« Lorsque vous manquez
d’argent pendant longtemps, les bénéfices marginaux que vous offrent la
consommation diminuent grandement – mais il y a toujours une chose qui ne
diminue pas : les conséquences inattendues » - Stanley
Druckenmiller.
Il s’est passé quelque chose
alors que nous étions en chemin vers des taux d’intérêt négatifs. Quelque
chose d’inattendu. La demande en or et en argent a flambé. Chez USAGOLD, les
deux premiers mois de l’année n’ont pas été sans ressembler à ce qui s’est
passé en 2009. A Londres, où les gens s’inquiètent aussi d’une sortie
potentielle de l’Union européenne, les investisseurs se sont rués sur les
métaux précieux, et certains rapports ont stipulé que « certaines
banques ont passé des commandes d’or exceptionnellement importantes ».
Au cours des deux premiers mois de l’année, l’atelier monétaire américain a
rapporté avoir vendu deux fois plus de pièces d’or que sur la même période en
2015.
Pourquoi donc une ruée vers
l’or à une heure où l’actualité financière se soucie tant des taux d’intérêt
négatifs ?
Les inquiétudes quant aux
risques systémiques désinflationnistes/déflationnistes sont certainement une
raison valable compte tenu du rôle de l’or en tant que valeur refuge, mais
elles ne sont pas la seule explication à relever. Nous sommes typiquement
programmés pour croire que nous allons bénéficier d’un investissement parce
que sa valeur augmente. Mais lorsque les taux d’intérêt sont proches de zéro
et menacent dans certains pays de devenir négatifs (comme aux Etats-Unis) ou
le sont déjà (comme au Japon, en Suède, au Danemark et en Suisse), les
investisseurs commencent à se soucier de simplement ne rien perdre.
Ils peuvent y parvenir en se
tournant vers les espèces ou, mieux encore, vers l’or et l’argent, qui ont le
potentiel de leur rapporter quelque chose. Pendant la Grande dépression des
années 1930, l’or a rapporté gros aux investisseurs, non seulement en raison
de sa hausse de valeur, mais aussi parce que sa valeur était fixée par le
gouvernement, alors que tous les autres prix étaient en baisse. En
conséquence, son pouvoir d’achat a augmenté, et l’or a pu servir de
protection contre l’inflation. Certains craignent que nous approchions d’une
situation similaire aujourd’hui. Marc Faber, un conseiller en investissement
assez connu, a expliqué la situation ainsi : « Déposez un million
de dollars auprès d’une banque, et dans un an, vous ne posséderez plus que
990.000 dollars. Je préfère personnellement l’idée de posséder une devise
physique, en un mot, de l’or ».
Les plus sceptiques d’entre
nous pourraient aussi se demander si quelque chose d’autre ne se cache pas
derrière les taux négatifs des banques centrales. L’économie et les marchés
financiers pourraient-ils être dans un état plus piteux que ce qu’on nous
laisse transparaître ? Les banquiers centraux sont-ils à court de
solutions pour combattre leurs maux économiques ? Si nous dressions une
liste des conséquences potentielles des taux d’intérêt négatifs, elle
pourrait rapidement devenir très longue.
Dans un élan d’exaspération,
Bob Michele, de chez JP Morgan, a annoncé à CNBC qu’une « sérieuse
contraction du crédit se déroule actuellement, et Yellen devrait le prendre
en considération. Il est nécessaire qu’elle observe le capital qu’ont perdu
les banques dans le cadre des baisses des taux : une telle chose n’est
pas sensée se produire aujourd’hui. Au passage, que pensez-vous d’un or à
1.200 dollars ? Il nous indique que les gens recherchent une valeur
refuge, qu’ils ont plus confiance en l’or qu’en les dépôts bancaires ou la
monnaie papier. La situation est selon moi devenue hors de contrôle ».
George Milling Stanley, de
chez State Street Global Advisors, se concentre lui-aussi sur le retournement
du sentiment des investisseurs. « Les gens sont devenus plus
complaisants face au risque, qu’il soit macroéconomique ou géopolitique. Mais
ce qui est démodé pourrait redevenir à la mode. L’atmosphère calme dont nous
sommes témoins aujourd’hui pourrait vite changer. L’or est un actif qui offre
une excellente protection contre le risque, et je suis d’avis que les gens
commencent à s’inquiéter des positions risquées qu’ils ont ouvertes sur un
grand nombre d’autres marchés ».
La volatilité que nous avons
aperçue en début d’année sur les marchés des actions et obligations a
certainement bénéficié à l’or et à l’argent. La demande en métaux précieux
demeure assez élevée depuis maintenant plus d’un an, sans pour autant avoir
eu d’effet notoire sur leurs prix. La demande commence seulement à se
traduire par une hausse des prix, malgré l’environnement désinflationniste.
L’or, à l’heure où j’écris ces lignes, a gagné 16% depuis le début de
l’année, contre 6% pour l’argent – ce qui est assez honorable dans un climat
de taux proches de zéro. Les propriétaires de métaux précieux ne font pas que
protéger leur capital, ils en gagnent.
Note : selon
Investopedia, « lorsque les taux d’intérêt sont très bas, de
nouvelles méthodes de stimulus économique doivent être examinées et
adoptées ».