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L'expérience de fiat monnaie continue

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Published : September 27th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Le mardi 30 août, Charles Evans, le président de la Fed de Chicago, estimait que la banque centrale américaine pourrait mettre en œuvre une politique monétaire encore plus accommodante malgré les signes d’amélioration de la conjoncture. Le même jour, Narayana Kocherlakota, son homologue de Minneapolis déclarait qu’il était susceptible de reconsidérer son opposition à un nouvel « assouplissement ». Voilà donc deux des douze membres du Federal Open Market Committee (FOMC), l’instance qui décide de la politique monétaire américaine, qui évoquent explicitement leur adhésion à l’idée selon laquelle la Federal Reserve devrait se montrer encore plus accommodante qu’elle ne l’a été au cours des trois dernières années et ce, à quelques jours de la prochaine réunion du FOMC (20/21 septembre). Clairement : le troisième round de Quantitative Easing (i.e. QE3) est officiellement sur la table et l’annonce par Ben Bernanke de son intention de maintenir le taux des Fed Funds à zéro jusqu’à mi-2013 suggère même qu’il a déjà commencé.


L’expérience de « fiat monnaie », qui consiste à s’assurer de taux d’intérêt aussi faibles  que possible en inondant le système bancaire américain de dollars fraîchement imprimés [1], continue.


Soyons clairs : si nous avions la preuve ou ne serait-ce qu’une intime conviction que les quelques 600 milliards de dollars injectés dans le système bancaire lors de QE2 avait eu un quelconque effet positif sur l’économie étasunienne, alors pourquoi pas 600 000 milliards cette fois-ci ? Nous aurions alors trouvé une solution radicale à la pauvreté, la faim et tous les maux qui accablent l’humanité depuis la nuit des temps : imprimer des dollars. Mais le fait est que nous n’avons aucune preuve en ce sens et quelques excellentes raisons de penser le contraire. Ce monde, décidément, manque cruellement de magie.


Voici les faits : à la fin du mois de juillet 2011, la base monétaire américaine (M0, la monnaie émise par la Federal Reserve) atteignait 2 684 milliards de dollar américains. Au total, depuis le 31 août 2008, elle a gonflé de 1 836 milliards de dollars ; c'est-à-dire que la banque centrale américaine a « imprimé » deux fois plus de dollars au cours de ces trois dernières années qu’elle n’en avait créé depuis sa fondation en 1913. Sur ces 1 836 milliards de dollars, seuls 194 milliards (11%) ont pris la forme de billets de banques dont l’essentiel circule maintenant dans l’économie. Le solde, soit 1 642 milliards (89%), est venu alimenter les comptes des banques commerciales auprès de la Federal Reserve sous forme de réserves excédentaires.


C'est-à-dire que la Fed injecte des centaines de milliards de dollar dans le système bancaire mais ce dernier ne veut plus prêter à tout va comme il le faisait précédemment ; le multiplicateur monétaire est cassé et il est cassé pour au moins deux raisons. Primo, les banques sont encore fragiles et craignent (non sans raison) une évolution défavorable de leur environnement règlementaire. Secundo, les entreprises comme les particuliers ne veulent tout simplement pas s’endetter et préfèrent accumuler une épargne de précaution.


C’est toute l’ironie de l’histoire : les keynésiens qui nous gouvernent prétendent réguler une défaillance du marché liée à un (soi disant) excès de pessimisme des acteurs de l’économie [2]. C’est cette vision du monde qui conduit nos décideurs à enchaîner plan de relance sur plan de relance et à faire baisser le niveau des taux d’intérêt à chaque fois qu’une récession se profile à l’horizon. Seulement voilà : les gens – qu’ils soient particuliers, chefs d’entreprise ou banquiers – pensent. Ils anticipent et adaptent leur comportement à leur perception du futur. Et que perçoivent-ils aujourd’hui ? Des taxes liées à l’endettement colossal de nos Etats et une instabilité règlementaire qui interdit à tout être humain doué de raison d’investir dans le moindre projet à long terme. En d’autres termes, les keynésiens nous démontrent que le pessimisme du marché n’est pas irrationnel ; il est, tout au contraire, parfaitement rationnel et trouve sa source dans les politiques de ceux-là mêmes qui prétendaient nous inciter à l’optimisme.


Reste donc une montagne de dollars qui attend de se déverser dans l’économie. Au 7 septembre 2011, la base monétaire américaine (M0) atteignait quelques 2 653 milliards de dollars soit plus du triple de ce qu’elle était il y a 3 trois ans. En 36 mois, la Fed a créé 1 802 milliards de dollars c'est-à-dire deux fois plus qu’elle n’en avait créé depuis sa fondation en 1913. Sur ce montant, environ 10% ont pris la forme de billets de banque, 3% ont permis aux banques de respecter leurs réserves obligatoires et les 87% restants sont actuellement détenus par les banques commerciales sous la forme de réserves excédentaires auprès des banques de la Fed. Ce sont donc 1 566 milliards de dollars qui ont été créés par la Fed ces trois dernières années et qui sont prêts à noyer l’économie américaine sous un déluge de « fiat monnaie ».


Le monde manque de magie mais l’histoire n’est pas avare en enseignements…C’est là que nous en sommes. La question n’est pas de savoir jusqu’où l’or peut monter mais plutôt de deviner jusqu’où le dollar peut baisser ; la réponse des apprentis sorciers de la Fed est claire : la limite, c’est zéro.


---

[1] C’est une image, la grande majorité des dollars créés par la Fed le sont sous forme électronique.

[2] Les « esprits animaux » de Keynes.


 

 

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Georges Kaplan ne s’appelle – de toute évidence – pas vraiment Georges Kaplan puisque Georges Kaplan est un leurre. Né en 1975 dans une grande ville du sud de la France qui fût autrefois prospère grâce à son port, Georges Kaplan a principalement quatre centres d’intérêts dans la vie : sa famille, la musique, les bateaux (à voile) et l’économie. Ceux qui le connaissent considèrent Georges Kaplan comme un « libéral chimiquement pur » qui pense pour l’essentiel s’inscrire dans la tradition de la pensée libérale classique française et celle de l’école autrichienne d’économie. Il gagne honnêtement sa vie sur les marchés financiers et publie régulièrement des articles sur son blog, sur Contrepoints.org et Causeur.fr.
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