Le dollar US est au coeur du système
monétaire mondial car c'est la devise utilisée pour acheter le
pétrole partout dans le monde. Dans ce rôle, le plus petit
changement a un impact disproportionné sur l'importance du dollar
ainsi que sur sa valeur relative aux autres devises du monde. Si les pays
producteurs de pétrole décidaient d'utiliser d'autres devises
pour le paiement de leur pétrole, alors le système
monétaire mondial lui-même serait ébranlé, faisant
de l'or un refuge plus attractif et plus sûr sur le long terme pour
placer son épargne.
Ainsi, lorsque
nous avons été informés que l'Iran demandait aux
raffineries japonaises de payer tous leurs achats de pétrole brut en
yens, après que la banque centrale iranienne ait annoncé
qu'elle était en train de réduire ses réserves de
dollars US, nous avons réalisé que cela portait un coup
important au dollar et contribuera également à la chute
actuelle du dollar face aux autres devises, en dépit de toute reprise
à court terme.
L’Iran
réclame des transactions basées sur le yen « pour tous
vos achats à venir de pétrole brut iranien », selon
une lettre adressée aux raffineries japonaises signée Ali A. Arshi, directeur général du marketing et
des exports de pétrole brut chez National Iranian
Oil Co. à Téhéran. Selon cette
même lettre datée du 10 juillet, cette requête «
prend effet immédiatement » pour toutes les expéditions
de pétrole brut.
Les
importations annuelles de pétrole iranien coûtent au Japon 1240
milliards de yens (10,1 milliards de dollars), contre une demande mondiale de
pétrole s'élevant à environ 2354 milliards de dollars
par an. Cela ne représente pas une quantité énorme de
yens, et encore moins de dollars, mais l'événement est
significatif en cela qu'il représente une rupture d'avec le dollar et
surtout la possibilité de rompre d'avec le dollar.
A
présent, ajoutez à ceci la nouvelle politique des banques
centrales du Venezuela, de l'Indonésie et des Émirats Arabes
Unis, qui ont déclaré qu'elles investiraient moins de leurs
réserves en dollars à cause des perspectives d'affaiblissement
de ce dernier. À quel moment décideront-elles d'autoriser le
passage à une autre devise pour le paiement de leur
pétrole ?
L'Iran n'est
pas le seul à vouloir abandonner le dollar comme paiement pour son
pétrole. La Russie favorise déjà le paiement en roubles
pour ses exportations de pétrole en Oural afin de diminuer les risques
liés à la devise. Le pays prévoit d’ouvrir une
bourse des énergies à Saint-Pétersbourg au cours du
premier semestre 2008 afin d'échanger du pétrole en roubles, a
rapporté UBS AG le 14 juin. L'ambition de la Russie de devenir le
fournisseur majeur de l'Europe aura considérablement plus d'impact sur
le dollar et permettra également au rouble de rejoindre le peloton des
autres devises mondiales.
L'Iran a
demandé aux raffineries d'utiliser le taux d'échange du yen tel
que côté à la banque de Tokyo Mitsubishi le jour
même où les pétroliers sont chargés. L'utilisation
de lettres de crédit basées sur le yen pour acheter du
pétrole « a finalement été approuvée
» par la banque centrale iranienne et le NIOC, selon la lettre,
intitulée « Nouveau mécanisme de paiement pour les cargos
de pétrole brut iranien ».
Le Japon a
importé 159 millions de litres de pétrole brut iranien en mai,
ce qui représente la quantité la moins importante depuis juin
2006, selon les données du gouvernement. Seuls l'Arabie Saoudite et
les Émirats Arabes Unis fournissent davantage de pétrole au
Japon que l'Iran.
De plus, et de
bien moindre importance, est la politique de l'Iran de réduire ses
réserves de dollars US à moins de 20 % de ses réserves
totales de devises étrangères. Par conséquent, le pays
achètera davantage d'euros et de yens au fur et à mesure que
les tensions avec les États-Unis s'aggraveront, a
déclaré le 27 mars 2007 Ebrahim Sheibany, gouverneur de la banque centrale iranienne. Il
est important de se rendre compte que le contenu des réserves est loin
d'être aussi important que l'utilisation journalière qui est
faite du dollar pour acheter du pétrole, à moins qu'il soit aux
mains d'une nation telle que la Chine, qui possède (jusqu'ici) 1300
milliards de dollars, occupant une position statique dans la trésorerie
américaine et dans d’autres actifs libellés en dollars.
Par exemple,
si on réduisait l’utilisation du dollar pour les transactions
mondiales de pétrole de la moitié de 1177 milliards de dollars,
où iraient ces derniers ? Ils excéderaient les besoins
mondiaux. Comme nous le savons tous, cette quantité de dollars
inutilisés est suffisante pour embourber les échanges
étrangers qui cherchent un endroit où aller. Ils finiront par
être réabsorbés par le Trésor américain,
constituant un fardeau qui frappera durement à la fois le rendement du
Trésor et le taux d'échange du dollar. C'est pour ces raisons
que ce que nous avons décrit et qui attend le dollar US est si
pernicieux pour ce dernier. Nous avons ignoré l'effet sur tous les
autres utilisateurs du dollar, effet qui, si on le rajoute à tout
cela, ne fait que justifier davantage les investissements à court, moyen
et long terme dans l'or.
Nous venons juste d'apprendre que la Chine utilise désormais
l'euro pour ses contrats d'exportation. Ce changement a-t-il commencé
à s'étendre de manière significative ? Si ceci est une
pratique commune en Chine, alors le dollar subira une forte pression à
long terme. Nous continuerons de vous tenir informés de tels
événements ayant un impact sur le dollar.
Julian
D. W. Phillips
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