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Je dinais hier soir avec un ami
gérant de fonds à Londres, qui place des sommes tout à
fait considérables dans les marchés émergents pour le
compte d’une des principales maisons d’investissements de Grande
Bretagne. Nous nous connaissons depuis longtemps et j’ai donc pu me
permettre de glisser dans la conversation une question indiscrète qui
me brule les lèvres depuis longtemps. Pourquoi y a-t-il, dans l’establishment
financier, une sorte d’ »omerta » qui interdise
de parler d’or et, tout le moins, qui fasse que l’or ne puisse
être considéré comme un actif suffisamment « in »
pour qu’on puisse en insérer une partie dans un portefeuille ?
Sa réponse limpide de son point de
vue, m’a parfaitement étonné. A son sens, et selon lui
pour la communauté financière, il existe trois classes d’actifs
dans lesquels les fonds peuvent être alloués : la dette,
les actions, et les produits alternatifs. Parmi les produits alternatifs, qui
nécessitent selon lui des compétences beaucoup plus
spécialisées parce que par nature plus spéculatifs,
figurent l’immobilier, les marchés émergeants, les
produits dérivés, l’énergie, les matières
premières et leurs dérivés que sont les actions
minières.
L’or, à son sens, est donc
un produit alternatif faisant partie du sous ensemble des matières
premières, au même titre que l’argent, le nickel et l’aluminium.
Il n’est donc que très peu analysé et utilisé par
l’establishment financier, (« mis à part peut être
les hedge funds, qui
spéculent sur tout », a-t-il ajouté avec un léger
dédain) parce qu’il n’est ni une classe d’actif
principale, ni objet d’études et de recommandations, et qu’il
n’existe que peu d’outils pour investir.
Son point de vue amène quelques
réflexions intéressantes. La première est que l’inertie
de l’establishment financier est tout à fait
considérable. Bien que nous ayons eu des discussions sur l’or
depuis des années, cet ami, qui investit des sommes colossales, n’a
toujours pas acheté le moindre petit souverain ni le plus petit lingot
(pour le racheter, son épouse m’a promis d’acheter un
lingot chez Harrods la semaine prochaine).
La seconde est que pour que l’or
prenne enfin sa place en tant qu’actif « mainstream »,
avec les actions et la dette, il faudra que toute une infrastructure d’outils, de conseils et de
produits se mette en place de manière
à leur permettre d’investir, ce qui prendra du temps.
La troisième et la
principale est que si les principaux détenteurs de fonds n’ont
pas encore commencé à voir l’or sur leur radar, cela
signifie que la hausse de l’or a à peine commencé, puisqu’il
est dans la nature des choses que ces investisseurs achètent un actif avant
que le grand public ne s’y intéresse. Il reste donc de belles années
de hausse devant nous.
La demande d’or de ces grands
investisseurs exercera un jour où l’autre une pression
absolument considérable sur un marché aussi petit que celui de
l’or. Face à une offre qui va diminuant, que ce soit la
production minière ou l’offre des banques centrales, il ne faut
pas être grand clerc ou économiste DPLG pour en tirer la
conséquence sur le prix dudit métal.
Nicolas Flamel
Alchimiste moderne
L’alchimie moderne
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et transformez-la en or !
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