Le monde s'approche d’un point de basculement, et nous devrions
entrer dès cet automne dans ce que j’ai moi-même baptisé en 2009 les
« années sombres ».
Nous n'allons pas uniquement vivre une autre correction, qui offrira aux
investisseurs l'aubaine d’acheter à prix cassé. Non. Cette fois-ci, nous
assisterons à la fin du siècle de création monétaire par les banques
centrales, et d’endettement extravagant. Peut-être aussi à la fin du
cycle qui a débuté au début du XVIIIe, ou même il y a deux-mille ans.
Mais la magnitude de ce cycle n’a aujourd’hui aucune importance. Je me
contenterai de dire que nous verrons des corrections sur les
marchés et l’économie mondiale, dont les proportions seront
dévastatrices. Les marchés boursiers perdront jusqu’à 90%, les marchés des
obligations s’effondreront complètement, et le commerce international sera au
moins divisé par deux. La population mondiale pourrait aussi baisser de deux
ou trois milliards. Tout cela semble inimaginable aujourd’hui. Mais si
quelqu’un avait dit en 1932 que le Dow, qui était de 40 points, atteindrait
18.000 points 83 ans plus tard, personne n’y aurait cru. Au début des années
1900, la population mondiale était d’un milliard d’habitants. Personne
n'aurait cru qu'il serait possible de nourrir six milliards de bouches
supplémentaires 115 ans plus tard. ET malheureusement, ça ne l’est pas, vu le
nombre de personnes qui ont faim aujourd’hui autour du monde.
Ce à quoi nous avons assisté au cours du siècle dernier est sans précédent
dans notre histoire. Les récents évènements découlent de la bulle
monétaire crée par les les banques centrales, qui a pris des proportions bien
plus importantes que nous aurions pu l'imaginer. De mon point de vue, cette
bulle ne pourra pas s’agrandir davantage, et comme toutes les autres,
elle finira par éclater. Reste à savoir si elle finira par imploser ou par
exploser. Espérons qu’elle implose, ce qui nous laisserait un peu de temps
pour nous adapter.
Personne ne pourra échapper aux catastrophes économiques, financières et
sociales qui vont frapper le monde. Une guerre pourait aussi
exploser. Vivre en-dehors des grandes villes sera un avantage de taille.
Avoir des amis ou de la famille sur qui s'appuyer aura une valeur
inestimable. Pour les privilégiés qui ont des actifs à protéger, les
banques ne seront pas de bonnes alliées, en raison de l’implosion d’une dette
de 200 000 milliards de dollars et de l’équivalent d’1,5 quadrillion de
dollars de produits dérivés. Posséder de l’or et de l’argent physique hors du
système bancaire sera le meilleur moyen de protéger son capital.
L’or traverse actuellement une quatrième année de correction après son
record de 1.900 dollars atteint en 2011. Selon la plupart des indicateurs,
l’or est aujourd’hui survendu et sous-évalué. Sur une base ajustée à
l’inflation, l’or est aujourd’hui aussi peu cher qu'en 2002, lorsqu’il
s’achetait pour 300 dollars. Les positions à découvert des
speculateurs sur le marché à terme atteignent des records. Et cela
n’inclut pas le marché interbancaire, où les positions à découvert sont
certainement plus importantes encore.
Le prix spot de l’or n’est aucunement lié au prix réel de l’or ou à
l'importante demande en métal physique. Le prix de l’or papier est
déterminé par les spéculateurs et manipulateurs. Les acheteurs de métal
physique ont aujourd’hui l'opportunité d'acheter de l’or à un prix
qui n’a rien à voir avec sa valeur réelle. L’Inde et la Chine l’ont
parfaitement compris. La production d’or mondiale est d’environ 2.500 tonnes
par an. Au cours de ces dernières années, la demande en métal physique a
largement dépassé la production. Les vendeurs ont été des banques centrales
qui ne possèdent clairement qu’une fraction des réserves qu’elles rapportent
dans leurs bilans. Quand la Chine révèlera le véritable montant de ses
réserves d’or et autorisera un audit indépendant, personne ne croira que les
Etats-Unis puissent réellement posséder 8.000 tonnes d’or. Depuis 2008, le
monde a aussi imprimé et emprunté 60 mille milliards de dollars
supplémentaires. Cette expansion de crédit excessive ne se reflète
pas dans le prix de l’or. Si le marché papier de l’or n'existait
pas, son prix pourrait aujourd’hui être aux alentours de 8.000 dollars,
soit son juste prix ajusté à l’inflation réelle. Tous les évènements cités
ci-dessus devraient commencer à se produire au cours des prochains mois.
En automne 2015, ce sera certainement le début de la fin de la plus
grosse bulle spéculative de l’Histoire. Toutes les bulles d'actifs
imploseront, et le système financier sera sous pression. Le dollar s’effondrera,
emportant avec lui d’autres devises. Cela déclenchera des vagues d’impression
monétaire, qui alimenteront l’effondrement des devises et
l’hyperinflation. Par conséquent, les prix de l’or et de l’argent grimperont.