C’est un papier qui fait certes quelque peu communiqué officiel du
Politburo mais cela ne retire rien à l’intérêt de ce document.
L’internationalisation du Yuan n’est pas tant un « essor »
économique pour le monde que la matérialisation de la puissance économique
chinoise et la prise en compte de ces nouveaux équilibres dans le système
monétaire international et de façon générale dans les modes de gouvernance
mondiale.
Charles SANNAT
LIMA, 12 octobre (Xinhua) — Cette semaine, des annonces majeures ont
grandement fait avancer la cause de l’internationalisation de la monnaie
chinoise, ce qui devrait bénéficier davantage au monde.
Jeudi, la première phase du système de paiement interbancaire
international de Chine (CIPS) a été lancée à Shanghai, permettant aux
institutions financières de profiter de services de compensation et de
règlement pour les transactions transfrontalières en renminbi (RMB).
Vendredi, la présidente du Fonds monétaire international (FMI) Christine
Lagarde a annoncé que le FMI avait bientôt fini d’évaluer si le RMB allait
être inclus dans le panier monétaire des Droits de tirage spéciaux (DTS).
Ces annonces ont renforcé le statut du RMB en tant que monnaie mondiale,
et l’internationalisation rapide du RMB a parallèlement eu un impact positif
sur d’autres pays.
En mai dernier, lors de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang
au Chili, les deux pays ont convenu sur un swap de devises d’une valeur de 22
milliards de yuans (3,5 milliards de dollars) dans les trois prochaines
années, ce qui devrait promouvoir le commerce et les investissements
bilatéraux.
La Chine a convenu d’accorder un quota de 50 milliards de yuans (8,1
milliards de dollars) aux investisseurs institutionnels étrangers qualifiés
au Chili. La China Constuction Bank a été nommée en tant que banque en charge
de la compensation du yuan pour le Chili, devenant la première de ce genre en
Amérique Latine.
En janvier, l’Argentine a demandé le quatrième versement d’une valeur de
400 millions de dollars dans le cadre d’un swap de devises de 11 milliards de
dollars signé en juillet 2014.
Ces accords ont également aidé l’Argentine a réduire une partie de sa
dette, selon un rapport de la société de conseil argentine Ecolatina publié
au mois d’août. Un autre rapport publié par la société de conseil argentine
Econometrica a également révélé que ce swap avait « sauvé 2015 »
pour l’Argentine et « l’avait protégée de revers économiques
internationaux ».
En septembre, la Banque populaire de Chine a nommée la banque chinoise
ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) en tant que banque en charge
de la compensation du RMB en Argentine, facilitant le commerce et les investissements
bilatéraux.
Ces actions ont aidé l’Argentine, comme le révèlent les efforts du
gouverneur de la Banque centrale d’Argentine Alejandro Vanoli pour obtenir un
second swap de devises cette semaine.
L’ambassadeur de Chine en Argentine, Yang Wanming, a confié à l’agence de
presse argentine Noticias Argentinas fin septembre que « nous sommes
actuellement en train d’examiner cette requête (pour un second swap), car
nous accordons une grande importance à la coopération financière avec
l’Argentine ».
Comme le démontrent les exemples du Chili et de l’Argentine,
l’internationalisation du RMB aide les deux parties dans un moment de sévères
restrictions financières. Le dollar américain montant en flèche vis-à-vis des
devises latino-américaines, le RMB fournit une alternative puissante.
Avec les banques en charge de la compensation et les swaps de devises, les
pays tels que l’Argentine et le Chili peuvent renforcer leurs réserves de
change dans une nouvelle dénomination et promouvoir le commerce bilatéral
avec l’un de leurs partenaires clés. Pour la Chine, cela fixe le RMB en tant
qu’alternative viable face au dollar américain.
Bien que le RMB n’ait pas la présence de la monnaie américaine en terme de
commerce mondial, il est maintenant plus logique pour les pays de l’utiliser
pour le commerce avec la Chine ou des entreprises chinoises.
Le tant-attendu système de paiement international CIPS, lancé par la
banque centrale de Chine, inclut 19 banques chinoises et étrangères en tant
que participants directs. Les participants indirects incluent 38 banques
chinoises et 138 banques étrangères, a indiqué la banque centrale dans un
communiqué.
De telles actions aident également à soulager les critiques de longues
dates selon lesquelles la Banque mondiale et le FMI sont les seules
organisations internationales vers lesquelles les pays en développement
puissent se tourner.
De nombreux pays, dont ceux qui soutiennent normalement la Banque
mondiale, saluent la compétition dans la finance internationale, comme l’on
peut également le voir dans la popularité de la Banque asiatique
d’investissements pour les infrastructures (BAII) proposée par la Chine.
Les pays latino-américains saluent la coopération financière avec la
Chine, car l’internationalisation du RMB a déjà bénéficié et continuera à
bénéficier à la région.