Ce dimanche, je vous propose un billet paru il y a plus de 8 ans, parce que je me dis qu’il colle assez bien à l’actualité. Je vous laisse juge.
Les récents événements testostéronés de Grenoble et St Aignan ont provoqué, comme on a pu s’y attendre, une montée de virilisme d’opérette chez nos élus. D’opérette, car l’action concrète ne suit toujours pas, et comme le remarque fort justement ce fin praticien de la psyché humaine Philippepsy, le manque chronique de réponse aux exactions subies fait monter une saine colère chez des gens qui, d’habitude, sont honnêtes, calmes et plutôt enclins aux petits bisous que notre République adore distribuer en plus des sodomies festives. Que se passe-t-il au royaume des Francs, jadis si conquérants, preux et pas pleutres pour un sou ? Y aurait-il conspiration ?
Kevin mène l’enquête.
Kevin, c’est un de ces charmants Fluffys comme on en rencontre treize à la douzaine un peu partout : gentil, toujours prêt à aider les petits oiseaux et les marmottes, à planter une éolienne, très très compréhensif envers ceux qui ne sont pas né dans sa petite banlieue tranquille et sans histoire ; il aime le rap et les ritournelles simples, ne discrimine jamais rien ni personne, vote parce que dégensonmorpourça, et évidemment socialiste parce qu’à droite, ce sont tous des fachisses, et pense que tous ensemble, tous ensemble, on peut y arriver, sans trop savoir à quoi ni comment.
Evidemment, il voudrait bien devenir fonctionnaire, territorial de préférence pour ne pas être trop loin de son pôpa et de sa môman, mais son orthographe skyrockesque lui pose pour le moment quelques soucis.
Un beau matin, cependant, Kevin, jusqu’alors très compréhensif pour les racailles à casquette/survet’, se fait lâchement dérober son iPhone tout neuf reçu à son anniversaire quelques jours auparavant.
Il est tout véner le Kevin. On le comprend.
Mais … mais rien : Kevin n’a absolument pas de couilles.
Ce qui lui pose un problème de plus en plus gênant. Cela fait plusieurs mois qu’il voudrait s’en faire greffer une paire (une rumeur court que ce serait bien pratique, parfois), notamment depuis qu’il veut épouser Jennyfer, sa copine trans qui vient d’avoir une opération de greffage de foufoune pour ainsi former une union citoyenne et festive recommandée par les associations qui militent âprement dans son quartier.
Kevin, lui aussi, veut apporter sa pierre à l’édifice anti-discriminatoire et multiculturel fusionnoïde dont on lui chante les louanges sur les plateaux télés !
Seulement voilà : sans couille, point de salut. Pas d’union alternative expérimentale, pas de rébellion contre ceux qui le rackettent à la sortie du lycée, pas d’émancipation parentale, seule une adulescence prolongée jusqu’à une retraite par répartition, forfaitaire et rikiki.
Kevin, plein de cette assurance que seule la jeunesse peut excuser, se lance donc à la recherche d’une bonne et solide paire de couilles !
Au départ, il pense naturellement en trouver au supermarché local. Peau de zob en fait de couilles, il n’en trouve point : les étals des magasins de burnes sont vides. Quant à la hotline express 1-800-SPEEDY-BALLS, elle sonne occupé en permanence.
Tentant les filières obscures et le marché noir que la pratique quasi-quotidienne du petit joint citoyen décontracté lui avait fait découvrir, il se dit qu’il finira certainement par en trouver par ce biais, éventuellement d’occasion – mais bon état, peu servi, soyons un minimum exigeant. Après plusieurs semaines à interroger quelques sous-caïds du coin (dont l’un deux semble être, au passage, le voleur de son iPhone), la conclusion s’impose à lui : de nos jours, il est nettement plus facile de se procurer en France un Colt 45 ACP qu’une paire de balloches.
Kevin se rend durement compte que de couille point ne subsiste en royaume de Festivie : aucun fabricant ne se montre ; sur internet, les rares vendeurs s’avèrent rapidement être des sites fantômes et/ou abandonnés de longue date.
Kevin est stupéfait. Dépité, il songe un moment à se suicider, mais les jeux vidéos, la télé-réalité, les saillies de Frédéric Lefebvre et facebook lui permettent de remonter la pente.
En désespoir de cause, il se tourne vers le Gouvernemaman. Ce dernier sait, toujours, ce qu’il convient de faire en cas de crise. Vibrant d’un espoir nouveau, Kevin va donc, dans les semaines qui vont suivre, appeler chacun des ministères, remonter la hiérarchie confuse et complexe de toutes les commissions, de tous les organismes et institutions d’un état qu’il ne soupçonnait pas si tentaculaire.
Petit à petit, une nouvelle vérité, sombre, froide, terrible, se fait jour. Kevin découvre une conspiration gouvernementale qui consiste à couvrir de silence la disparition complète des couilles au royaume des Bisous Citoyens.
Des comités de justice, bien évidemment secrets, ont organise la répression et l’élimination des couilles dissidentes jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une couille, conservée en stase vivante par d’ingénieux mécanismes au sein du LGSPLLDLFPLCMPT, le Laboratoire Gouvernemental Secret Pour La Libération De La France Par La Couille Mais Plus Tard.
Cette couille est amenée régulièrement, dans une voiture blindée banalisée, aux membres du gouvernement dont l’un d’eux, tiré au sort, peut s’en servir pendant une courte période : elle permet ainsi au bénéficiaire temporaire de se sortir d’un éventuel scandale qui pourrait le toucher.
Rapidement alertés des découvertes plus ou moins invraisemblables du jeune Kevin, la presse s’empare de l’affaire. Libérature, le journal de référence, examine les pièces fournies et conclut à la rumeur mal fondée. Non, les couilles n’ont en réalité jamais existé en Festivie, et fantasmer sur leur existence revient à éviter la question de fond : quelles mesures sociales permettront d’atténuer le sort insupportable de ces jeunes qui se rebellent ?
Quelques jours plus tard d’une tempête médiatique qu’il a déclenché sans jamais pouvoir la maîtriser, Kevin, brisé, honteux et repentant, laisse tomber l’affaire : oui il a fabulé, non la couille, ça n’existe pas.
Evidemment, devant l’enfer médiatique, Jennyfer l’a plaqué.
On ne l’y reprendra plus.