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Lors d’un discours, en 2011, au Empire Club of Canada et au
Canadian Club de Toronto, Mark Carney, alors gouverneur de la Banque du
Canada et maintenant gouverneur de la Banque d’Angleterre, a déclaré, en
référence au système monétaire international, que le moment Minsky était
arrivé. Un moment Minsky est un effondrement majeur et soudain de la valeur
des actifs, ce qui fait partie du cycle de crédit ou du
cycle conjoncturel. De tels moments surviennent lorsque de longues
périodes de prospérité et l'augmentation de la valeur des investissements ont
mené à une hausse de la spéculation, en utilisant de l’argent emprunté.
Le gouverneur Carney a dit que « La tolérance à la dette a résolument
changé. L’optimisme initialement bien fondé à l’origine de l’essor du crédit
qui a duré des décennies a fait place à un pessimisme tardif qui cherche à
inverser ce mouvement. » Il a aussi ajouté : « En raison de la
réduction des leviers d’endettement, l’économie mondiale risque d’entrer dans
une période prolongée de demande insuffisante. Si elle est mal gérée, cette
situation pourrait mener à une déflation par la dette et à des défauts de
paiement désordonnés, ce qui serait susceptible de provoquer d’importants
transferts de richesse et des troubles sociaux... L’histoire nous enseigne
que les récessions qui s’accompagnent d’une crise financière sont
généralement plus profondes et sont suivies d’une reprise deux fois plus
longue. »
L’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, écrit dans un nouveau livre que, « sans
une réforme du système financier, une autre crise est certaine, et
l’incapacité à résoudre les déséquilibres dans l’économie mondiale fait
qu’elle arrivera certainement plus tôt que tard. »
Selon William White, ancien économiste en chef à la Banque des règlements
internationaux (BRI) et dorénavant président du Comité d'examen de l’OCDE,
comme le rapporte l’International Business Times, « les dettes
ont atteint un tel niveau que le monde fait face à un autre krach
financier, pire que celui de 2007-2008. » M. White ajoute aussi :
« La situation est pire qu'en 2007. Nos munitions macroéconomiques pour
lutter contre le ralentissement et la crise ont toutes été utilisées… La
seule question est de savoir si nous sommes en mesure d'affronter la réalité
et de faire face à ce qui se profile d’une manière ordonnée, ou bien si les
choses se feront dans le chaos. » N’oublions pas, non plus, Ben
Bernanke, l’ancien président de la Fed, qui a récemment déclaré que « le
système est incohérent, » en parlant du système monétaire
international. Il ne s’agit pas ici de gold bugs typiques qui sèment
la peur. Ce sont des initiés, des gestionnaires anciens et actuels du système
monétaire international.
Comme vous pouvez le voir dans les graphiques ci-dessous, la dette des
États-Unis a augmenté de façon constante depuis la
fin de l'étalon de change-or en 1971, puis s’est accélérée
après la crise financière de 2008. C'est devenu insoutenable. Il ne s’agit
pas uniquement de la dette des États-Unis, mais de celle du monde entier.
Depuis 2000, la dette mondiale a plus que doublé, et depuis la crise
financière de 2008, elle a augmenté de 40%. Les devises fiduciaires dépendent
de la confiance, et quand cette dernière s’effondre, elles dépendent de la
coercition et de la répression des États. Ces deux dernières années, nous
avons vu des banquiers centraux et des économistes proposer la suppression du
cash, afin d'imposer des taux d’intérêt négatifs ou, en d’autres termes,
d’être capable de confisquer l’épargne sans que les citoyens ne puissent se
protéger.
Dette mondiale totale en milliards de dollars US (échelle de
gauche) et en pourcentage de la production économique (échelle de droite)
Juste valeur de l’or, mesurée par une moyenne pondérée par le PIB de
l’expansion des bilans des banques centrales
Mais les gens ne sont pas stupides, et nous avons vu récemment une
augmentation des achats d’or et d’argent, du lingotin d’un gramme au lingot
de 12,5kg. Des données récentes indiquent aussi une augmentation
substantielle des achats de pièces d’or à travers le monde. Au même moment,
les banques centrales des pays en voie de développement accumulent de
l’or constamment, dans le but de couvrir leurs réserves de devises
fiduciaires, principalement en dollars US et en euros. Ronald-Peter Stoeferle
et Mark J. Valek, dans le rapport In Gold We Trust, écrivent que, « en
tant que moyen d’échange choisi par le marché, l’or est l’antithèse de la
monnaie-papier. Les dettes ne sont que des réclamations sur de futurs
paiements de monnaie-papier. » Le prof.
Antal Fekete considère que l’or est « l’ultime extincteur de
dette. » Et à mesure que les gens et les banques centrales
accumulent de l’or, en même temps, ils le retire du marché, au
moins jusqu’à ce que la crise se termine et qu’il y ait une remise à zéro du
système monétaire international.
Le professeur Fekete dit aussi : « Les gens ignorent que la crise de
la dette est une conséquence directe de la mise à l'écart de l’or du système
monétaire international. Il ne peut être remplacé par le dollar ou toute
autre devise non convertible. Avec le système du dollar, la dette ne peut
tout simplement pas être éteinte. »
En février, nous avons appris que le Canada vient de liquider le peu d’or (trois tonnes) qu’il
détenait dans ses réserves de change. Don Drummond, un ancien
haut fonctionnaire à Finance Canada, qui a aidé à mettre en place la vente
graduelle des réserves d’or canadiennes, a indiqué à CTV News que la vente était effectuée dans le but de
diversifier les réserves du Canada, de 81,5 milliards $US, avec des devises
étrangères variées. Comment peut-on appeler cela de la diversification, alors
que 60% des réserves du Canada sont en dollars US, et le reste en devises
liées au dollar US ? N’est-ce pas ce type de diversification qui a mené à la
crise des CDS (Credit Default Swap) en 2008, qui a presque provoquer
l'écroulement du système financier ? Le département des finances
canadien a aussi déclaré que la vente faisait partie d’une politique de
longue date de diversification du portefeuille, en vendant des matières
premières comme l’or, afin de pouvoir investir à la place dans des actifs qui
se transigent (trade) plus facilement. Le mot "trade" revient
encore. Cela ressemble plutôt à un pari pour réaliser un potentiel
profit à court terme, comme cela a été fait dans les années 90, en
couvrant les réserves officielles d’or. Les citoyens du Portugal paient
chèrement, aujourd’hui, pour ce pari.
Le prof. Fekete nous dit : « L’or qui circule inspire la confiance;
l’or gardé sous clé indique un manque de confiance. » Comme je l’ai
mentionné plus haut, l’or est aujourd'hui accumulé et sorti de la
circulation. Cela indique un manque de confiance dans le système
financier actuel. Bientôt, il n’y aura plus d’or disponible, du moins à ce
prix ridicule. Une fois que le système monétaire international aura été remis
à zéro, l’or recommencera à circuler. En attendant, le smart money (investisseur intelligent) accumule
de l’or en dehors du système financier, qu’il s’agisse de la
ménagère chinoise, du riche Londonien ou de la plupart
des banques centrales qui n’en ont pas déjà, sauf le Canada. L’or est la
monnaie, mais il l’est encore plus dans des circonstances extrêmes.
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