Nous nous étions déjà posé la
même question l’année dernière et étions
arrivés à la conclusion suivante : non, cela fait bien
longtemps que l’or n’est plus bon marché. Nous pensons que
le prix de l’or continuera de grimper non pas parce qu’il est bon
marché, mais parce que nous sommes certains qu’il devrait
être bien plus cher que ce qu’il n’est aujourd’hui.
Et ce n’est pas un jeu dangereux que nous jouons
là, dans le sens où notre prévision
d’évolution du prix de l’or n’est pas basée
sur l’idée que les gens seront assez fous pour payer dans le
futur un prix très élevé pour un actif
déjà aujourd’hui surévalué. Nous nous
basons en revanche sur le fait que les banques centrales et les gouvernements
du monde continuent la course qui les mènera tôt ou tard vers la
destruction de leurs économies et de leurs devises. Pour dire les
choses autrement, l’or peut bien être cher en comparaison
à la conjoncture économique, mais il demeure peu cher en
comparaison à ce que les choses seront dans cinq ans si les politiques
actuelles ne prennent pas rapidement fin. Et à l’heure actuelle,
il n’y a aucun signe de changement à l’horizon.
La preuve que le prix de l’or n’est pas sous evalué aujourd’hui nous est apportée par le
graphique suivant, présentant le ratio mensuel or/matières
premières. Par rapport aux matières premières en
général, l’or atteignait un record sur 50 ans à la
fin de l’an dernier. En réalité, le pic du ratio atteint
en décembre dernier pourrait très bien être un record
historique. Cela nous indique clairement que le marché de l’or a
escompté les mauvaises politiques été employées ces
quelques dernières années. En sus, nous en apprenons
également que les manipulateurs des marchés ne font plus
correctement leur travail et se font prendre de plus en plus sur le fait,
comme dans cette histoire du Libor, ce qui aura
probablement des conséquences sur le prix des métaux
précieux.
La preuve que le marché de l’or n’a pas
encore escompté l’intégralité des effets des politiques
actuellement employées est le manque de compréhension
général des dommages que ces politiques peuvent causer. Toute
personne au pouvoir ou en position d’influencer ceux occupant des
postes importants pense que l’économie profite
de taux d’intérets bas,
d’impressions monétaires incessantes et de dépenses
gouvernementales. Presque tout le monde s’imagine que le gouvernement
est responsable de la création d’emplois et du bilan de la
balance commerciale. Cela signifie que presque tout le monde ignore le fait
que toute intervention du gouvernement sur l’économie cause des
distorsions qui ralentissent le réel progrès économique.
Tant que de telles idées prédomineront, nos faiblesses économiques
continueront de déboucher sur l’emploi de politiques
contreproductives qui nous mèneront à leur tour vers de
nouvelles faiblesses économiques, et ainsi de suite.
Le marché haussier de l’or est
influencé par le cercle vicieux voulant que de mauvaises politiques
entraînent un affaiblissement économique, et que cet
affaiblissement apporte une excuse pour lancer de nouvelles politiques
néfastes. Cette situation ne prendra pas fin tant qu’une
catastrophe économique et monétaire ne s’abattra pas sur
nous, et que tout le monde commencera à comprendre l’origine du
problème. Nous devrons passer par là avant
d’espérer quelque changement politique constructif que ce soit.
Espérons que les gens ouvrent les yeux sur la réalité
économique avant qu’un effondrement monétaire ne frappe.
Vivre un effondrement économique ne sera plaisant pour personne, pas
même pour ceux ayant pris les mesures nécessaires à leur
protection.
Comment pourrions-nous savoir pour sûr si cette
compréhension de la situation est susceptible de se
généraliser, et si le marché haussier de l’or
n’a pas réellement atteint sa phase terminale ?
Il existe de nombreux indicateurs nous permettant de nous
en assurer. Le plus important est que la Fed aurait, dans le cas contraire,
abandonné toute idée d’élargissement de la masse
monétaire, et ce quelles que soient les conséquences de ses
actions sur le court terme pour les ETF et le PIB. De plus, les hommes
politiques favorables à la diminution de la taille du gouvernement (tels que Ron Paul) seraient pris au
sérieux par les médias et seraient incontestablement les
favoris des élections, dans le même temps que les
Keynésiens (tels que Paul Krugman) seraient
ridiculisés.
Steve Saville
www.speculative-investor.com
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