Le PIB européen a progressé de 0,6 % au T3 2017, enregistrant ainsi un dix-huitième trimestre de croissance consécutif. Ce résultat est présenté comme une réussite. La vérité est que cela n’est pas significatif : l’économie européenne poursuit son chemin vers les abysses.
Avec 0,6 % de croissance trimestrielle, nous n’obtenons même pas la croissance moyenne que nous avons connue à la fin des années 90 ou au milieu de la première décennie du millénaire. Les trimestres les plus positifs sont déjà inférieurs aux moyennes historiques, ce qui est révélateur. Cela suggère que l’économie européenne traverse toujours une période de difficultés.
Étant donné que même les trimestres les plus positifs ne sont pas extraordinaires, nous ne disposons pas de l’impulsion nécessaire pour compenser la contraction linéaire que nous avons connue. L’économie faiblit. Et même si le PIB progresse ensuite, même pendant 18 trimestres consécutifs, le différentiel n’est pas compensé.
L’écart par rapport à la tendance de la croissance européenne d’avant la crise continue de se creuser, même après 4 ans et demi de « croissance » constante. Le fossé d’aujourd’hui est même encore plus grand par rapport au pire de la « re-récession » du premier trimestre 2013.
De la perspective d’une croissance robuste et de politiques monétaires couronnées de succès, les responsables de la BCE devraient s’attendre à ce que l’inflation commence à se comporter comme espéré. Ce n’est pas le cas, alors que les derniers chiffres pour octobre 2017 suggèrent que les ennuis ne sont pas finis.
L’indicateur majeur en la matière, l’indice des prix à la consommation harmonisé, est en perte de vitesse à 1,4 % pour octobre. Pire encore, le taux « core » est de nouveau passé en dessous de la barre des 1 %. L’indice harmonisé ne cesse de s’éloigner de son objectif alors que cette faiblesse devait être transitoire. Lorsque les effets des prix du pétrole ont été digérés aux environs d’avril et de mai, les modèles de la BCE avaient prédit une petite accélération de l’inflation, durable, qui devait nous mener à l’objectif de 2 % au début 2018.
Le taux « core » de 0,9 % indique probablement que nous allons assister au scénario inverse, pour laisser ainsi en l’état le casse-tête mondial de l’inflation. Malgré les interventions massives et continues de la BCE sur l’euro, ces politiques monétaires n’ont aucune influence sur l’inflation, et donc sur les conditions monétaires qui prévalent dans l’économie réelle. (…)
Article de Jeffrey P. Snider, publié le 11 novembre 2017 sur AlhambraInvestments.com