En clair
Depuis la naissance de l’euro, les productions
industrielles de la France et de l’Allemagne ont extrêmement divergé. La
production manufacturière de la France a fortement diminué dans le même temps
que celle de l’Allemagne grimpait. La baisse ou la stagnation des
exportations de produits Français contraste avec la hausse des exportations
de l’Allemagne. La France a perdu énormément de parts de marché sur les
marchés étrangers. Ce phénomène est une conséquence directe des défauts
d’organisation de l’union monétaire. En raison des vastes écarts de
sophistication des produits Français et Allemands, partager une devise
commune avec l’Allemagne a inévitablement entrainé une baisse de la
compétitivité de la France sur les marchés étrangers.
La production de l’industrie manufacturière en France
Les données détaillées compilées dans ce rapport mettent
en lumière la magnitude de la désindustrialisation de la France depuis la
naissance de l’euro. Avant l’union monétaire, les taux de croissance de la
production industrielle de l’Allemagne et de la France étaient très
similaires. Par exemple, de janvier 1995 à décembre 1998, le taux de croissance
cumulé était de 5,5% pour la France et 6,4% pour l’Allemagne. En revanche,
depuis l’arrivée de l’euro, entre janvier 1999 et avril 2013, la production
industrielle de la France a diminué de 11,4% dans le même temps que celle de
l’Allemagne augmentait de 32,8% !
Avant la crise financière, entre janvier 1999 et décembre
2008, la divergence était nette. Sur la période, la production manufacturière
de la France n’a augmenté que de 3,4% alors que celle de l’Allemagne gagnait
32,4%. La crise s’est avérée destructrice pour la France, où la production
manufacturière a diminué de 15,2% entre janvier 2009 et avril 2013. Sur la
même période, celle de l’Allemagne a bien résisté et n’a souffert que d’une
baisse de 1,5%. Les données relatives à la production industrielle démontrent
que depuis la création de l’union monétaire, la Grande-Bretagne a enregistré
de meilleures performances que la France, qui se trouve clairement proche des
économies périphériques en difficultés que sont l’Espagne et l’Italie.
Les données relatives à la croissance cumulée de la
production industrielle présentent que la divergence entre la France et
l’Allemagne est identique sur la quasi-totalité des secteurs industriels.
Les carences de l’union monétaires étaient évidentes dès
le début
La responsabilité de ceux qui sont à l’origine de la
création de l’union monétaire est grande, parce que bon nombre d’entre eux
avaient conscience de ses défauts. Ce fait a été très bien documenté par Geert De Clercq (2011).
Il ne fait aucun doute que les experts avaient conscience
que les mécanismes de la devise commune entraîneraient un financement
implicite des pays du sud par les pays du nord. Avant de rejoindre la BCE en
1998, Otmar Issing a lui-même publié un article
dans lequel il mettait en garde contre les transferts de liquide
qu’impliquerait la devise unique entre les pays membres, et les tensions
politiques qui en découleraient. Bien que la demande faite par la Bundesbank
aux autres pays de l’Eurosystème au regard de
TARGET ait posé beaucoup de questions en Allemagne, un phénomène de ce type a
été identifié dès le départ, avant même le lancement de l’euro – par Garber,
entre autres.
Les conséquences pour la France
Bien que la France n’ait pas fait l’expérience d’une bulle
sur l’immobilier et d’un endettement excessif du secteur privé comparable à
ceux des pays de l’Europe du sud, la compétitivité du pays et la
profitabilité de son industrie se sont trouvées détériorées depuis le
lancement de l’euro. En conséquence, son déficit commercial n’a cessé de
s’accroitre, et sa capacité de production a grandement souffert.