Alors qu’à l’approche de l’élection présidentielle, la France se raidit de plus en plus sur un paléo-socialisme poussiéreux, certains parlementaires de l’Union Européenne envisagent l’avenir avec le même prisme déformant montrant à quel point la vision catastrophiquement pessimiste de nos « élites » autoproclamées parvient à infuser une partie du reste du monde.
À l’instar d’autres sujets, comme la fessée qui a fini par être interdite puis, plus récemment, le loyer fictif dont le thème revient avec insistance, ces parlementaires ont décidé de remettre 2 euros dans la boîte à musique pour relancer le bastringue sur l’idée d’une taxe sur les robots.
Qu’elle est mignonne cette idée de taxe, qui passe tel un vieux chewing-gum insipide d’une bouche socialiste à l’autre, légèrement mâchouillée pour bien s’adapter aux différents publics à qui elle est destinée ! Et puis, tout le monde sait qu’une taxe sur les robots sera évidemment payée par les robots eux-mêmes, comme tout le monde sait qu’une taxe sur le lait est payée par les vaches, que les cotisations patronales sont évidemment payées par le patron directement de sa poche (mais si, bien sûr !) et que la lune est faite de fromage !
Depuis sa présence dans la bouche du petit Ben Hamon du Parti Socialoïde, le chewin-gum est allé se fourrer dans celle de ces parlementaires européens dans l’une de ces improbables commissions toujours prêtes à nous asséner l’un ou l’autre rapport imbuvable.
Dans une magnifique enfilade de non sequitur et d’affirmations sans preuves, pour nos élus, pas de doute : nous allons tous nous retrouver les bras ballants, à ne rien faire en regardant la planète se faire mettre en pièce par des robots devenus à la fois autonomes, rapides, efficaces et beaucoup trop intelligents pour nous. Mais si, c’est évident : puisque les robots vont progressivement nous remplacer dans toutes nos fonctions, alors nous n’aurons plus rien à faire, alors le travail humain ne vaudra plus rien, alors nous n’aurons plus de revenus puisque personne ne voudra nous embaucher, et nous allons donc tous mourir de faim.
Le suicide (ici & maintenant) est bien sûr une option envisageable en plus d’être délicieusement écologique, mais nos députés ont cependant quelques propositions pour nous éviter une fin misérable. Au-delà de la taxe qui revient sans surprise comme un mantra et forme la pierre d’angle de tout raisonnement politique ces jours-ci semble-t-il et qui, c’est garanti sur facture, va forcément aider la transition (mais si, puisqu’on vous le dit), nos députés proposent aussi de réfléchir à définir les différents types de robots possibles (les petits, les moyens, les gros, les gentils, les méchants, ceux qui sont intelligents ou ceux qui sont vraiment très très bêtes, etc… – catégories sujettes à changement), d’énumérer les droits que ces robots pourraient avoir, puis, enfin, à imposer plus ou moins finement un « kill switch », une fonctionnalité permettant d’arrêter net l’une de ces machines du diable lorsqu’elle viendra à tourner folle (la question n’étant pas « si » mais « quand », c’est évident).
C’est tout à fait rassurant, vous ne trouvez pas ?
Parce qu’en réalité, même si, parfois, une raie de lumière parvient à passer dans ces tunnels vraiment sombres de la pensée politique, à l’instar d’un récent rapport français (eh oui, français – tout arrive) qui estime que la destruction d’emplois induite par cette robotisation galopante ne sera peut-être pas un complet désastre, la tendance générale n’est vraiment pas à la réjouissance ; ici, on insistera sur le poste sur dix qui va disparaître à courte échéance, gobé par l’intelligence artificielle et l’automatisation. Là et avec les arguments affûtés qu’on peut attendre de la fine fleur philosophico-sociologique franchouille, on se désole que cette révolution robotique nous mène à notre perte, entièrement vouée qu’elle est aux gémonies du capitalisme privé apatride méchant méchant et surtout technolibéral (et vlan, un libéralisme de plus dans la brouette bien chargée des démons).
Si, après cela, vous êtes encore enthousiaste à l’idée que l’Humain puisse se dégager un peu plus de ses nombreuses contraintes physiques, c’est que vous n’êtes qu’un monstre froid, calculateur et égoïste, c’est-à-dire un gros libéral mangeur de chatons (ce dernier étant, internet aidant, la mesure ultime de la mignonitude dans l’équation maintenant célèbre que plus il y a de chatons, plus c’est gentil, et moins il y en, plus c’est l’œuvre du capitalisme libéral apatride patati patata). Par définition, la robotique et l’intelligence artificielle, c’est l’évaporation du chaton.
Pourtant, des éléments factuels permettent tout de même de prendre un peu de recul et d’évacuer assez fermement les remarques les plus évidentes.
Il y a quelques pays dont le nombre de robots par habitants est très nettement supérieur à celui de la France, à commencer par l’Allemagne voisine, et qui ne présentent pour autant pas du tout le profil de pays sinistrés. Au contraire. Cela doit vouloir dire quelque chose, mais quoi diable ?
Il y a l’histoire, certes récente mais néanmoins répétée sur les 2000 dernières années, de toutes ces régions, de tous ces pays, ces continents mêmes qui n’hésitèrent pas et n’hésitent toujours pas à utiliser une invention, à remplacer l’une ou l’autre opération auparavant manuelle par des automates ou des mécanismes malins, à décharger l’Homme de son fardeau. À chaque fois, on a observé une amélioration des niveaux de vie au lieu d’une augmentation de la misère. Cela doit vouloir dire quelque chose, mais quoi diable ?
Il y a le fait que les besoins humains ne sont jamais restés figés sur ce qu’il était possible d’avoir à mesure que, justement, le champ des possibles augmentait. Au début du XXème siècle, avoir l’électricité et l’eau courante vous plaçait dans la bourgeoisie aisée. De nos jours, il faut aller dans les pays où, justement, l’automatisation n’est pas même un rêve pour retrouver ce niveau d’exigences.
En fait, comme je l’ai développé dans de précédents articles (ici et là notamment), la révolution robotique qui pointe son nez, aussi profonde, aussi rapide soit-elle ne changera pas la donne économique : à mesure que les prix des biens et services automatisés chuteront, les humains déplaceront leurs besoins sur des produits et des services peu ou pas touchés par cette révolution, ou, plus probable encore, en créeront de tous nouveaux (et dans cette hypothèse peu hardie, l’absence d’imagination des détracteurs de cet argument n’est pas une excuse).
Enfin, on évoque toujours le cas de ceux qui, remplacés par des robots, se trouveront (inévitablement) sans travail. On oublie, systématiquement, que cette notion d’absence de travail n’est valable que lorsqu’on a auparavant consciencieusement verrouillé le marché du travail : barrières à l’entrée avec des règlementations, patentes et contraintes de plus en plus lourdes, obstacles continuels à la bonne marche et au développement des entreprises, barrières à la sortie en empêchant capitalisation, héritage ou constitution de rente, et, par dessus-tout, institutionnalisation nécrogène de l’entraide humaine dans une solidarité étatique millimétrée.
La révolution robotique arrive, qu’on le veuille ou non. Or, tout montre que les choix de sociétés qui sont fait actuellement (et notamment votés par toute une génération qui ne sera plus là pour en subir les conséquences) vont durablement gêner les capacités d’adaptation naturelle des sociétés et des individus qui les composent.
Bonne nouvelle cependant : le coupable est déjà trouvé ! Ce sera le technolibéralisme, pardi !
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