Je le soulignais dans un précédent billet : il devient de plus en plus difficile de distinguer l’actuelle administration française d’une force d’occupation intérieure au pays. Et à mesure que le temps passe, les habitudes (surtout les mauvaises) s’installent et le nombre d’affaires iniques dont cette administration se rend coupable, directement ou indirectement, augmente inexorablement.
Et ces mauvaises habitudes, on commence à les connaître.
On a évoqué le gold plating dans un précédent article, cette pratique assez typiquement française qui consiste à ajouter une surcouche épaisse de contraintes spécifiquement nationales à des normes déjà contraignantes produites dans le cadre de l’Union européenne.
J’avais pris l’exemple des normes concernant les équipements de protection et notamment leur volet pour les motards, je pourrais aussi m’attarder sur les histoires de cerises : la France, seule, a décidé d’interdire un insecticide par ailleurs autorisé partout en Europe, insecticide qui permet de contrer une drosophile particulièrement agressive sur les cerisiers. En définitive, les cerises françaises deviendront rares et très chères, en concurrence avec les autres cerises européennes. Les exploitants français ne pourront faire face et périront finalement d’une norme bien trop stricte, au prétexte qu’on aura voulu protéger un consommateur mais qui survivra très bien partout en Europe.
À ce gold-plating assez destructeur en lui-même, il faut ajouter la tendance naturelle et parfaitement indépendante des institutions européennes de créer aussi de la norme bien française, qui sent bon le terroir et le cerfa artisanal aux odeurs de tampon frais.
Et moyennant le déclenchement régulier d’une avalanche de normes plus ou moins contraignantes sur les entreprises, les commerces et les artisans, on arrive assez facilement à enfouir de plus en plus de vaillants entrepreneurs. Après tout, ce n’est qu’une question de volonté et de quantité produite de formulaires aux dizaines de petites cases à cocher absconses, et alors, même des entreprises centenaires finissent par calancher pour de bon.
C’est ainsi qu’on découvre, pas du tout surpris, qu’une fabrique artisanale de cierges et de bougies, installée à Poitiers depuis 280 ans – ce qui nous ramène avant la révolution française, toute de même – va bientôt fermer ses portes définitivement.
Oh, bien sûr, les éternels optimistes et autres chantres de l’État fort s’empresseront de noter que cette fermeture doit beaucoup à la mondialisation, celle qui provoque des boutons paradoxaux chez les collectivistes internationalistes, et qui autorise la vente de cierges et de bougies à un prix inférieur aux coûts de fabrications des mêmes produits artisanaux français.
Mais on ne pourra pas complètement cacher les remarques amères de l’actuel gérant qui jette l’éponge devant les normes invraisemblables qu’on lui impose : terminal de paiement électronique, rampe d’accès pour les handicapés, bref, la mise aux normes de la boutique (« Et la sécurité de la cire stockée sur place, hein, z’y pensez, à la sécurité de la cire ? Inconscient ! ») coûte si cher que la fermer devient économiquement logique.
À ces normes d’une administration ubuesque et en roue libre, on ajoutera les coûts toujours plus grands du personnel, ainsi que l’explosion des cotisations tant salariales que patronales, et les incessantes gaffes, bévues et boulettes d’un RSI (régime social des indépendants) dont le seul but réellement atteint semble être celui de soutirer de l’argent à tous, par tous les moyens, pour en faire un usage duquel cotillons, confettis et champibulle ne sont pas suffisamment écartés.
Et là encore, très concrètement, cela se traduit de façon presque mécanique par… des faillites de sociétés, des fermetures de commerces et des abandons d’entrepreneurs qui n’en peuvent tout simplement plus de servir de vache à lait à l’occupant intérieur :
Le chiffre d’affaires est correct mais les charges plombent. Je préfère stopper mon activité avant d’aller dans les embrouilles.
… Parce que les embrouilles, on devine quand ça commence, mais on ne sait jamais quand ça s’arrête. Et cela peut aller très très loin. Cela peut se terminer sous un pont, comme en témoigne l’aventure inique de cette jeune chef d’entreprise relatée dans cet article. Et le pont n’est pas ce qui peut arriver de pire. Combien d’artisan, luttant contre un Léviathan sans oreille, sans visage, et sans pitié, aura choisi d’en terminer définitivement avec leur existence ?
Mais voilà : l’occupant intérieur, ce tandem fou composé d’une administration inhumaine pilotée par des politiciens occupés par leur seule réélection, il n’en a rien à faire des misères, des destructions et des catastrophes qu’il laisse dans son sillage. Pour lui, il faut tenir, toujours un peu plus fort, toujours un peu plus longtemps. Quand il crée un problème, l’occupant intérieur s’affiche comme seul capable de le résoudre. Il l’aggrave, s’emporte, ajoute une couche aux surcouches épaisses des conneries déjà faites. L’avalanche prend des proportions bibliques. Il panique et… rajoute quelques lois, normes, règlements et cotisations pour compenser la catastrophe.
Le taux de chômage du pays devrait l’alerter. L’occupant intérieur n’en a que faire. Et puis, après tout, plus de chômeurs, ce sont plus d’individus qui dépendent directement de son bon vouloir, à lui.
L’explosion du nombre d’expatriés devrait lui faire comprendre qu’il fait n’importe quoi. L’occupant intérieur s’en fiche complètement. Ceux qui s’en vont sont ceux qui sont précisément les moins manipulables, les plus autonomes. L’occupant intérieur, en définitive, a surtout besoin de brebis dociles, pas d’individus autonomes et libres penseurs.
L’occupant intérieur est fou, mais il n’est pas stupide. Ces chômeurs, ces expatriés , ces faillites, ces renoncements toujours plus nombreux, ce n’est pas un hasard, c’est presque une stratégie pour conserver le pouvoir. Sur le long terme, en fabriquant fonctionnaires et chômeurs, la machine court bien sûr à sa perte. Mais sur le court terme, la corne d’abondance continue de débiter. Pourquoi s’arrêter ?
Alors, comme la grogne, avec le chômage, les faillites et les renoncements, monte, l’occupation devient de plus en plus tyrannique. Elle use de façon croissante de la force. Gendarmes par-ci pour arrêter un dangereux artisan qui ne paye pas ses charges (les trafiquants de drogue des cités ne sont pas trop bousculés, eux), par-là pour choper de la grand-mère qui bidouille du bingo. Etat d’urgence pratique pour faire taire les dissidences agaçantes. Etc…
Et dans cette évolution, le plus triste n’est même pas cette montée en force, mais bien le fait que l’occupant intérieur ne rencontre aucune résistance, ou une résistance minuscule. Pire que tout, dans une sorte de syndrome de Stockholm, le pays presque entier collabore, parfois joyeusement : les occupés, tout compte fait, en veulent plus ! Parce que peut-être qu’à force de grossir, l’occupant intérieur pourra englober tout le monde ? Que chacun pourra en croquer ?
Ce pays est foutu.
« Il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe. »
Edmond Burke
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