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L’IDÉOLOGIE SYNDICALE EST ÉGALEMENT CELLE DE L’ÉTAT

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Published : January 17th, 2004
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À la veille du nouvel an, les chefs syndicaux prévenaient le gouvernement que si leurs membres n’obtenaient pas ce qu’ils demandaient, l’année 2004 serait turbulente. Ils se servaient d’un sondage défavorable aux dirigeants gouvernementaux pour les ébranler davantage. À l’instar des politiciens, les chefs syndicaux manipulent l'humeur des gens et la vérité, diabolisent la concurrence et utilisent la coercition. Malgré cette opposition de façade entre les syndicats et l’actuel gouvernement, l’idéologie défendue par les syndicats est essentiellement étatiste. Les deux s’appuient sur la coercition et l’extorsion. 


Les syndiqués qui se plaignent sont majoritairement des employés du gouvernement. Ces derniers, qu’ils soient syndiqués en bonne et due forme ou membres de corporations professionnelles, dérangent toujours plus que ceux du secteur privé, car ils constituent des monopoles au sein de monopoles ou de quasi-monopoles d’État. Ainsi, depuis un an, la population a subi les «journées d’études» des médecins – c’est que lorsqu’on est médecin on ne fait pas la grève, on «étudie» –, les moyens de pression des cols blancs, des enseignants, des techniciennes en garderie, des policiers, et au niveau municipal, les méfaits des pompiers, des cols bleus, des chauffeurs d’autobus et autres employés de la Société de transport de Montréal.  
  
          Rappelons d’abord une réalité trop souvent oubliée, voire complètement ignorée de la population en général: l'impôt payé par le fonctionnaire est brut, mais ce qui lui reste n'en demeure pas moins des impôts payés par le contribuable. Le premier vit au crochet du second sans lequel il ne peut pas exister. Puisqu’on est forcé de payer, on peut donc qualifier les impôts de vol. Que celui-ci soit justifié par une majorité ou au nom du «bien commun» ne tient pas la route. Perpétrer un mal dans le but d’accomplir un bien est immoral. Ainsi, les fonctionnaires laissent au gouvernement le soin de nous voler, tandis qu’eux se chargent de faire la casse ou de nous intimider quand ils n’en ont pas assez. Bref, ne cherchez pas la loi de la jungle dans le marché, c’est au secteur public qu’elle se trouve.  
  
          Les chefs syndicaux, à l’instar des politiciens, tentent, en vain, de justifier leurs méfaits. Ils disent ne pas vouloir s’en prendre aux gens, mais seulement au gouvernement et à l’entreprise privée – celle-ci est toujours dans leur ligne de tir, peu importe qu'ils y travaillent ou non, car ils la considèrent exploiteuse. Or, en bloquant les routes ou en empêchant l'activité économique de se poursuivre d'une manière ou d'une autre, les syndiqués s'en prennent nécessairement à tous les citoyens ordinaires dont ils dépendent. Ils crachent dans la main qui pourtant les nourrit.  


Services essentiels 


Les fonctionnaires prétendent que leurs services sont essentiels et qu’ils doivent être fournis par eux. Or, il ne suffit pas d’invoquer un besoin pour justifier l’État. La nourriture et le logement sont produits grâce à des mécanismes de marché et constituent des besoins beaucoup plus essentiels que tout ce qui est offert par le gouvernement. Il n’y a absolument rien qui ne peut être offert par le secteur privé si on veut bien lui en laisser la chance; sans compter que moins il est entravé par le gouvernement, meilleur est le service.  


Dans le but de maintenir la paix sociale, le gouvernement, il y a quelque 50 ans, a permis aux syndicats de forcer les travailleurs à y cotiser. Où est passée la liberté de choisir, le droit de dire non? Plutôt que d’obtenir la paix, il a crée un monstre dont il ne sait maintenant plus comment arrêter les agissements destructeurs.  
  
          Le gouvernement et les organismes sans but lucratif (financés à même vos taxes) ont tout intérêt à salir le secteur privé comme pratiquant de la discrimination, car ils vivent eux-mêmes de la discrimination soi-disant positive. Celle-ci est pratiquée, encouragée et financée par le gouvernement, qui prétend ainsi «renverser» ou corriger un mal présumé. Or, l’État crée ce mal de toutes pièces. Le gouvernement engage des gens qui sont tout à fait incapables de suivre le rythme, mais qui recevront néanmoins le même salaire grâce aux conventions collectives.  
  
          Ainsi le salaire du fonctionnaire ne varie pas selon sa capacité de production, mais selon son «ancienneté». Lorsqu’il atteint celle-ci il est pratiquement impossible de le déloger. Plusieurs fonctionnaires en profitent pour s’asseoir sur leurs lauriers, si cela n'a pas été fait plus tôt. Vous y trouvez donc plus de fainéants qu’ailleurs, car peu importe ce qu’ils font ils ont le même salaire grâce au syndicat.  
  
          Les sociaux-démocrates qualifient ces pratiques de «justice sociale», soit une pseudo générosité rendue avec l’argent des autres. Ne reste plus qu’à inviter tout le monde à travailler pour le gouvernement ou en être bénéficiaires. Ainsi, comme il ne restera plus personne à taxer, la justice sociale pourra être admirée dans toute sa splendeur, soit la destruction complète de l’économie.  
  
          Il est très difficile pour une agence gouvernementale de mesurer son efficacité, car elle taxe au lieu de demander un prix. C’est la même raison qui explique qu’elle ne meurt jamais. Plus le gouvernement est inefficace, plus il taxe. Aussi dur que cela puisse paraître, la possibilité de ne plus exister demain comme entreprise est essentielle à l’efficacité des services et à l’enrichissement des gens.  
  
          Maintenir des emplois qui ne sont pas sujets aux prix librement établis ne constitue pas de la solidarité mais de l’égoïsme, car d’autres services plus utiles pourraient voir le jour. La taxation, en plus d’être injuste, brouille l’information nécessaire à une allocation judicieuse des ressources. Lorsque les syndicats chantent la solidarité ils ne pensent pas à vous, mais à eux. C’est l’égoïsme qui les meut, et c’est avec l’argent des autres qu’ils se gonflent de supériorité morale.  
  
          Lorsque le gouvernement édicte des lois qui font des syndicats des monopoles ou quasi-monopoles, il ne faut se surprendre des problèmes qui s’ensuivent. Le gouvernement doit-il casser le syndicat pour corriger cette erreur? Non, les syndicats ont leur place en autant qu’on ne les protège pas de la concurrence et qu’on n’oblige pas les travailleurs à y adhérer ou à y cotiser. Si le gouvernement est incapable de réduire la taille de l’État, peut-être qu’un jour la population s’en chargera en disant non au vol, c’est-à-dire aux taxes et impôts. Les hommes de l’État ont tout intérêt à prendre cette menace au sérieux. Puisque le syndicat tire sa force démesurée de l'État, au sein duquel il cherche à vivre comme lui au crochet du marché, on n’a pas à casser le syndicat mais à réduire l’État. Le syndicat sera réduit d’autant et dans le meilleur intérêt de tous. 



André Dorais



André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.



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