L’aspect le plus amusant de l’acharnement
des médias sur le « piratage » des élections américaines par la
Russie est leur refus d’évoquer – ou même de réaliser – la tendance
incessante et continuelle des Etats-Unis à lancer des opérations de
propagande contre tous les autres pays du monde. Sans parler des organes de
propagande les plus anciens et les plus vénérables que sont Voice of America
et Radio Free Europe (petit rappel : le rideau de fer est tombé il y a
un quart de siècle). Pensez-vous qu’il n’y ait personne chez Langley, au
Pentagone, ou dans les deux millions de kilomètres carrés du centre de
données de la NSA dans l’Utah, qui soit chargé d’œuvrer jour et nuit pour
semer la confusion parmi les autres sociétés, dans le seul objectif d’en
rallier toujours plus à leur cause ?
L’offensive principale a été la
publication par le Washington Post le 26 novembre de The List, un
article qui a accusé des douzaines de blogs et de sites web de publier de « fausses
actualités », en accord avec les forces de désinformation russes. Cette
liste inclut Zero Hedge, Naked Capitalism et le blog de David Stockman. Un
certain nombre de sites complètement détraqués ont été ajoutés à la liste en
guise d’assaisonnement – The Daily Stormer (Nazis), Entime.com (un site
apocalyptique évangélique), GalacticConnection (OVNIs). Les autres sites de
la liste vont de presse à scandale à sites d’information précieux.
Aurions-nous pu espérer autre chose d’un pays qui dispose d’un accès à
internet ET d’un consensus complètement incohérent avec la réalité ?
Il est évident que la lutte que
se mènent les médias grand public et les actualités en ligne ait atteint son
apogée pendant les élections, les médias grand public ayant massivement pris
parti pour Hillary avant de sombrer dans une dépression nerveuse suite à sa
défaite. Désespérés d’expliquer son échec, le New York Times et le Washington Post ont accusé la Russie d’avoir piraté les
élections – parce que seule une intervention satanique pouvait expliquer la
défaite de Madame C’est-Mon-Tour. La Russie a donc piraté le Comité national
démocrate, présenté les emails d’Hillary à Wikileaks et saboté non seulement
Hillary, mais le gagne-pain de la termitière du Deep State américain. Un acte
impardonnable.
Autre aspect intéressant, ces
journaux et leurs servants de la télévision se sont très peu inquiétés de
savoir si les informations divulguées étaient vraies ou non – si les
donateurs de la Fondation Clinton ont réellement influencé les accords d’armements
passés par le Département d’Etat ; si le Comité national démocrate a
tout fait pour écraser Bernie Sanders lors des primaires ; si la
présidente temporaire du Comité national démocrate (et employée de CNN),
Donna Brazille, a transmis les questions des débats à Hillary ; ou
encore si les banques de Wall Street ont vraiment versé un quart de million
de dollars pour influencer les discours d’Hillary. Toutes ces accusations se
sont prouvées être vraies.
Et puis, quelques semaines après
les élections, la Chambre des représentants a adopté H.R. 6393, l’Intelligence
Authorization Act pour l’année fiscale 2017. Comme l’explique le bloggeur Ronald
Thomas West :
La section 501 demande au
gouvernement de « prendre de mesures préventives et neutralisantes
contre l’influence couverte de la Russie… déployée en coordination avec, ou à
la demande d’un certain nombre de chefs politiques et membres des services
secrets de la Fédération russe, bien que le rôle de la Fédération russe n’ait
pas été divulgué ou reconnu publiquement ».
Cette mesure n’a pas encore été
approuvée par le Sénat ou ratifiée, et l’approche des vacances pourrait l’empêcher
de l’être. Mais il reste facile de voir comment elle permettrait au Deep
State d’ordonner la clôture de n’importe quel site qui ne lui plairait pas.
Ma référence au Deep State pourrait vous pousser à me croire infecté par le
virus de la paranoïa. Ce dont je parle en revanche, ce n’est que de la
matrice de « sécurité » et de surveillance qui s’est développée
depuis les attaques du 11 septembre pour transformer la NSA en une
superstructure plus large encore que la CIA, le Département de la défense et
le FBI.
Une petite dose de paranoïa face
au comportement fasciste du gouvernement américain est un correcteur utile contre
les tendances dont les citoyens devraient le plus s’inquiéter – comme la militarisation
des forces de police ; la très outrageuse « confiscation civile »
qui permet à la police de voler l’argent et la propriété de citoyens sans
application régulière de la loi ; l’application irrégulière de la loi
dont font preuve les activités de la Fondation Clinton ; la mauvaise conduite
des banquiers ; ou les tentatives d’imposer une société sans espèces qui
forcerait tous les citoyens à intégrer un réseau de surveillance financière
et éliminerait complètement leur liberté économique.
Il s’agit là d’enjeux cruciaux,
à une heure où notre nation titube vers une nouvelle crise financière, et où
le Deep State est de plus en plus désespéré de recueillir la moindre pièce
pour se refinancer lui-même, ainsi que les banques too-big-to-fail et autres
institutions telles que Fannie Mae et Freddie Mac, qui se trouvent une
fois de plus avec entre les mains un gros sac de prêts immobiliers
non-performants. Sans parler des fonds de pension et des compagnies d’assurance
qui s’effondreront eux-aussi dans la grande crise qui devrait commencer dès
que Trump aura suspendu son logo doré au portique de la Maison blanche.