Si
l’on en croit le Financial Times, la Banque des Règlements
Internationaux aurait autorisé des prêts en dollar US à
trois des plus importantes banques mondiales en leur demandant, afin
d’en tirer quelque intérêt, de sécuriser ces
emprunts par des versements en or. Par ce biais, la BRI s’est
rapidement vue obtenir 346 tonnes d’or. Selon le FT, les banques
avaient aussi besoin de voir s’accroitre leur capital en dollar et ont
donc échangé de bon gré leur or contre la monnaie de la
BRI.
Le
compte rendu récent de cette transaction fait par le Financial Times représente
certainement ce que la BRI
voudrait que le monde retienne de l’affaire, à l’heure
où la curiosité à propos de ces swaps
s’accroît et soulève de plus en plus de questions quant
à l’efficacité des banques centrales. Etant le
porte-parole du monde financier, le FT a surement eu la fierté de
pouvoir transmettre cette version officielle de l’affaire. Cependant,
cette histoire reste douteuse et soulève bien des interrogations.
Pourquoi
la BRI accorderait-elle des dépôts de monnaie à des
banques considérées si instables qu’elle se voit
obligée de leur demander des garanties en or pour sécuriser ces
emprunts ? Les réserves des gouvernements Américains,
Allemands ou Français ne seraient-ils pas des garanties suffisantes
aux yeux de la BRI ? Le bilan annuel de la BRI nous montre qu’elle
possède déjà de telles réserves :
http://www.bis.org/publ/arpdf/ar2010e8.pdf
En
prêtant de la monnaie à ces trois banques – HSBC,
Société Générale, et BNP Paribas – en
s’en référant toujours au FT – la BRI
espérait-elle vraiment obtenir une part des rendements que produisent
ces banques grâce aux prêts effectués en Floride, à
Nice ou à Madrid ?
Et,
selon le FT, l’on s’aperçoit aussi que, fait remarquable,
l’or que ces trois banques ont transféré à la BRI
comme garantie ne leur appartenait en fait pas du tout. En
réalité, comme le suggérait avec sarcasme la
dépêche du GATA parue il ya trois semaines (http://www.gata.org/node/8799), l’or
ainsi échangé appartenait essentiellement à leurs
propres clients.
Pour
citer le FT: “L’or utilisé lors de ces échanges
provient principalement des dépôts d’investisseurs
privés présents dans les banques commerciales
européennes. Certains investisseurs préfèrent en effet
placer leur or dans ce que l’on appelle des ‘comptes alloués’,
réduisant ainsi la possibilité pour la banque
dépositaire d’utiliser cet or dans ses opérations de
marché en assignant à ses clients des lingots
spécifiques. Dans le même temps, d’autres investisseurs
leurs préfèrent les ‘comptes non alloués’,
moins coûteux, mais qui donnent aux banques l’accès
à leurs lingots dans leurs opérations quotidiennes.
Ce
passage de l’article a l’avantage d’avoir un goût de
vérité et confirme, entre autres, les propos d’Adrian
Douglas (Market Force Analysis)
et de James Turk,
le fondateur de GoldMoney, qui nous avaient mis en
garde il y a peu : si vous possédez de l’or « non
alloué », vous ne possédez pas vraiment d’or
mais plutôt une réclamation ténue contre une contrepartie
qui ne travaille déjà au départ pas en votre
intérêt. Dans le cas de ces échanges mis en œuvre
par la BRI, cette réclamation ténue se fait contre des
institutions financières que la BRI elle-même considère
si peu fiables qu’elle ne leur accorde aucun crédit à
moins de recevoir en échange l’or de leurs clients comme
sécurité. En acceptant cet échange, les banques prouvent
par là même leur manque de fiabilité.
L’article
du FT ne fait aucune mention de ce qu’il est sur le point
d’advenir de cet or transféré à la BRI, mais comme
vous pourrez l’observer dans le lien ci-dessous, il est fait mention
des transactions d’or, de contrats à terme et d’options
sur l’or constamment effectués par la BRI, comme nous en fait
part le journaliste Edward Jay Epstein dans son enquête publiée
dans le magazine Harper en novembre 1983 (voir http://www.gata.org/node/8773). Si
étrange que cela puisse paraitre, l’or placé dans ces
banques, et que les clients de ces banques pensent détenir en toute
sécurité, est en fait maintenant utilisé par le
système bancaire international pour empêcher la hausse du prix de l’or contre
l’intérêt même de leurs clients et des investisseurs
qui pensent le posséder.
L’article
du FT est intitulé “BIS
Gold swaps Mystery Is Unravelled”
(‘Le mystère de l’or de la BRI enfin
éclairci’). La BRI n’a désormais plus
qu’à espérer que les gens croient à leur histoire,
et le FT à croiser les doigts pour ne pas qu’elle suscite des
critiques quant à la capacité de leurs journalistes à
faire un travail de recherche sérieux et documenté plutôt
que de jouer avec une désinformation manipulatrice.
Chris
Powell
Gold Anti-Trust Action Committee
www.GATA.org
|