Un simple coup d’œil au
graphique de la récente évolution des prix de l’immobilier par ville aux
Etats-Unis m’a suffi à devoir m’asseoir les bras croisés armé d’un Tylenol
extra-fort et d’une flasque de Glennfiddich. Et Zero Hedge ne parle plus que
du rebond des matières premières depuis qu’il en a déterminé la raison.
Depuis la minute où Janet
Yellen a passé, le 11 février dernier, un coup de téléphone à Mark Carney,
gouverneur de la banque d’Angleterre – qui a été suivi d’un appel au
directeur de la BCE, Mario Draghi, le jour suivant – les quatre plus gros
marchés de la planète ont changé de direction, et tous les marchés représentant
les plus gros risques pour le système bancaire se sont retournés pour ne plus
bouger depuis. Avant de prendre une deuxième gorgée de whisky, voici
l’historique des coups de téléphone passés par Yellen à Carney puis à Draghi.
Observons maintenant les
graphiques du S&P 500, du West Texas Intermediate, du cuivre et du bois.
Les actions représentent historiquement le baromètre de la croissance
économique. Le cuivre est largement perçu comme le baromètre de la demande
économique. Le WTI a, au mois de février, créé d’importantes dislocations sur
les marchés du crédit (HYG). Le bois est une substitution des
« prêts » du marché immobilier. Qu’est-ce que tous ces marchés ont
en commun ? Ils sont ceux auxquels le cartel bancaire international a
été surexposé et au travers desquels il s’est surendetté. Si ces marchés
avait continué de plonger pour un trimestre supplémentaire, des défauts
auraient dû être annoncés, dont les conséquences immédiates seraient allées à
l’encontre les banques. Voyez les changements importants qui se sont produits
les 11 et 12 février. Toutes les formes de collatéral bancaire sont remontées
alors que les mains invisibles de la Fed, de la Banque d’Angleterre et de la
BCE se mettaient au travail.
Jetons maintenant un œil sur
la relation entre le High-Yield Bond Market (HYG) et les actions, et le coup
de téléphone aujourd’hui légendaire passé par Janet Yellen le 11 février.
Tous les débats autour de la
croissance économique, des politiques de la Fed et de la gestion de
portefeuilles n’ont rien à voir avec l’analyse des valeurs mobilières, et
tout à voir avec la protection des banques. Il n’y a aucune provision en
place pour protéger les petits investisseurs, et de nombreuses provisions qui
protègent les banques. En s’assurant que le collatéral représenté par les
actifs souscrits par le cartel bancaire international continue de gonfler,
les banquiers protègent leur capacité à financer leurs campagnes politiques
et leurs agendas financiers.
En d’autres termes, le 11
février, ces banquiers centraux ont commandé la hausse des prix de ces
actifs, jugée nécessaire aux intérêts du cartel bancaire global.
Vous êtes-vous déjà rendu
compte qu’à chaque fois que nous sommes nourris par la Fed, l’objectif en est
de rassurer les gros actionnaires de l’institution non-gouvernementale qu’est
le « directoire de la Réserve fédérale » ? En recherchant
« The Creature from Jekyll Island » dans Google, vous obtiendrez
cette critique de l’excellent livre de G. Edward Griffin :
« The Creature from
Jekyll Island expose la trahison et le vol commis par la Réserve fédérale –
qui n’est curieusement ni fédérale, ni une réserve. Personne n’était encore
allé plus au cœur du problème que Griffin. Il s’agit d’une réalité qui
impacte presque tous les aspects de notre vie matérielle, puisque nous
gagnons et achetons probablement tout ce que nous avons sous forme et au
travers de billets de la Réserve fédérale. L’IRS n’est rien de plus qu’une agence
de recouvrement au service de la Réserve fédérale. Apprenez, vous-aussi, la
vérité sur ce mal qui étouffe notre société. »
Pourrait-on faire mieux (ou
pire) que ça ?
Nous connaîtrons aujourd’hui
l’issue de ces deux derniers jours de discussions entre les membres de la Fed
quant à l’avenir des politiques monétaires. La nouvelle sera aseptisée pour
sembler aller dans les intérêts du peuple américain, mais comme je l’ai
expliqué il y a quelques jours, vous devriez substituer le mot
« banque » à chaque fois que vous lirez « le peuple
américain » ou « le pays » dans n’importe quel rapport publié
par une agence gouvernementale ou une agence médiatique financière grand
public. Quelles en seront les conséquences pour l’avenir des prix de l’or et
de l’argent ? Parce que les trois grands banquiers que sont Yellen,
Carney et Draghi ont ordonné la hausse des collatéraux bancaires présentée
dans les graphiques ci-dessus, ils devront en conséquence laisser les deux
indicateurs de l’inflation que sont l’or et l’argent grimper afin de réduire
les attentes de déflation. L’importance de la hausse des prix des collatéraux
réside dans le fait qu’elle signale aux Béhémoths bancaires qu’ils ne peuvent
pas mener à bien leur plan de sauvetage artificiel du miracle de schiste duquel
est né le mythe d’autosuffisance énergétique des Etats-Unis sans permettre au
gaz naturel, au blé, au porc, mais aussi à l’or et à l’argent, de grimper.
Tout s’est joué comme prévu
aujourd’hui, avec une journée plutôt paisible pour les métaux et les sociétés
minières. Avec un HUI en hausse d’1%, nous approchons encore du niveau de
résistance de 210, mais plus longtemps il restera entre 195 et 210, plus nous
aurons de chances de voir survenir une correction. En revanche, l’or et
l’argent ont jusqu’à présent refusé de reculer, malgré la hausse du RSI et la
convergence de la moyenne mobile de convergence/divergence, et le sentiment
haussier est aujourd’hui tout aussi robuste qu’il l’était en 2009. Je
continuerai d’agir comme si une correction faisait son approche, en
conservant quelques options de vente sur les minières et en restant
suffisamment vendeur pour rester dans le jeu si jamais je me trompais. Ces
quelques prochains jours devraient révéler la véritable puissance de cette
hausse époustouflante des métaux, et nous indiquer s’ils pourront traverser
sans accrocs la saison traditionnellement faible des mois de mai à juillet.
Les négociants en or allument
de nouveau des cigares Cohibas à 50 dollars avec des billets de 100. Les
communiqués de presse sont de nouveau positifs, et bien que de beaux jours
puissent de nouveau être devant nous, j’évite de devenir trop complaisant
dans mes habitudes de négoce, sans quoi je risquerais de me retrouver à
nouveau à manger des boîtes de pâtée pour chien. Je ne peux pas me permettre
d’être négligent, trop confiant, ou les deux. Les fettucine alpo ne
sont pas mon repas favori ces jours-ci, la rigueur demeure cruciale.
Graphiques : Michael
Ballanger