles libertaires. Les choses n’étaient donc pas si compliquées que cela : puisque les gens n’aimaient pas la Fed, ils lui firent porter le chapeau de la Grande Dépression. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’aller chercher plus loin que ça.


La Fed ne faisait alors rien de plus que ce pour quoi elle avait été créée, c’est-à-dire servir en tant que ‘prêteur de dernier recours’. Il suffit pour s’en rendre compte d’observer la stabilité et le niveau très bas des taux de prêts interbancaires sur la période.


J’ai par le passé étudié dans les moindres détails les années 1914 à 1930, sans jamais avoir découvert quoi que ce soit de significatif. A cette époque, les devises étaient liées à l’or. Ainsi, l’étalon or n’aurait pu causer la Grande Dépression autrement que par une fluctuation brutale et soudaine du prix de l’or – un phénomène jusqu’alors sans précédent –, fluctuation qui aurait également dû passer inaperçue du grand public.


Par quoi aurait donc bien pu être causée la Grande Dépression ? Certaines personnes ont tenté d’en faire porter le chapeau à la France, ce qui me paraît pour le moins risible. La France n’a jamais commis quoi que ce soit de bien dramatique en ce sens. S’il est une chose que j’ai pu remarquer, c’est que personne ne semble porter quelque attention que ce soit aux données relatives à la période, bien qu’elles soient disponibles gratuitement sur la base de données FRASER de la banque fédérale de Saint Louis.


Il est des choses que nous savons au sujet de la Grande Dépression. Nous savons par exemple qu’une guerre commerciale de très grande ampleur éclata à l’époque en représailles à la loi Smooth-Hawley, et eut des retombées catastrophiques. La loi Smooth-Hawley imposait l’augmentation des droits de douane de plus de 20.000 produits, et une taxe d’importation de 60% sur 3.200 produits dont la plupart n’étaient même pas manufacturés aux Etats-Unis. Cette loi aurait été capable à elle seule d’entraîner la Grande Dépression.

Au début de la récession, alors que les recettes gouvernementales diminuaient et que la demande en services publics et en aides sociales augmentait, les taxes furent réhaussées dans de très nombreux pays du globe, tout particulièrement en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis (la France et le Japon s’étant montrés bien moins agressifs).

 

Aux Etats-Unis, la première augmentation de taxes eut lieu en 1932. Le taux d’imposition sur le revenu des plus riches passa de 25% à 63%, et les impôts indirects explosèrent. En Grande-Bretagne et en Allemagne, la même chose se produisit entre les années 1930 et 1933. Ne trouvez-vous pas que cela ressemble, à une plus grande échelle, aux plans d’austérité actuellement mis en place en Europe ? De la même manière que de telles mesures n’ont pas fonctionné à l’époque, elles ne fonctionneront pas aujourd’hui.


A mesure que les taxes augmentaient, le taux de chômage continuait de gagner du terrain (de la même manière qu’il le fait aujourd’hui en Grèce et en Espagne en réponse aux mesures d’austérité). Les gouvernements prirent donc la décision de dernier recours de dévaluer leur devise respective. En Allemagne, cette dévaluation fut entamée en pleine panique bancaire, et fut plus un accident qu’autre chose. La Grande-Bretagne commença à dévaluer sa devise en septembre 1931, suivie par le Japon en décembre 1931. Les Etats-Unis suivirent l’exemple en 1933, ainsi que la France en 1936.

 

Vous pouvez certainement vous imaginer quels furent les effets de ces dévaluations. L’industrie devint plus compétitive, et le remboursement des dettes fut facilité par l’utilisation d’une devise dévaluée. Les économies des gouvernements dévaluant leurs devises semblèrent se rétablir quelque peu, dans le même temps que leur taux de chômage diminuait.


Qu’en a-t-il été des pays n’ayant dévalué leur devise que plus tard, comme par exemple les Etats-Unis et la France ? Inutile de préciser qu’ils s’en sont dans l’immédiat moins bien tirés, en raison des avantages compétitifs dont jouissaient les pays ayant les premiers choisi de dévaluer. Les industries des Etats-Unis et de la France perdirent leur compétitivité, dans le même temps que les deux pays se trouvèrent envahis de produits d’importation peu chers. Ceci fut plus tard surnommé ‘protectionnisme’, dans la mesure où, quels que soient les avantages que pouvaient en tirer les pays ayant choisi de dévaluer, ces derniers entraînaient la détérioration de l’économie des autres nations.

 

Malgré les apparences, les gouvernements ayant choisi de dévaluer ne s’en tiraient pas si bien que ça. Leur avantage compétitif se développa en parallèle à une dévaluation des salaires, et les détenteurs d’obligations commencèrent à souffrir de défauts partiels. Il est impossible d’atteindre la prospérité par la dévaluation, c’est pourquoi ce petit jeu fut rapidement abandonné. La dévaluation à grande échelle des devises nationales  déboucha sur un nouveau chaos financier. Ayant découvert ce qu’il pouvait découler de la manipulation de leur unité de compte, les gouvernements décidèrent de se tourner à nouveau vers l’étalon or, ce qui fut officialisé en 1944 lors de la signature du traité de Bretton Woods.


Pendant les quelques années qui suivirent, les gouvernements se mirent à alterner stimulus (dépenses gouvernementales importantes et augmentation du déficit) et mesures d’austérité (augmentation des taxes), ce qui eut les mêmes résultats à l’époque qu’au Japon et en Europe aujourd’hui.

 

La Grande Dépression était née. En quoi aurait-elle donc pu être causée par l’étalon or ? Le rôle de l’étalon or était, et est encore aujourd’hui, de garantir la stabilité monétaire. Et selon moi, il a toujours parfaitement su remplir son rôle.


Ce sont les gouvernements qui, au travers de leurs guerres commerciales, ont entraîné la récession, avant de compliquer les choses encore plus en jonglant entre politiques de stimulus et mesures d’austérité. Ils sont les responsables du chaos monétaire qui en découla, bien que leurs actions aient pu avoir des retombées positives sur le très court terme.


Ces retombées positives sont les raisons pour lesquelles les gouvernements ont recours à la dévaluation monétaire depuis maintenant plus de 2000 ans. Pensez-vous qu’ils prendraient de telles décisions si les retombées politiques en étaient déplaisantes ?


Les politiques de dévaluation de devises n’auraient pas dû être utilisées en réponse à la Grande Dépression. Il aurait fallu s’attaquer directement au problème en mettant fin aux guerres commerciales, comme l’avait alors vaillamment conseillé Cordell Hull, secrétaire d’Etat de Roosevelt. Il aurait fallu éviter une augmentation des taxes, puisqu’une telle chose ne parvient jamais qu’à aggraver la situation. Il n’est pas une mauvaise chose que de dépenser de l’argent en aides sociales, si tant est que ce ne soit pas en des quantités si astronomiques qu’elles ne seront jamais remboursables.


Les gouvernements auraient dû diminuer les taxes, ou encore imposer une réforme telle que celle mise en place par la Russie en 2000.

La Grande Dépression de 1921 est souvent citée comme exemple de ce qu’il pourrait se produire si nous n’intervenions pas et laissions l’économie se rétablir d’elle-même. En 1921, la récession fut quasiment aussi intense que celle ayant précédé la Grande Dépression, mais connut une reprise très rapide et déboucha, tout particulièrement aux Etats-Unis, sur une période de forte croissance.


Contrairement à ce que l’on pourrait penser, en 1921, le gouvernement des Etats-Unis n’est pas resté ‘sans rien faire’. Le Républicain Warren Harding remporta les élections en 1920, remplaçant le Démocrate Woodrow Wilson. Harding fit la promesse de réduire les impôts sur les revenus, et la tint. L’impôt sur les revenus des plus riches passa de 73% en 1920 à 46% en 1924, et les impôts sur les sociétés furent également diminués. Calvin Coolige promit ensuite à son tour de réduire les impôts sur les revenus jusqu’à 25%, et fut élu président en 1924.


Dans l’esprit de nombreuses personnes, les Keynésiens sont les grands étudiants de la Grande Dépression. Mais que font-ils aujourd’hui ? En Europe, ils encouragent les politiques de stimulus et les dépenses gouvernementales, les plans d’austérité et l’augmentation des taxes, et poussent des pays tels que la Grèce et l’Espagne à envisager un retrait de la zone Euro afin de pouvoir dévaluer leurs devises à leur gré. C’est exactement ce qu’on fait les gouvernements durant la Grande Dépression, et les résultats n’en seront pas différents aujourd’hui. Il semblerait que l’on n’apprenne jamais rien.



Nathan Lewis


 

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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«La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.»
[ Albert Einstein ]
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cher squash bonjour. c est pas tout a fait aussi simple.mais vous avez parfaitement raison de soulever la faute a la fed et surtout ses fondateurs qui étaient banquiers et politiques déja ripoux .leurs descendants sont désormais a la téte de toute la finance occidentale bientot orientale la chine étant facilement corruptible(ses dirigeants bien sur le peuple etant pour eux des animaux).ce gentil chroniqueur etant bien prolixe pour ne rien dire a par absoudre la fed qui a du mettre qqs billes ds son business par prete nom interposés.sur le fond squash vous avez raison mais l histoire est bien plus complexe .et dire que rothschild avait une grace divine pour les affaires !quel gachis de l avoir mise au service de satan!
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l'étalon or fonctionnait très bien jusqu'en 1914 lorsque l'Angleterre devenue banqueroute(hémorragie or/argent) et paniquée par la montée en puissance de l'Allemagne(militaire et commerciale) décida de provoquer la 1ère guerre mondiale et ainsi provoqua aussi l'écroulement de l'étalon or.
Après la guerre, ces messieurs, ne voulant pas reconnaitre qu'ils avaient fait tourner la planche à billets entre-temps tentèrent de réinstaurer l'étalon or sur la base d'une parité or/papier pre-guerre 1914-18 débile. Le résultat ne se fit pas attendre. Tiens, by the way... la FED fut créée en 1913... juste une année avant la 1ère guerre mondiale. Cette banque prjvée ne s'est pas "privée" d'imprimer tout l'argent nécessaire pour tuer autant d'européens que possible. Certains disent même que la guerre n'aurait duré que 6 mois faute d'or si l'étalon avait été conservé pendant la guerre. Cherchez l'erreur!
Aujourd'hui l'Amérique Bushienne est dans la même situation avec la Chine/Russie/BRICs que de son temps l'Angleterre avec l'Allemagne... je conçois une réaction identique pour oyer le poisson pourri US. Courrez mes braves, grimpez sur la colline pendant qu'il est encore temps.
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tout à fait d'accord on peut y voir les prémices de la deuxieme guerre mondiale ou les états unis vont voir leurs ennemis jurer ( les empires qui empêchaient l'expensiin commercial us) s'entre déchrirer à cause d'hitler dont une partie de l'oligarchie us subviendra au besoin jusqu'en 1941 .
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l'étalon or fonctionnait très bien jusqu'en 1914 lorsque l'Angleterre devenue banqueroute(hémorragie or/argent) et paniquée par la montée en puissance de l'Allemagne(militaire et commerciale) décida de provoquer la 1ère guerre mondiale et ainsi provoqua  Read more
Squash - 11/15/2018 at 6:02 AM GMT
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