Médisance
monétaire
Tous ceux qui sont en
faveur de la réintroduction de l’or comme monnaie redoutent la
loi de Gresham. Cette dernière postule que si la
« bonne » monnaie (non-contrefaite) et la
« mauvaise » monnaie (c'est-à-dire les
pièces contrefaites, les substituts monétaires etc.) sont en
circulation simultanément, la mauvaise monnaie chasse la bonne parce
que les gens tendent à thésauriser la monnaie métallique,
la bonne monnaie, au détriment de la mauvaise, car ils
dépensent la mauvaise monnaie en empochant ainsi un profit
inespéré.
La seule manière
pour que la loi de Gresham soit en mesure de fonctionner, c’est que la
monnaie en circulation possède une dénomination qui ne
corresponde pas à sa nature. En réalité, c’est
l’acte de « nommer» quelque chose en des termes
inadéquats qui cause problème. On pourrait appeler cela
« une médisance monétaire ».
Si vous appelez une once
d’or un “dollar” (ou bien vingt dollars, ou bien ce que
vous voudrez) et qu’ensuite vous fixez le prix de ce que vous vendez en
termes de “dollars” au lieu d’un poids-unité
d’or, vous êtes en train d’inviter les farfadets de la loi
de Gresham dans votre maison et ils vont immédiatement commencer leur
travail de sape.
Si l’unité
ou la mesure de la valeur qui compte dans la décision d’une
dépense est appelée “dollar” ou quoique ce soit
d’autre, et si vous possédez des “dollars” sains et
d’autres contrefaits, vous seriez bien stupide d’utiliser
vos bons dollars pour acquérir ce que vous souhaitez. Au contraire, en
utilisant votre “mauvaise” monnaie (qui a une certaine valeur
d’échange en raison de l’inscription qu’elle porte et
non de son poids en métal), vous faites un profit inespéré.
Si vous êtes un
gouvernement et que vous vous engagez dans ce jeu de
« médisance monétaire », vous incitez vos
citoyens à entrer dans cette pratique moralement
répréhensible mais – en pratique- très
raisonnable. Vous êtes donc à l’origine d’un aléa
moral. La seule manière de remédier à ceci est
d’interdire aux gens d’épargner l’or et de les
obliger à dépenser son substitut. Malheureusement, une mauvaise
action par un gouvernement en appelle toujours une autre,
généralement pire, dans l’intention de réparer les
conséquences de la première.
Annuler la loi de Gresham
En nommant la monnaie ce
qu’elle est –c'est-à-dire un poids, une unité de
métal précieux -on évite ce pont aux ânes- et on
supprime cette stupide loi de Gresham.
Si on inscrit sur les
pièces métalliques leur poids exact en métal et rien
d’autre, et si on utilise dans les points de vente une machine qui
mesure la dimension de chaque pièce et qui compare son poids
réel à son poids théorique pour extirper les
pièces contrefaites (et ces appareils existent et peuvent
aisément être produits en masse), et si les biens et les
services ont des prix en terme de poids or réel, alors il ne peut
exister de “mauvaise monnaie” qui puisse être utilisée
frauduleusement pour en tirer des profits injustes. La machine peut
déterminer immédiatement si une pièce qu’elle
vérifie est en or ou bien en argent en comparant ses dimensions et son
poids. Si le poids est inexact, la différence peut être calculée
immédiatement sur place.
Faire d’une
“pièce” deux coups!
Dans ce scénario,
l’implication du gouvernement serait réduite à
édicter des lois qui assurent la justesse de la calibration de la
machine et à punir sévèrement ceux qui tenteraient de
frauder. Ce serait le parfait exemple d’une loi qui préserve et
assure constitutionnellement les droits de propriété de tous.
Il n’y aurait aucune possibilité pour le gouvernement de
s’enrichir injustement, ainsi d’ailleurs qu’une classe de
banquiers d’élite, comme c’est le cas actuellement.
Naturellement, dans ce
système une banque de réserve fédérale
n’est pas nécessaire. Tout le monde pourrait battre monnaie
–s’il le souhaite- tant que les exigences de poids et de
pureté seraient respectées. Les pièces qui ne respectent
pas ces exigences seraient hors circuit dès qu’elles passeraient
un de ces appareils de mesure.
Tout naturellement, comme
le gouvernement ne devrait pas à la Réserve
Fédérale (ou toute autre banque centrale) des
intérêts afin d’emprunter la monnaie qu’il
désire obtenir ou dont il a besoin, il n’aurait pas non plus
à taxer les revenus des gens pour payer ces intérêts.
Dans ce scénario
la monnaie étalon pourrait concurrencer les substituts
monétaires à niveau égal et c’est le marché
lui-même qui déciderait des rapports de prix respectifs
grâce à son efficacité habituelle.
De cette manière,
par la simple introduction d’une monnaie-étalon, on ferait
d’une pièce (en argent) deux coups. L’infâme loi de
Gresham serait rendue inopérante et le pouvoir du gouvernement de légiférer
ne pourrait plus lui servir à s’enrichir grâce
à cet impôt insidieux qu’est l’inflation.
Alex Wallenwein
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