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À la veille du
nouvel an, les chefs syndicaux prévenaient le gouvernement que si
leurs membres n’obtenaient pas ce qu’ils demandaient,
l’année 2004 serait turbulente. Ils se servaient d’un
sondage défavorable aux dirigeants gouvernementaux pour les
ébranler davantage. À l’instar des politiciens, les chefs
syndicaux manipulent l'humeur des gens et la vérité,
diabolisent la concurrence et utilisent la coercition. Malgré cette
opposition de façade entre les syndicats et l’actuel
gouvernement, l’idéologie défendue par les syndicats est
essentiellement étatiste. Les deux s’appuient sur la coercition
et l’extorsion.
Les syndiqués
qui se plaignent sont majoritairement des employés du gouvernement.
Ces derniers, qu’ils soient syndiqués en bonne et due forme ou
membres de corporations professionnelles, dérangent toujours plus que
ceux du secteur privé, car ils constituent des monopoles au sein de
monopoles ou de quasi-monopoles d’État. Ainsi, depuis un an, la
population a subi les «journées d’études» des
médecins – c’est que lorsqu’on est médecin on
ne fait pas la grève, on «étudie» –, les
moyens de pression des cols blancs, des enseignants, des techniciennes en
garderie, des policiers, et au niveau municipal, les méfaits des
pompiers, des cols bleus, des chauffeurs d’autobus et autres
employés de la Société de transport de
Montréal.
Rappelons d’abord une réalité trop souvent
oubliée, voire complètement ignorée de la population en
général: l'impôt payé par le fonctionnaire est
brut, mais ce qui lui reste n'en demeure pas moins des impôts
payés par le contribuable. Le premier vit au crochet du second sans
lequel il ne peut pas exister. Puisqu’on est forcé de payer, on
peut donc qualifier les impôts de vol. Que celui-ci soit
justifié par une majorité ou au nom du «bien
commun» ne tient pas la route. Perpétrer un mal dans le but
d’accomplir un bien est immoral. Ainsi, les fonctionnaires laissent au
gouvernement le soin de nous voler, tandis qu’eux se chargent de faire
la casse ou de nous intimider quand ils n’en ont pas assez. Bref, ne
cherchez pas la loi de la jungle dans le marché, c’est au
secteur public qu’elle se trouve.
Les chefs syndicaux, à l’instar des politiciens, tentent, en
vain, de justifier leurs méfaits. Ils disent ne pas vouloir s’en
prendre aux gens, mais seulement au gouvernement et à
l’entreprise privée – celle-ci est toujours dans leur
ligne de tir, peu importe qu'ils y travaillent ou non, car ils la
considèrent exploiteuse. Or, en bloquant les routes ou en
empêchant l'activité économique de se poursuivre d'une
manière ou d'une autre, les syndiqués s'en prennent
nécessairement à tous les citoyens ordinaires dont ils
dépendent. Ils crachent dans la main qui pourtant les nourrit.
Services essentiels
Les fonctionnaires
prétendent que leurs services sont essentiels et qu’ils doivent
être fournis par eux. Or, il ne suffit pas d’invoquer un besoin
pour justifier l’État. La nourriture et le logement sont
produits grâce à des mécanismes de marché et
constituent des besoins beaucoup plus essentiels que tout ce qui est offert
par le gouvernement. Il n’y a absolument rien qui ne peut être
offert par le secteur privé si on veut bien lui en laisser la chance;
sans compter que moins il est entravé par le gouvernement, meilleur
est le service.
Dans le but de
maintenir la paix sociale, le gouvernement, il y a quelque 50 ans, a permis
aux syndicats de forcer les travailleurs à y cotiser. Où est
passée la liberté de choisir, le droit de dire non?
Plutôt que d’obtenir la paix, il a crée un monstre dont il
ne sait maintenant plus comment arrêter les agissements
destructeurs.
Le gouvernement et les organismes sans but lucratif (financés à
même vos taxes) ont tout intérêt à salir le secteur
privé comme pratiquant de la discrimination, car ils vivent
eux-mêmes de la discrimination soi-disant positive. Celle-ci est
pratiquée, encouragée et financée par le gouvernement,
qui prétend ainsi «renverser» ou corriger un mal
présumé. Or, l’État crée ce mal de toutes
pièces. Le gouvernement engage des gens qui sont tout à fait
incapables de suivre le rythme, mais qui recevront néanmoins le
même salaire grâce aux conventions collectives.
Ainsi le salaire du fonctionnaire ne varie pas selon sa capacité de
production, mais selon son «ancienneté». Lorsqu’il
atteint celle-ci il est pratiquement impossible de le déloger.
Plusieurs fonctionnaires en profitent pour s’asseoir sur leurs
lauriers, si cela n'a pas été fait plus tôt. Vous y
trouvez donc plus de fainéants qu’ailleurs, car peu importe ce
qu’ils font ils ont le même salaire grâce au
syndicat.
Les sociaux-démocrates qualifient ces pratiques de «justice
sociale», soit une pseudo générosité rendue avec
l’argent des autres. Ne reste plus qu’à inviter tout le
monde à travailler pour le gouvernement ou en être
bénéficiaires. Ainsi, comme il ne restera plus personne
à taxer, la justice sociale pourra être admirée dans
toute sa splendeur, soit la destruction complète de
l’économie.
Il est très difficile pour une agence gouvernementale de mesurer son
efficacité, car elle taxe au lieu de demander un prix. C’est la
même raison qui explique qu’elle ne meurt jamais. Plus le gouvernement
est inefficace, plus il taxe. Aussi dur que cela puisse paraître, la
possibilité de ne plus exister demain comme entreprise est essentielle
à l’efficacité des services et à
l’enrichissement des gens.
Maintenir des emplois qui ne sont pas sujets aux prix librement
établis ne constitue pas de la solidarité mais de
l’égoïsme, car d’autres services plus utiles pourraient
voir le jour. La taxation, en plus d’être injuste, brouille
l’information nécessaire à une allocation judicieuse des
ressources. Lorsque les syndicats chantent la solidarité ils ne
pensent pas à vous, mais à eux. C’est
l’égoïsme qui les meut, et c’est avec l’argent
des autres qu’ils se gonflent de supériorité
morale.
Lorsque le gouvernement édicte des lois qui font des syndicats des
monopoles ou quasi-monopoles, il ne faut se surprendre des problèmes
qui s’ensuivent. Le gouvernement doit-il casser le syndicat pour
corriger cette erreur? Non, les syndicats ont leur place en autant
qu’on ne les protège pas de la concurrence et qu’on
n’oblige pas les travailleurs à y adhérer ou à y
cotiser. Si le gouvernement est incapable de réduire la taille de
l’État, peut-être qu’un jour la population
s’en chargera en disant non au vol, c’est-à-dire aux taxes
et impôts. Les hommes de l’État ont tout
intérêt à prendre cette menace au sérieux. Puisque
le syndicat tire sa force démesurée de l'État, au sein
duquel il cherche à vivre comme lui au crochet du marché, on
n’a pas à casser le syndicat mais à réduire
l’État. Le syndicat sera réduit d’autant et dans le
meilleur intérêt de tous.
André Dorais
André
Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à
Montréal.
Les vues présentées par l’auteur sont
les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire
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