Aux yeux du groupe terroriste
islamiste du nom d’Etat islamique en Irak et au Levant, bien que la Syrie et
l’Irak aient été une région idéale ou initialement mener campagne, afin de
pouvoir survivre et prospérer, il n’est nul autre choix que celui de s’accaparer
de la récompense ultime : les gisements de pétrole d’Arabie Saoudite.
C’est dans cette direction que
se dirige actuellement le conflit pour le contrôle des plus gros gisements de
pétrole du monde.
L’Etat Islamique – qui tire
ses origines d’Al Qaeda – est parfaitement conscient du fait que sa survie en
tant qu’entité religieuse, politique, économique et militaire dans la région
dépend des mêmes objectifs que ceux établis par Al Qaeda alors qu’Oussama Ben
Laden mettait fin à ses relations avec la monarchie saoudienne et s’engageait
à détruire la Maison des Saoud.
La colère de Ben Laden envers
la monarchie saoudienne découlait du fait que le roi saoudien, Fahd bin Abdulaziz al Saoud, ait invité
l’armée américaine à stationner en Arabie Saoudite avant l’attaque contre
Saddam Hussein qui a fait suite à l’occupation du Koweït par les troupes irakiennes
en août 1990. Ben Laden n’était pas satisfait par la présence d’infidèles sur
la terre des deux mosquées sacrées, et a demandé au roi d’autoriser à son
organisation de se confronter aux troupes irakiennes.
L'Etat islamique ne sera en
sécurité qu’après avoir intégré l’Arabie Saoudite à son Califat. Il doit
prendre le contrôle de ses gisements de pétrole – ce qui explique les deux
prochains objectifs de l’EIIL.
Le premier est de capturer et
de sécuriser le pays le plus important du monde arabe : l’Arabie
Saoudite.
Si la bataille pour la Syrie
et l’Irak ont attiré dans ses filets des centaines (ou des milliers, selon
certaines sources) de jeunes musulmans du monde entier, la bataille pour les
deux sites les plus sacrés du monde, Médine et la Mecque, devrait attirer
beaucoup plus de combattants.
Le deuxième est de s’en prendre
aux Etats-Unis – la dernière superpuissance susceptible de mettre fin à son
avancée sur les terres pétrolières d’Arabie Saoudite et sur le reste du
Golfe.
Après un moment d'hésitation,
il semblerait que l’administration d’Obama ait réalisé l’ampleur du danger
représenté par l’EIIL. Washington et certains de ses alliés de l’OTAN se
préparent actuellement à combattre l’Etat islamique.
Il est en revanche nécessaire
de mentionner les conséquences des interventions passées de Washington au
Proche-Orient. L’Irak et l’Afghanistan sont le parfait exemple de ce qu’il ne
faut pas faire.
Même si les Etats-Unis peuvent
combattre l'Etat islamique militairement, leur victoire ne sera que
potentielle. Dès que les troupes américaines se retireront, les survivants de
l’EIIL sortiront de leur cachette, comme ils l’ont fait après la mort de
Saddam Hussein. Une intervention américaine ne fera qu’alimenter l’animosité
envers l’Occident en général, et envers les Etats-Unis en particulier. Et ce
ne sera pas nouveau.
La seule puissance susceptible
de combattre l’EIIL d’une manière qui pourrait sembler légitime aux autres
musulmans est l’Arabie Saoudite, comme l’ont expliqué Nawaf
Obaidn, membre du Centre Belfer
pour la science et les affaires internationales à l’Université d’Harvard, et Saud al-Sarhan, directeur de
recherches au Centre du roi Faisal pour la
recherche et les études islamique, dans un article publié le 9 septembre par
le New
York Times.
Les auteurs de l’article
rejettent l’idée que l’Arabie Saoudite ait créé et
financé l’EIIL. « L’Arabie Saoudite n’est pas la source de l’EIIL – elle
est sa cible première », écrivent-ils.
Comme l'expliquent Obaid et al-Sarhan, « la
monarchie saoudienne a une certaine légitimité religieuse, ce qui pourrait
jouer en sa faveur dans la discréditation de la monstrueuse idéologie
religieuse de l’EIIL ».
Ce qui rend l’EIIL puissant
aujourd’hui est le fait d’avoir déployé sa stratégie militaire dans des zones
où se situent des gisements de pétrole. Le fait que le groupe se soit attaqué
au nord-est de la Syrie et au nord de l’Irak n’est pas une coïncidence. L’Etat
islamique est peut-être brutal et sans merci, il est avant tout une
organisation terroriste munie d’un plan d’action astucieux.
La capture des gisements
pétroliers de Syrie et d’Irak a rendu le groupe financièrement
auto-suffisant. A partir de maintenant, il sera question de tout ou rien.