Si vous pensez que la convention
républicaine a été un triste spectacle de Trumperie à en rougir de
honte (et de coups de poignards dans le dos, pour lesquels nous avons particulièrement
à remercier cet imbécile de Ted Cruz), voici venue l’annonce de la Démocrate
Madame-c’est-mon-tour, l’incarnation même du capitalisme de copinage qui
règne aujourd’hui sur notre grande république du racket. Souvenez-vous de ce
vieux film, L’Exorciste, et ses relents de vomissures démoniaques.
Attendez-vous à quelque chose de similaire cette semaine à Philadelphie, lorsque
notre briseuse exaltée de plafonds de verre viendra accepter la tiare de la
victoire.
Le New York Times blâme les Russes pour la
publication de milliers de nouveaux emails venue souligner le caractère
perfide du Comité national démocrate, qui a pris la défense d’Hillary aux
dépens de Bernie et manipulé les agences médiatiques du pays pour faire
pencher la balance en la faveur de cette dernière – et influencer la machine
électorale contre Sanders. Combien de ses partisans s’attristeront cette
semaine à Philadelphie, lorsqu’ils verront leur parti faire tout son possible
pour maintenir un semblant d’unité ? Comment sera-t-il possible pour
Bernie de se tenir aux côtés d’Hillary sur la très cruciale photo qui viendra
immortaliser cette unité ? Je suppose qu’il préfèrerait de loin
s’arracher le bras droit.
Pour ce qui me concerne, s’ils
sont vraiment derrière la publication de ces derniers emails, les Russes
devraient recevoir le Prix Nobel de la paix. Existe-t-il un meilleur moyen de
rendre service à la démocratie que d’exposer les manipulations
anti-démocratiques du parti qui ose s’appeler démocrate ? L’apparition
soudaine de 20.000 canons fumants a poussé la chef du parti, Debbie
Wasserman-Schultz, à fuir plus rapidement encore qu’il ne vous a fallu de temps
pour lire son nom - bien que sa remplaçante, Donna Brazile, ne soit qu’un
autre petit soldat de plomb d’Hillary Clinton. Peut-être devra-t-elle à l’avenir
orchestrer les évènements avec des signaux de fumée ou de l’encre invisible
plutôt que par email.
A mesure que se déroulent les
conventions, l’agrégat que nous appelons l’industrie médiatique a eu recours
à l’argument fatigué de l’Optimisme contre le Pessimisme.
Traduction : plus personne n’est capable de regarder la réalité en
face, pouvons-nous s’il vous plaît faire parader les licornes aux couleurs de
l’arc en ciel ? L’esprit du temps américain est un déguisement,
porté par une travestie de 180 kilos et dans un coma diabétique. Il est très
probablement déjà au-delà de tout Salut. Quelqu’un devrait écourter sa souffrance.
C’est pourquoi nous avons aujourd’hui Trump contre Hillary : l’odieux
contre le fastidieux. Les élections qui mettront fin à toutes les élections.
Je n’ai pu tirer que de maigres
éclaircissements des explications apportées par Trump quant à la manière dont
il prévoit de refaire des Etats-Unis une grande nation. L’éloquence de Trump
aurait fait passer Warren G. Harding pour Périclès. « Je suis votre voix »,
s’est-il emballé devant une assemblée de délégués vêtus de costumes qui les
faisaient ressembler à des clowns de rodéo venus d’une autre planète. Et dire
que ce discours a été minutieusement rédigé par des gens qui osent se
qualifier de professionnels. Trump continuera de faire usage de ses
structures vernaculaires incohérentes, à mesure qu’il poursuivra la campagne
qui fera de lui le premier Président des Etats-Unis à avoir été renversé par
un coup d’Etat en raison de son incompétence hors du commun.
Hillary s’est défendue en
présentant son propre choix de Premier ministre, Tim Kaine, venu de Virginie,
le nouvel enseignant d’Espagnol des Etats-Unis. Je suis seulement surpris
qu’elle n’ait pas choisi Lebron James. Mais l’ambition a appelé, et Tim Kaine
a répondu. Je me demande à quel point il regrettera d’avoir décroché le
téléphone quand la situation s’envenimera et qu’il se retrouvera à devoir
expliquer les accusations portées contre Hillary. Un potentiel allié peut-il
démissionner avant les élections ? C’est quelque chose que nous n’avons
encore jamais vu. Mais je ne serais pas surpris d’apprendre que Kaine s’inquiète
pour sa réputation.
Enfilez vos cuirasses et
préparez-vous au terrible apparat de la semaine à venir : une sorte de
version d’artistes ambulants du Candidat Mandchourien. Les élections
se joueront entre une maman au trouble limite de la personnalité et un papa
narcissique, qui cherchent à gagner les cœurs et les esprits d’un public
éreinté par les premiers spasmes d’un effondrement culturel et économique.
Peut-être Big Brother nous attend-il au tournant.