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« Pour réduire le
chômage nous avons besoin de croissance, de croissance en France, de
croissance en Europe », déclarait François Hollande le 26 mars 2013 lors de la
conférence de presse aux côtés du premier ministre
espagnol Mariano Rajoy à l’Élysée.
Ils étaient 18 400 chômeurs de plus au mois de
février. La France monte vers son plus haut niveau historique du
chômage avec 3,18 millions sans emploi, 5,2 millions toutes
catégories confondues. François Hollande croit toujours
qu’il va inverser la courbe du chômage. Mais invoquer la
croissance européenne comme moyen d’inverser cette courbe
apparaît comme un non-sens étant donné l’action
– pardon l’inaction – européenne du président
de la République.
En effet, pour
quelqu’un qui parle de la croissance européenne, il a
brillé par son absence lors des discussions sur Chypre, pourtant un
grave problème pour l’euro et la croissance européenne
justement. Angela Merkel, la chancelière
allemande, était sur tous les fronts, confirmant ainsi le statut
dominateur de l’Allemagne dans le concert européen. Mais la
France ? Où était monsieur Hollande ? Il n’était
tout simplement nulle part.
La France a
perdu sa place dans l’Union européenne et dans l’Eurogroupe. François Hollande s’est
braqué contre Angela Merkel dès le
début de son mandat. Il s’est élevé contre
l’austérité, mais n’a proposé aucune politique
de remplacement. Jouant contre l’Allemagne, il aurait dû former
autour de lui une coalition, au moins avec les États du Sud comme
l’Espagne et l’Italie, mais il n’en a rien fait. S’opposer
à Angela Merkel parce qu’il parie sur
une victoire des sociaux-démocrates allemands aux élections du
mois de septembre prochain est non seulement partisan, mais irresponsable. Il
n’a pas de soutien d’autres États membres, il ne
pèse pas dans les négociations, il n’a pas de ligne
directrice.
L’amitié
franco-allemande, cet axe autour duquel l’Europe tournait tant bien que
mal, n’existe plus. Nicolas Sarkozy, sans être forcément
plus efficace, avait au moins de la détermination et collait aux jupes
de la chancelière allemande. Le partenariat franco-allemand avait pris
ce surnom de « Merkozy » qui,
sans faire illusion sur la puissance française, marquait au moins la
présence de l’Hexagone sur tous les fronts et assurait la crédibilité
de sa parole, ce qui est important au niveau international.
Maintenant
l’Allemagne joue seule. Aucun des grands pays européens ne
l’égale. L’Espagne et l’Italie sont mal en point et
ont du mal à se gouverner eux-mêmes. Le Royaume-Uni regarde vers
les États-Unis et en fait pas partie de l’Eurogroupe.
La France est atone. L’action européenne de François
Hollande est à ce point inexistante que
durant les discussions sur Chypre, les Finlandais ont eu plus de poids que
les Français.
Le journal
britannique The Times avait ironisé
sur le fait que « les Français peuvent se réjouir
d’avoir Mister Bean aux
commandes. » Il est vrai que cela a fait l’affaire du premier
ministre britannique David Cameron, qui a trouvé une Angela Merkel toute disposée à discuter avec lui
et créer ainsi un axe Londres-Berlin. Historiquement, cet
axe-là a toujours été fatal à la France. Si Mister Bean fait rire, monsieur Hollande fait pleurer.
Alors ce 26
mars 2013, lorsque François Hollande parlait de relancer la croissance
européenne pour lutter contre le chômage, il ne faisait que
lancer des mots. Et pourtant, il insiste et croit qu’il peut stopper
l’augmentation des chômeurs : « ce n'est pas un problème de conviction, ce n'est pas
simplement une croyance, c'est une volonté, un objectif et je m'y
tiendrai avec des mesures que nous avons prises tout au long de ces derniers
mois et qui vont connaître leur effet. »
Personne n’y croit plus, Monsieur Hollande ! Par contre, beaucoup
croient qu’à ce rythme-là, vous risquez de vous retrouver
au chômage avant 2017.
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