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Depuis
quelques mois, le gouvernement américain ne cesse de venir en aide
à d'importantes entreprises financières: Bear Stearns, Fannie
Mae, Freddie Mac et, la dernière en date, AIG. L'aide accordée
à Bear Stearns, une banque d'investissement, a été
évaluée à 29 milliards de dollars américains,
celle promise à l'assureur AIG est de 85 milliards $, tandis que les
montants qui serviront à renflouer Fannie et Freddie sont
estimés à 25
milliards $ selon le Congrès, mais à quelque 1
500 milliards $ selon des sources privées.
AIG,
Fannie et Freddie passent également sous le contrôle
gouvernemental. En d'autres mots, Washington nationalise ces entreprises le
temps de les remettre sur rails. Or, pourquoi le gouvernement serait-il plus
apte que le marché à effectuer ce boulot? Les investisseurs
vont-ils se remettre à acheter ces titres sous le prétexte que
le gouvernement est prêt à saigner les contribuables pour les
garder à flot? Ces entreprises se sont retrouvées au bord du
gouffre malgré les avantages qu'elles avaient sur la concurrence, soit
de meilleurs prix et des taux d'intérêt plus bas
découlant de la garantie implicite du gouvernement de venir à
leur rescousse en cas de problème. Le gouvernement aurait dû les
laisser mourir plutôt que de les nationaliser. Cela démontre,
une fois de plus, qu'une intervention gouvernementale en invite une autre.
Le secrétaire
au Trésor, Henry Paulson, et le président de la Fed, Ben
Bernanke, ont finalement réussi à convaincre le Congrès
d'accepter un plan de 700 milliards $ pour acheter notamment ces titres
associés aux hypothèques « subprimes »
ayant une valeur incertaine. On fait donc passer le risque et la
responsabilité des mains de ceux qui ont pris de mauvaises
décisions à celles de l'ensemble des contribuables
Les
coûts pour les contribuables américains ne s'arrêtent pas
là. En effet, la FDIC, ou société d'assurance
dépôt, une autre créature de l'État
créée durant la Grande Dépression, en a
déjà plein les bras. Elle demande l'aide financière du
Congrès, car elle
prévoit des difficultés à rembourser les
épargnants qui cognent à sa porte (sur le même sujet on
peut également lire et entendre les propos de Nouriel
Roubini). Dédommager les épargnants de la seule
banque Indymac devrait lui coûter quelque 9 milliards $. Cet
organisme tente pourtant dans les médias de rassurer les
épargnants que leur argent est en sécurité, ce qui
constitue une véritable supercherie, car elle n'a jamais eu la capacité
de garantir ces dépôts et ne l'aura jamais. La seule garantie
est que le gouvernement va imposer les contribuables et utiliser sa planche
à billets pour les rembourser. La situation est similaire au Canada, en Europe
et dans plusieurs autres pays.
À cela s'ajoute l'aide
accordée, sous forme de prêts
avantageux et d'échange
d'actifs, à quelques gros joueurs du secteur financier. Lorsqu'on
comprend la nature et les conséquences de cette aide, on ne peut faire
autrement que de s'en indigner. En effet, qui n'aimerait pas échanger
quelques-uns de ses mauvais placements contre des bons du Trésor
garanti par l'État? Qui n'aimerait pas un congé
d'intérêt ou un peu plus d'argent à un taux plus bas que
partout ailleurs? Grâce à ces mécanismes, les banques ont
pu se procurer quelque 350 milliards $ depuis un an et le dernier plan
gouvernemental veut offrir cette aide à plus d'entreprises et en
rendre les critères d'éligibilité plus flexibles encore.
Malheureusement, pour avoir droit à ces cadeaux on doit intégrer
le cartel. Il y a effectivement des cartels que les gouvernements
défendent. On ne parle pas de « système »
monétaire et bancaire pour rien. Aucun autre secteur d'activité
économique n'est érigé en système.
On peut résumer
toute cette activité ainsi: on socialise les pertes et on privatise
les profits! Les critiques de gauche ont raison de dénoncer cette
injustice, mais ils n'en ont pas moins tort d'en accuser le capitalisme.
L'interventionnisme de l'État est le propre du socialisme, qui existe
en finance et aux États-Unis comme ailleurs. Ces sauvetages n'ont rien
à voir avec la générosité, ils sont
motivés par la peur des dirigeants du Trésor et de la
Réserve fédérale de voir s'écrouler les
institutions financières les unes après les autres.
Accuser les
spéculateurs ou les représentant véreux de compagnies de
finance d'être responsables de la crise financière passe
à côté de la source du problème, qui est le
monopole étatique sur la monnaie, de même que ses corollaires
que sont le régime des réserves
fractionnaires (c'est-à-dire une politique qui encourage les
banques à prêter plus d'argent qu'elles n'en ont dans leurs
coffres) et les politiques d'expansion monétaire (par la manipulation
des taux d'intérêt et l'injection massive de
« liquidités »). Cela ne veut pas dire qu'il
n'existe pas d'acteurs véreux dans le secteur financier, mais
plutôt que leur responsabilité est minime comparée
à celle des gouvernements. De même, il ne s'agit pas de nier la
responsabilité des entreprises relativement à leurs
déboires, mais de réaliser qu'il y a des facteurs externes
(l'inflation monétaire et ses conséquences) qui les ont
incitées à prendre plus de risques que ceux qu'elles auraient
assumés sans eux. Si nous avions un système monétaire
fondé sur des principes de libre marché et de respect des
contrats et du droit de propriété, le boom inflationniste des
dernières années et le crash actuel ne seraient jamais
survenus.
André Dorais
André
Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à
Montréal.
Les vues présentées par l’auteur sont les siennes
et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire
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