In the same category

L’horreur du vide

IMG Auteur
 
Published : October 08th, 2012
594 words - Reading time : 1 - 2 minutes
( 13 votes, 3.1/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Editorials

 

 

 

 

La récente tentative de stabilisation de la crise européenne de la dette repose comme on le sait sur deux piliers : une union bancaire destinée à surveiller et renflouer les banques, et un programme de stabilisation du marché de la dette souveraine soutenu par la BCE. Leur objectif commun est d’enfin maîtriser un désendettement chaotique menaçant de dégénérer en permanence.


Mais ces dispositifs, annoncés encore une fois à grand fracas, ont vite pris l’apparence de pétards mouillés, faute de pouvoir être appliqués dans la foulée et en raison même de leur conception. Les banques allemandes, finlandaises et hollandaises ne sont pas prêtes à se cotiser pour contribuer à aider leurs consœurs en péril, et la BCE ne peut intervenir tant que le gouvernement espagnol continuera de faire traîner les choses en longueur, soutenu en cela par un gouvernement allemand prisonnier de ses échéances politiques de l’automne prochain.


Un grand dessein, comme les dirigeants politiques les affectionnent tant – une vision disent-ils – est parallèlement en préparation. Il vise à renforcer par étapes l’intégration européenne sous ses aspects fiscaux, bancaires, économiques et politiques (écartant comme à l’accoutumée le volet social). Une longue marche est entreprise, qui va donner du grain à moudre aux dirigeants européens sur leur terrain d’excellence : celui du compromis bancal. Le tout présenté comme étant la solution à la crise et permettant de poursuivre la stratégie de déflation salariale entreprise. Tout cela tient beaucoup du discours et prétend isoler la crise de la dette européenne de celle de toute l’économie occidentale.


Deux phénomènes perturbent par avance la bonne marche de ce plan dont le lent rythme de réalisation n’est pas synchrone avec celui de la crise : l’approfondissement de la récession européenne et la crise sociale et politique combinée qui monte. Symbole du premier, l’économie française va selon l’INSEE continuer de stagner pour le cinquième trimestre consécutif, augurant mal la concrétisation des projections gouvernementales de croissance (+0,8 % en 2013) sur lesquelles le budget est bâti. La fragilité croissante des coalitions gouvernementales grecque et portugaise, ainsi que celle du gouvernement espagnol créent de leur côté une situation potentielle de vide inquiétante : il n’est plus possible de renvoyer le sortant pour promouvoir son opposant, cela a déjà été fait !


Les politologues évoquent le malaise qu’ils ressentent sans l’analyser, pour souligner le danger populiste, préférant agiter ce repoussoir plutôt que de prendre l’exacte mesure de ce qui traverse la société et une opinion publique à qui les dirigeants politiques ont de plus en plus de mal à en conter. Quant à la crise sociale, elle n’est pas de leur ressort ! S’il n’a pas de traduction politique, le désamour ne s’approfondit pas moins. Il donne une nouvelle dimension à ce qu’il serait erroné de traduire par de la simple résignation, mais qui doit plutôt être qualifié de contestation rampante en mal d’expression. À qui la faute si les gouvernants ne savent pas y apporter de réponse ?


Progressivement, la crise s’étale géographiquement et acquiert de nouvelles dimensions. Dernière étape en date, elle est un mélange inédit de crise sociale et politique.



Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 

<< Previous article
Rate : Average note :3.1 (13 votes)
>> Next article
Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.