Jean-Baptiste Say était un
homme d’affaire et un économiste Français d’une vingtaine d’années à l’époque
où la Bastille fut prise et laissa place à la Révolution. Bien que les terreurs
libérées par la Révolution soient ce dont nous nous rappelons de nos leçons
d’histoire, ce qui est moins bien connu est la situation économique difficile
à laquelle a fait face la France au cours de l’année 1789 : une
combinaison de dette publique et de déficit financier. Au cours des années
qui ont suivi, la France a souffert un effondrement monétaire inévitable.
C’est contre ses propres idées
que Say en a conclu que pour comprendre le commerce, il faut ignorer la
monnaie, parce que les gens créent des produits pour en acquérir d’autres, ou
que des produits sont achetés grâce à d’autres produits. Il a également écrit
que la monnaie n’a qu’une fonction momentanée dans ce double-échange, et
lorsqu’une transaction est terminée, on remarque toujours qu’une forme de
paiement a été échangée contre une autre.
Cette idée était largement
répandue jusqu’à la Dépression des années 1930, alors que Keynes développait
l’idée que ‘l’offre crée sa propre demande’. Keynes partait du principe que
la loi de Say ‘était équivalente à l’idée qu’il n’y ait aucun obstacle au
plein-emploi’ (Théorie Générale). Souvenez-vous que cela a été écrit après le
chômage de masse apporté par la Grande dépression. Keynes a écrit que la
consommation dépendait des ‘caractéristiques psychologiques de la communauté,
que nous devrions appeler la propension à consommer’. En d’autres termes,
l’activité économique dépend selon lui de l’esprit animal.
Nous pouvons immédiatement
déterminer où est le problème dans cette logique: Say, qui a observé une
société fonctionner avec et sans monnaie, savait que la vie pouvait continuer
sans monnaie, même si son absence était peu pratique. Pour lui, la monnaie
était là pour faciliter les transactions. Aux yeux de Keynes, la monnaie est
importante parce qu’elle donne au gouvernement un outil de stimulation de la
demande. La loi de Say est l’essence des marchés libres alors que le
Keynésianisme est la base de l’interventionnisme gouvernemental.
L’expérience que nous avons pu
faire des déficits budgétaires et des taux d’intérêts proches de zéro au
cours de ces cinq dernières années prouve que l’approche Keynésienne a
échoué : personne ne peut prétendre pouvoir raviver notre esprit animal.
Il suffit de réfléchir un instant pour réaliser qu’il est illogique de stimuler
la demande des consommateurs en ignorant la production.
Malheureusement, toutes les
dépenses qui ont visé à raviver « l’esprit animal » depuis les
années 1930 ont découlé sur une dette exponentielle à la fois pour les
gouvernements et leurs secteurs privés. L’inflation de la monnaie et du
crédit bancaire est désormais vue comme la manière ultime de repousser une
réconciliation avec la dette qui ne pourra qu’entraîner des banqueroutes de
grande échelle. En poursuivant des politiques économiques qui ont ignoré la
loi de Say, les gouvernements se sont jetés, ainsi que leurs citoyens, dans
une trappe de la dette de laquelle il n’y a pas de sortie visible.
La loi de Say sera à nouveau
mise à l’épreuve en cas de déclin de la valeur des devises, reflétant ces cinq
dernières années de politiques monétaires. Après tout, il a fait ses
observations après avoir fait l’expérience de l’hyperinflation du mandat de
France en 1796. Mais si la loi de Say tient encore la route, nous pourrons
nous réconforter à l’idée qu’il y a une vie économique après la mort
monétaire.