Qu’est-ce
qu’un ‘Rentenmark’?
En bas
à gauche, vous pouvez voir un billet d’un milliard de Marks,
l’un des derniers billets imprimés sous la République de
Weimar, qui fit face à une terrible hyperinflation depuis la fin de la
guerre jusqu’en août 1923. Sur la droite, vous apercevez la
devise l’ayant remplacé et qui aida à mettre fin à
cette hyperinflation qui détruisit l’économie Allemande.
Tout ceci se
déroula alors que l’or était encore totalement
accepté en tant que monnaie à l’échelle
internationale. Du fait des crises économiques ayant affecté
l’Allemagne après la Grande Guerre, il n’y avait plus
d’or disponible afin de soutenir la devise nationale. En novembre 1923,
la Rentenbank émit donc le Rentenmark, une devise soutenue par les
biens industriels et les terres hypothéquées, soit une valeur
totale de 3,2 milliards de Rentenmarks. Ce Rentenmark était
rattaché au Dollar US à un ratio de 1 Dollar pour 4,20 RM. A la
fin de la Première Guerre Mondiale, le Mark Allemand était
évalué à 4,63 par rapport au Dollar US.
Le ratio
Rentenmark/Papiermark était de 1 :1,000,000,000,000 (1 trillion
Papiermark). Le Rentenmark était uniquement destiné à
être une devise de transition et ne fut pas conçu comme une
monnaie de change légal. Il fût cependant accepté par la
population et mit fin à l’inflation de manière effective.
Le Reichsmark devint le nouveau change légal le 30 août 1924,
à une valeur égale à celle du Rentenmark.
Dans le
même temps que les politiques fiscales responsables menées par
le Chancelier Gustav Stresemann et le Ministre des Finances Hans Luther, il
permit à l’abolition de l’inflation en Allemagne. La
Rentenbank continua d’exister après 1924, et ses billets et
pièces de circuler. Les derniers billets Rentenmark furent valides
jusqu’en 1948.
Pourquoi cela a-t’il
fonctionné?
Comment un
peuple, si dévasté par cette orgie de monnaie-papier sans
valeur comme le fut le peuple Allemand, a-t’il pu accepter ce nouveau
morceau de papier ? Tout d’abord, personne n’a jamais
réellement eu de choix concernant le besoin quotidien en monnaie.
Même lorsque les billets Zimbabwéens n’avaient aucune
valeur et étaient imprimés avec une date d’expiration,
les gens de ce pays n’avaient d’autre choix que de
l’utiliser, sur ordre de leur gouvernement. Les Allemands ont mis en
place toutes sortes de solutions afin de contourner l’utilisation de ce
papier. Bien avant tout cela, les
étrangers avaient refusé d’accepter le papier Allemand et
le gouvernement avait donc été forcé de vendre
l’or allemand à l’étranger.
Comment les
Allemands ont-ils donc fini par accepter cette nouvelle devise papier ?
Puisqu’elle était sécurisée par quelque chose que
les gens pensaient in-imprimable et dotée de valeur,
c'est-à-dire les biens industriels et les terres. Cela limitait
strictement la quantité de monnaie pouvant être imprimée.
Cette nouvelle devise inspira à nouveau quelque confiance. Si nous y
regardons de plus près, nous apercevons pourquoi cela fût
possible :
-
C'était une monnaie nationale délivrée par une
banque en échange d'un collatéral qui pourrait être rendu
dans l'éventualité d'un échec.
-
Une juridiction concernant la monnaie et les biens impliqués
avait été mise en place.
-
Ceci c'est produit dans une région où les
émetteurs pouvaient être tenus pour responsables et où
les détenteurs de ce papier étaient essentiellement les
gouvernements/sociétés de crédit.
Cela pouvait uniquement fonctionner au
sein du pays
Bien que cela
fonctionnait et inspirait confiance, ce ne fût le cas qu'en Allemagne!
Un étranger n'aurait jamais accepté ces billets en
échange, et comment par ailleurs aurait il pu poursuivre le
gouvernement Allemand en justice afin d’en saisir les biens ? La nature nationale de cette monnaie la
limitait à l'intérieur des frontières du pays. Quiconque s'emparant de biens
Allemands hors du pays n’aurait pu en tirer profit, puisque le
problème aurait eu à être réglé hors de la
juridiction Allemande, où le pays serait simplement un débiteur
auprès de l'étranger. De ce temps, l'Allemagne n'avait donc
plus aucun bien à l'étranger.
Une devise, ou
papier délivré par le gouvernement peut uniquement avoir du
succès s'il est fiable et digne de confiance. A la seconde à
laquelle cette devise perd la fiabilité et la confiance qui lui sont
conférées, elle n'a plus aucune valeur, comme ce fut le cas
pour la république de Weimar. Un tel schéma ne serait plus en
mesure de se montrer efficace de nos jours puisque la dévastation et
la propriété sont désormais trop inégales tout
autour de la planète, mais également puisque de telles valeurs
connaîtraient une fluctuation trop grande.
La Banque Mondiale
suggère que l'or pourrait agir comme facteur de
référence pour les valeurs de devises
Mr
Robert Zoellick a levé un gros lièvre récemment en
suggérant que l'or devrait être utilisé comme point de
référence pour les devises dans le monde d'aujourd'hui, alors
que la confiance en ces devises décline rapidement. Pourquoi avoir
choisi l’or ? Il est clair que l'or a toujours été
vu comme monnaie excepté durant ces 40 dernières années,
durant lesquelles le monde a cru en les gouvernements et en leurs devises. Il
y a peu de chance que l'or puisse à nouveau fonctionner sous sa forme
passée, mais cela ne signifie pas que l'or n'est pas en mesure de
faire ce travail d'une autre façon.
La
tête de la Banque Mondiale suggéra qu'il soit utilisé
comme référence aux valeurs de devises, et non comme monnaie en
lui-même. Ceci est entièrement différent. Quelles vertus
pourrait bien apporter l'or au système monétaire?
-
L'or est accepté à l'échelle internationale et
possédé par les banques centrales,
-
Les jours où les banques centrales laissèrent entendre
qu'elles étaient sur le point de vendre leurs possessions et
assistèrent à la chute du prix de l'or sont désormais
révolus. Les banques centrales sont maintenant soit détentrices
soit acheteuses d'or,
-
L'or n'est pas soumis à la tentation de la planche à
billets,
-
Lorsque l'économie se délabre, l'or ne s'en voit pas
affecté,
-
L'or n'est pas vulnérable aux actions individuelles des
gouvernements excepté dans la juridiction du pays en question,
-
Avec des intérêts nationaux supplantant les
intérêts internationaux, la valeur de l'or va refléter la
valeur des devises, que cela plaise aux gouvernements ou non. Une devise peut
de plus être dévaluée ou réévaluée
par rapport à l'or alors que la comparer à une autre devise
serait inadéquate [tel que l'évaluation du dollar face à
l'euro – ces deux devises souffrant une forme ou une autre de
délabrement monétaire].
Tout
comme le Rentenmark a ancré sa devise dans une nation de
post-hyperinflation, l'or peut s'ancrer à la monnaie dans sa
globalité. Il sera impopulaire jusqu'à ce qu'on en ait
atrocement besoin du fait de la négligence des nations quand à
la dévaluation de leurs monnaies par la planche à billets. Tout ceci a déjà
commencé, comme nous pouvons le voir avec les diverses rencontres du
G-20 dont l’objet tourne de plus en plus autour du système
monétaire international.
Le
Rentenmark a fonctionné en Allemagne puisque la nation était
désespérée et n’avait plus d’autre
alternative. Ce même désespoir sera sûrement
nécessaire au retour de l'or sur la scène internationale. L'or
évaluera ensuite la valeur d'échange de chaque devise à
l'échelle internationale.
Julian D. W. Phillips
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