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Lorsque les
historiens se pencheront sur ce début de 21ème
siècle, ils n’insisteront certainement pas sur
l’ «exubérance irrationnelle » des
marchés financiers, pour reprendre l’expression de
l’ancien Président de la Réserve Fédérale
américaine, Alan Greenspan, mais bien plutôt sur celle des
peuples.
Du moins, cela
sera le cas si l’histoire économique a progressé
d’ici-là, c’est-à-dire plus
généralement si l’enseignement, notamment secondaire,
n’est plus le fait de fonctionnaires de monopoles publics naturellement
incités à substituer l’idéologie à la
science.
Après
tout, on impute encore la Grande Dépression à un krach boursier
issu d’un capitalisme financier encore mal réglementé,
passant entièrement sous silence l’extension artificielle du
crédit par la politique monétaire au sortir de la
Première Guerre Mondiale, ainsi que l’abandon de la discipline
monétaire de l’étalon-or requise pour financer
l’une et l’autre.
L’attaque
contre l’exubérance irrationnelle des marchés financiers
est aujourd’hui quasi-universelle. Celle-ci ne consiste pourtant, par
exemple, qu’à accepter d’être la contrepartie de
risques importants en raison des profits qu’ils semblent permettre en
pariant sur la croissance continue du marché immobilier, comme AIG, ou
bien encore sur la solvabilité des États sud-Européens, comms MF Glogal ;
c’est-à-dire, plus généralement, à accepter
de croire en la politique monétaire et sa manipulation des taux
d’intérêt, qui permet d’étendre le
crédit aux ménages et aux gouvernements moins favorisés,
mais aussi bien d’augmenter la valeur des biens immobiliers, des bons
souverains, et plus généralement des marchés financiers.
Mais,
d’où viennent ces politiques elles-mêmes ? De
l’exubérance irrationnelle des peuples, qui croient possible
d’étendre l’accès à la
propriété par la planche à billets, ou bien encore de
financer la protection sociale par un endettement improductif.
Comment MF
Global n’a-t-elle pas vu que ses engagements étaient 40 fois
supérieurs à ses fonds propres, et l’exposaient à
des situations budgétaires intenables ? Mais, comment les
américains, pour prendre ce pays dont on pense
généralement qu’il n’offre aucune
sécurité sociale, peuvent-ils croire en un système de
protection promettant des bénéfices futurs équivalant 60
fois le PIB ? Comment peuvent-ils accepter l’accumulations
des déficits primaires, lesquels aggravent la dette publique de 10%
par an sous Obama ? Comment peuvent-ils
espérer sortir d’une telle impasse sans revenir en
arrière, grâce à la fuite en avant des « plans
de relance » qui… empirent les déficits,
l’endettement, et la manipulation monétaire ?
À peine
naissant encore, on peut le craindre, le mouvement des
« Indignés » est la meilleure illustration de
cette exubérance irrationnelle des peuples. « Il suffit de
taxer les riches », assurent-ils, alors que la plus simple
recherche sur l’internet, ou lecture de quelque journal un peu
sérieux, leur apprendrait que la confiscation de la totalité des revenus des 10%
des plus riches suffirait à peine à équilibrer revenus
et dépenses du pays.
On oublie trop
facilement que les peuples sont responsables de tout, en démocratie, y
compris des crises qui se succèdent en ce moment. Et s’ils sont
leurs propres victimes, c’est parce qu’ils s’imaginent
capables, par la politique,de
substituer leurs rêves à la réalité
économique.
Puis, lorsque
cette dernière se rappelle à eux, loin d’apprendre par
l’expérience, ceux-ci descendent dans la rue,
c’est-à-dire régressent dans le monde de l’enfance
où, comme disait le philosophe Alain, il semble suffisant de geindre
pour que les désirs se comblent. Ceci n’étant pas le
cas, le risque est alors que, frustrés, ils finissent par casser
leurs jouets.
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