Mes chères contrariées,
mes chers contrariens !
En ce début janvier, il est
difficile de passer à côté du sujet de l’or et des
métaux précieux. L’or traverse une période
difficile et cela pourrait durer pendant le premier trimestre 2013.
Et l’or dans tout ça ?
L’or est le baromètre de
la force des monnaies, soit de leur valeur intrinsèque. Si les
monnaies sont fortes, c’est-à-dire qu’elles remplissent
leur fonction de stockage de valeur, l’or n’a strictement aucune
raison fondamentale de monter.
La FED souffle le chaud et le froid
Sur le fond, rien n’est pour le
moment réglé. L’Europe s’enfonce dans la
récession globale en raison des multiples plans
d’austérité qui préfigurent des cessations de
paiements et des faillites d’États à terme. C’est
la théorie de l’insolvabilité par la récession. Au
bout du chemin, seul l’or pourra permettre de sauver une partie de sa
fortune.
Aux États-Unis, la croissance
économique actuelle repose essentiellement sur un recours massif
à plus d’endettement et le débat de ces derniers jours
sur la falaise fiscale montre bien à quel point sans nouvelles dettes
point de salut pour l’économie américaine.
Pendant ce temps, la FED, qui augmente
ses QE de toutes parts, vient de faire des déclarations fracassantes
laissant entendre que tout allait mieux que bien et que
l’économie US étant sur la bonne pente, il serait
envisageable « éventuellement » peut-être, sous
certaines conditions et avec pleins de conditionnels employés à
tous les niveaux, que les QE cessent à partir de fin 2013.
Conséquence logique, si les QE
cessent, alors les monnaies vont retrouver au bout du compte une valeur. Et
cette valeur retrouvée signera l’arrêt de mort de
l’or comme valeur refuge, et le métal jaune pourra initier un
cycle de baisse qui durera aussi longtemps que durera le dynamisme économique.
Dans le même temps et pour
relativiser la pertinence des propos de la FED, je vous rappelle au risque
d’être très insistant, le débat autour du fiscal
cliff… Couper dans les dépenses ferait replonger
immédiatement l’économie américaine en
récession… Nous dirons que tout cela est quelque peu
contradictoire n’est-ce pas ?
Faut-il s’inquiéter pour
les cours de l’or ?
À court terme oui. Le mouvement
baissier de l’or peut nous amener à tester de nouveaux points
bas dans les prochaines semaines ou prochains mois.
À moyen terme, je reste
particulièrement serein, même si à court terme cela ne
retire rien à une position inconfortable particulièrement pour
celui qui est rentré sur l’or récemment.
Pourquoi le cycle haussier de
l’or n’est pas terminé ?
En réalité, le point
clé c’est le couple « endettement/croissance ».
D’un point de vue basic, et pour
prendre un raccourci, dans un pays ayant 100 % de dettes sur PIB et si ce
pays doit payer 2 % de taux d’intérêt sur sa dette, cela
veut dire que ce pays doit générer plus de 2 % de croissance
sur PIB pour maintenir sa solvabilité « macro-économique
».
Le problème, et vous
l’aurez vite compris, c’est que si pour générer une
croissance supérieure à 2 %, ce qui est le besoin des USA pour
rester solvable, je dois créer disons 8 % de nouvelles dettes sur PIB,
ce qui est encore le cas des USA, et que je n’obtiens qu’une
croissance inférieure au montant des nouvelles dettes, ce qui encore
une fois est le cas des États-Unis, alors je dégrade mon couple
« endettement/croissance » et je me rapproche encore plus vite
d’une situation d’insolvabilité.
Autre point important : les taux
d’intérêt. Ils peuvent être vecteurs
d’insolvabilité. Nous avons particulièrement pu mesurer
cette possibilité en Europe. Sur des niveaux de dettes élevés,
comme c’est le cas en Italie par exemple sans même parler du cas
grec, une augmentation des taux n’est plus soutenable dès que
ces derniers avoisinent ou dépassent les 5 % durablement.
À l’instar du Japon depuis
30 ans, c’est désormais l’ensemble des pays occidentaux
des deux côtés de l’Atlantique qui sont pris dans le
piège des taux bas.
Or ce qui fait la valeur d’une
monnaie, c’est bien sûr le « prix » de cette monnaie.
Et ce prix est matérialisé par les taux
d’intérêt.
Si la croissance revient,
l’inflation repartira, surtout avec les quantités astronomiques
de monnaies créées ces dernières années par
l’ensemble des banques centrales.
À partir de ce moment-là,
l’économie mondiale rentrerait dans un paradoxe quasiment
insoluble. D’un côté, il faudrait augmenter les taux pour
éviter que la monnaie soit durablement dévalorisée par
une inflation de plus en plus forte alors que d’un autre
côté, laisser les taux s’apprécier trop fortement mènerait
immédiatement la plupart des pays, USA en tête, à la faillite
quasi immédiate.
Mon analyse est que dans tous les cas,
y compris celui d’une reprise de la croissance qui devrait soit dit en
passant dépasser des taux de 5 à 6 % pour rendre
crédible toute hypothèse de remboursement des dettes souveraines
– ce qui ne sera pas le cas –, les monnaies actuelles sont
condamnées à perdre de la valeur, donc in fine à ce que
l’or en prenne. Peu importe les mouvements spéculatifs à
court terme, ils ne sont que l’écume des choses.
Alors pourquoi l’or baisse ?
L’économie est devenue un
sujet politique crucial. Il s’agit de « l’enjeu »
majeur. Tout doit être vu et compris sous cet angle.
Je m’explique. Dans un monde
normal (normal quand le Président est normal), lorsque tout le monde
est endetté, la demande d’argent nécessaire pour
équilibrer les déficits et financer les dettes augmente. Logique.
Si la demande de quelque chose augmente, en général le prix de
ce quelque chose augmente aussi. Pensez au prix de mes huîtres pendant
les fêtes. Un véritable scandale culinaire. Bref, le prix de
l’argent étant les taux d’intérêt, les taux
devraient exploser. Or ils baissent au fur et à mesure que la demande
augmente et ce depuis 2008.
Il s’agit d’une
hérésie économique. Mais c’est normal, puisque
nous ne sommes plus dans un monde normal…
Si le marché « faisait
» le prix comme il se doit, nous aurions tous fait faillite depuis cinq
ans !! Pour éviter cela, et parce que l’économie est un
enjeu crucial pour la stabilité des pays, les États ont donc
fourni dans le cas de la BCE les liquidités nécessaires aux
marchés pour continuer à faire baisser les taux, tandis
qu’aux États-Unis, la FED rachète carrément les
bons du Trésor américains.
Le marché des taux n’est
donc plus libre, il ne peut globalement que baisser, ce qui prouve
d’ailleurs la gravité de la situation.
Pour l’or, il en est de
même. La bataille autour du métal jaune est féroce. Il
faut protéger les banques qui empêchent au nom de la FED les
cours de l’or de monter et de montrer ainsi au monde entier que les
monnaies ne valent plus rien ou presque. Or nos économies, plus que
jamais, reposent fondamentalement sur la confiance.
La hausse de l’or est mauvaise
pour la confiance. Il faut donc la maîtriser coûte que
coûte.
Mais ce n’est pas le seul
argument. Je pense même que ce n’est pas le plus important. Des
cours bas permettent d’amasser de l’or physique à moindre
coût et de reconstituer les réserves des banques centrales. Ces
réserves seront sans doute dans quelques années la pierre
angulaire d’une refonte et d’une réforme du système
monétaire international.
C’est la raison pour laquelle les
banques centrales sont redevenues ces dernières années des
acheteuses nettes d’or.
Où peut aller le cours de
l’or ?
Dans ce contexte, on peut parfaitement
voir l’or plonger jusqu’à 1 500 dollars l’once
d’or. À ces niveaux, la Chine, pour ne citer qu’elle, et
ses achats massifs soutiendraient certainement les cours sur ces niveaux.
L’or ne devrait donc pas baisser en dessous de 1 400 dollars
l’once.
Au bout d’un moment plus ou moins
long et indéterminé, tout le monde se rendra compte que la
croissance sans dette est une illusion… À ce moment, l’or
pourra repartir de plus belle surtout après une telle consolidation.
Fondamentalement, l’or restera
dans son mouvement haussier tant que perdureront l’ensemble des
problèmes économiques, dont aucun n’est résolu ou
en voie de résolution si ce n’est par la magie des
déclarations publiques et de la création monétaire.
Si on arrête les injections,
alors l’économie américaine replongera.
En tant qu’épargnant,
celui qui souhaite se positionner sur l’or peut faire le choix
d’attendre en prenant le risque de « rater » le point bas,
ce qui est souvent le cas. Nous avons tous tendance à acheter haut
lorsque la « panique » nous guette, et à ne pas acheter
lorsque les cours sont faibles en espérant qu’ils baissent
encore…
Alors le meilleur conseil que je puisse
donner à ceux qui veulent placer en or ou diversifier leurs avoirs,
c’est d’acheter tous les mois pour lisser et moyenner leur cours
d’entrée. Si les cours baissent vous en profiterez, si les cours
s’envolent… vous serez déjà en partie placé.
Mais ce qu’il faut retenir avant
tout, c’est qu’il faut faire abstraction du bruit de fond pour se
concentrer uniquement sur les fondamentaux économiques.
Sur ce front-là, pour le moment,
il n’y a aucune amélioration sensible. 2013 sera peut-être
une année inconfortable pour les détenteurs d’or, ou une
formidable opportunité pour se renforcer.
Encore une fois, il n’y aura
aucune façon facile et indolore de sortir du piège
économique que nous nous sommes fabriqué ces 30
dernières années.
À titre personnel, avec
l’or, je suis toujours heureux. Lorsqu’il monte je suis content.
Lorsqu’il baisse aussi car je peux en racheter. Alors 2013 sera sans
doute une bonne année pour les acheteurs, en tout cas la
première partie de l’année. Profitez-en, ce sera sans doute
la dernière « fenêtre de tir » avant la chute des
monnaies.
Comme dit ma femme, il n’y a bien
que sur l’or que tu vois le métal jaune en rose… Si
c’est ma femme qui le dit.
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