« Les marchés financiers italiens sont extrêmement calmes
depuis un moment. Fin octobre, le gouvernement a été en mesure de vendre pour
2,5 milliards d’obligations sur 10 ans à un taux de 1,86 %, un plus bas depuis
décembre. Et surtout un incroyable exploit pour un pays qui a dû sauver il y
a 4 mois une banque majeure et intervenir auprès de 2 autres institutions
financières, tout en affichant une dette publique tellement importante
qu’elle paye 70 milliards d’euros par an pour la rembourser.
Il faut également ajouter à cela la décision récente de la BCE de réduire
ses achats obligatoires de 60 à 30 milliards d’ici le 1er janvier 2018. Il y
a également les 432 milliards de fonds Target 2 que le gouvernement italien
doit à la BCE, le retour probable de l’instabilité politique à l’approche de
l’échéance électorale de 2018, les référendums récents en Lombardie et en
Vénétie pour une plus grande autonomie fiscale et politique ainsi que
d’autres problèmes non-solutionnés dans le secteur bancaire italien.
Monte dei Paschi di Siena vit peut-être toujours, elle n’est pas sortie
d’affaire pour autant. La semaine dernière, son action a fait son grand
retour à la bourse après avoir été suspendue pendant 10 mois. Le titre a ouvert
à 4,10 euros mercredi pour grimper ensuite de 28 % à 5,6 euros et ensuite
clôturer le vendredi à 4,58 euros.
On est très loin des 6,49 euros payés par le gouvernement italien en août,
après avoir injecté 3,85 milliards dans la banque afin de la maintenir en
vie. Il a également dépensé 1,5 milliard supplémentaire pour protéger l’un
des porteurs de dette junior de la banque, dont la dette fut convertie en
titres. Dans le cadre du plan de sauvetage, la banque toscane fut obligée de
présenter un plan de licenciement de 5 500 postes et de fermeture de 600
agences d’ici 2021, ainsi que de transférer 28,6 milliards de prêts
non-performants et d’actifs non-stratégiques de diversification. Les
investisseurs se posent clairement des questions.
En Vénétie, la situation est même pire alors que 40 000 entreprises se
sont retrouvées devant des difficultés grandissantes pour se financer suite
au sauvetage impromptu des 2 plus grandes banques de la région, Popolare di
Vicenza et Veneto Banca.
Il n’y a pas que les entreprises et les investisseurs qui perdent
confiance dans le système financier italien. C’est également le cas des
particuliers. Seulement 16 % de la population fait confiance à sa banque,
d’après un sondage réalisé par le groupe SWG de Trieste.
La confiance dans la banque centrale italienne s’étiole également,
ayant chuté de 36 % à juin à 24 % en octobre. Cette défiance de la population
n’a pas empêché la banque centrale de prolonger de 6 ans le mandat de son
gouverneur, Ignazio Visco. (…) »
Source : WolfStreet.com