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On entend de plus en plus parler de l'application d'une politique
de taux d'intérêt négatifs aux États-Unis. Dans un article récent, l’ancien président de la Fed, Ben
Bernanke, s'interroge sur les outils dont dispose encore la Fed pour
supporter l’économie, et il mentionne les taux d’intérêt négatifs. Nous
devons tout d'abord définir ce que l’on évoque par taux d’intérêt négatifs.
Concernant les taux nominaux, c’est simple : lorsque l’intérêt appliqué vire
au négatif, nous avons des taux d’intérêt nominaux négatifs. Pour
obtenir le taux d’intérêt réel à partir du taux nominal, il faut déduire
l’inflation. C’est ce que nous appelons l’illusion de l’inflation.
Les taux d’intérêt réels ont souvent été négatifs, notamment depuis
2009. Le problème est de choisir la mesure appropriée pour calculer
l’inflation. Étant donné que le calcul de l’inflation est hautement subjectif
et facilement manipulable, j’ai ajusté les prix nominaux à l’or pour obtenir
les taux d’intérêt réels. Dans le graphique ci-dessous, on peut voir les
taux nominaux des bons du Trésor à 10 ans comparés aux taux ajustés
à l’or depuis 1962.
Dans cet article, Ben Bernanke dit : « La principale contrainte
économique aux taux d’intérêt négatifs est que, au-delà d’un certain
point, les gens choisiront tout simplement de conserver leurs argent liquide,
qui ne paient aucun intérêt (il n'est pas pratique ni sûre pour la
plupart des gens de détenir de grandes quantités de liquidités, mais à un
taux suffisamment négatif, les banques ou autres institutions pourraient
profiter de détenir de l'argent liquide, moyennant commission, pour le
compte de leurs clients). En se basant sur des calculs pour savoir
combien il coûterait aux banques d'entreposer de grandes quantités
d'argent liquide dans leurs coffres, le personnel de la Fed a conclu en 2010
que l’intérêt payé sur les réserves bancaires aux États-Unis ne pourrait pas
être amené sous les alentours de -0,35%. »
Au Japon, dans l’Union européenne et en Suisse, où les taux négatifs sont
déjà instaurés, on a observé une hausse de la demande pour les coffres-forts
et l'argent liquide. Quand les taux négatifs sont entrés en vigueur à la
mi-février au Japon, les demandes d’information pour les coffres-forts de
maison ont grimpé en flèche, surtout chez les clients âgés de plus de 50 ans.
Les ventes de coffres sont actuellement en hausse de 40 à 50% depuis un an,
selon un article de Reuters. La tendance est la même dans
l’Union européenne. Les taux d’intérêt négatifs de la Banque centrale
européenne alimentent la demande pour les coffres-forts bancaires, dans
lesquels les clients peuvent y déposer du cash, afin d’éviter de
payer à la banque des intérêts sur leurs comptes, selon des banquiers
allemands à Reuters. La même tendance a été observée récemment en Suisse,
non seulement avec les investisseurs privés, mais aussi avec les
gestionnaires de fonds de pension.
Au même moment, nous apprenons que les taux négatifs ont dopé la demande
pour l’or au Japon. Selon Takahiro Ito, directeur du magasin Tanaka Kikinzoku
Kogyo K.K., à Ginza, où se trouvent les grands magasins de Tokyo : «
Plusieurs clients se disent qu’il est préférable de protéger leurs économies
avec de l’or comme actif sécuritaire, plutôt que de déposer de l’argent à la
banque avec des taux d’intérêt bas, » comme le rapporte Bloomberg. La demande d’or des consommateurs japonais a
grimpé à 32,8 tonnes métriques en 2015, alors qu'elle était de 17,9 tonnes un
an plus tôt, rapporte Bloomberg dans le même article. Les ventes de lingots
d’or ont grimpé de 35% comparé à l'an dernier, et s'élèvent à 8 192
kilogrammes lors des trois mois de l'année 2016, selon Tanaka Kikinzoku Kogyo K.K, le plus grand
détaillant d’or du Japon.
Un boom des sociétés fabriquant des coffres-forts a aussi été observé en
Suisse, dans le canton de Tessin, selon un autre article de Bloomberg. Ce boom des coffres-forts est une bénédiction
pour les joailliers de la Via Nassa de Lugano, là où se trouvent les
boutiques Cartier, Bulgari et Bucherer, alors que les gens accourent pour
convertir leurs liquidités en actifs qu’ils peuvent mettre sous clé. Bloomberg rapporte que « les investisseurs achètent de
l'or comme alternative aux dépôts en francs suisses », selon Vontobel Holding
AG, une banque suisse et gestionnaire de fortune… «
Nous remarquons que l’or fait un retour chez les investisseurs, » a
déclaré Zeno Staub, directeur chez Votonbel.
Dans un environnement de taux d’intérêt négatifs, l’or représente le
meilleur moyen d’épargner de grandes quantités de liquidités. Une pièce
d’or d’une once (31,1 grammes) vaut 1 230 $, tandis qu’un lingot d’or d’un
kilo vaut environ 39 620 $, et il tient dans la paume d'une main. Avec la
menace de l’abolition de l'argent liquide et le billet de 100 $ étant la
dénomination la plus élevée aux États-Unis et au Canada, il est facile
de voir les avantages de détenir de l’or dans un coffre ou sous le matelas.
On parle aussi, dans l’Union européenne, d’abolir les billets de 500 euros.
Le plus gros billet au Royaume-Uni est de 50 livres.
Mais les taux d’intérêt négatifs augmentent aussi les coûts
d’opération des banques, qui ont du mal à répercuter ces coûts à
leurs clients, ce qui affaiblit le système bancaire. Cela encourage les
gens à acheter de l’or et à le garder hors du système bancaire, malgré les
inconvénients. C’est pour cette raison que des économistes associent les taux
d’intérêt négatifs à une abolition de la monnaie physique. Pour imposer
efficacement les taux négatifs, il faut contrôler l'argent liquide des gens.
L’État peut facilement contrôler l’accès à la monnaie électronique en
limitant la quantité de retraits du système bancaire via un simple ajustement
de logiciel. L’État peut arrêter d’imprimer de la monnaie fiduciaire, mais il
est plus compliqué d'abolir une monnaie physique comme l’or ou l’argent. On
estime qu’environ 20% de tout l’or déjà hors terre est entre des mains
privées, sous forme d’or pur. Une grande partie de bijoux peut être
transformé, si nécessaire, en argent liquide.
Aujourd’hui, dans cet environnement de taux d’intérêt négatifs, il faut
être davantage inquiet du retour de son argent que du retour sur
investissement de son argent. Avec les taux d’intérêt négatifs, il est
évident que les gens redécouvrent la valeur de la détention d’or. L’or a
tendance à bien performer dans des environnements de taux d’intérêt à la
baisse ou négatifs. Plus les banques se tournent vers les taux négatifs, plus
l’or va décoller, puisqu’il n’y a pas de coûts de détention. Des taux réels
d’intérêt élevés font mal à l’or, tandis que des taux bas lui sont
bénéfiques.
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