Peter Schiff est un économiste de l’école
autrichienne, diplômé de Berkeley, apparaissant
régulièrement sur CNN, CNBC ou Fox
News. Il a
été conseiller économique de
Ron Paul lors de la campagne présidentielle en 2008. Il fut l'un des premiers à prédire
la bulle immobilière et la crise des subprimes.
En 2007, Peter Schiff a écrit un livre
prémonitoire intitulé Crash
Proof: How to profit From the Coming
Economic Collapse (La preuve par le crash: comment
tirer profit de l'effondrement imminent de l'économie). Il est le président de EuroPacific Capital,une
société de courtage spécialisée dans les marchés
et les titres étrangers (hors Amérique). Dans son intervention
à La FreedomFest à Las Vegas, Peter Schiff
a expliqué pourquoi les mesures actuelles, prises par les pouvoirs
publics contre la crise, ne faisaient qu’aggraver la situation.
Madoff
vs. Bernanke
Pour bien comprendre
son propos, il faut se souvenir que la solution de Ben Bernanke,
le président de la Réserve Fédérale
américaine, pour
lutter contre la récession, c’est de faire
tourner la « planche à billets », via des achats
de titres de dette publique. On appelle cela le Quantitative Easing : l’assouplissment
monétaire quantitatif ou encore QE. Après
QE1 en mars 2009 et QE2, en nombre 2010, Ben Bernanke
a émis l'hypothèse d'un QE3 « si
nécessaire ».
Or Peter Schiff
a prédit devant l’auditoire de la FreedomdFest
que si la Réserve Fédérale lançait un
troisième programme de QE, l’or pourrait monter
jusqu’à 10 000 dollars dans les cinq ans ! « Il n’y a pas de prix plancher pour le dollar, il
n’y a donc pas de prix plafond pour l’or. Je ne sais pas à quel point
l’imprudence et l’irresponsabilité de
la Fed (la banque centrale
américaine)
et du Congrès américain sont possibles, mais ils peuvent surement aller assez
loin pour faire monter le prix de l’or jusqu’à
10 000$. »
En
effet, le gouvernement ne
paie
pas ses
factures, il emprunte pour le faire. Mais
s’il doit emprunter pour rembourser l'argent qu’il a
déjà
emprunté, c'est l’aveu que
le gouvernement mène une « chaîne de Ponzi » (circuit financier frauduleux). Or Bernard Madoff a récemment lancé un appel de sa
prison, expliquant que le gouvernement américain perpétuait la
plus grande « chaîne de Ponzi »
de l'histoire du monde. « Madoff a
raison et nous devrions l'écouter », a dit Peter Schiff, ajoutant que Bernard Madoff
– qui a été condamné pour avoir
opéré justement une telle chaîne de Ponzi
– avait certainement plus de crédibilité que Ben Bernanke en la matière.
Echec des plans de relance et de la
réglementation étatique
Tout le monde
semble savoir ce qui a provoqué l'effondrement économique
récent. La crise aurait pu être évitée s'il y
avait eu plus de règlementation de la finance et du marché,
entend-on.
Mais selon
Peter Schiff, cette vision des choses est
totalement inexacte. La Réserve fédérale
américaine et les politiciens du Congrès ont créé
toutes sortes de distorsions dans le marché qui ont rendu
l'effondrement financier quasiment inévitable. Deux ans après
les plans de relance d'Obama, il faut bien se rendre à
l’évidence : l'intervention du gouvernement ne fonctionne
pas. Stimuler l'économie avec de l'argent bon marché n’a
pour effet que de créer de l’inflation et des bulles.
« Utiliser l'assouplissement quantitatif pour combattre la
récession, c'est comme utiliser de l'essence pour éteindre un
feu », a lancé Peter Schiff sous
les applaudissements.
Hyperinflation et « big crash »
Le
gouvernement nous dit que l'inflation est à son plus bas niveau depuis
les années 1950. Pendant ce temps, les prix s'envolent. Selon Peter Schiff, l'augmentation du prix des matières
premières est le résultat de l'assouplissement quantitatif.
L’inflation se mesure aussi par la réduction de la
qualité de nos produits. Peut-être que les prix n'ont pas
augmenté, mais la réduction de notre qualité de vie est
bien une réalité, selon lui.
Comme il le
précise, certains iraient jusqu’à dire que nous aurions
besoin d’une guerre pour aider à la relance de
l'économie. Mais c'est une absurdité totale. « Depuis
quand la destruction conduit-elle à la prospérité ? »
s’est ainsi demandé Peter Schiff.
Ce dernier a
également prédit que le dollar américain connaîtrait
une dépréciation massive par rapport aux autres devises, entraînant
un effondrement majeur de l’économie. La valeur du dollar deviendra
presque nulle, correspondant à une hyperinflation et à des augmentations
massives du prix des produits d’importation comme le pétrole, de
nombreux aliments et la majorité des biens de consommation. Cette hyperinflation
pourrait créer une situation en Amérique (et en Europe)
comparable à ce qui est arrivé à l'Allemagne de Weimar
après la Première Guerre mondiale ou à l'Argentine
pendant la crise de 1999-2002. La dévaluation de la monnaie fut telle
que tous les particuliers perdirent leur épargne placée dans
les banques. C’est pourquoi Schiff encourage
les Américains à s'approvisionner en biens de consommation non
périssables (comme les vêtements, les chaussures et les piles)
maintenant tant que leurs prix sont encore abordables.
Peter Schiff estime que la baisse soudaine du niveau de vie
pourrait conduire à la violence civile et que le gouvernement américain
pourrait instaurer un contrôle des prix sur les produits de base,
recourant même à la confiscation de biens privés pour
payer les dettes publiques et plaçant les mouvements de capitaux sous
contrôle afin d’empêcher les transferts d’argent hors du
pays. Pour ces raisons, Schiff recommande fortement
aux Américains de sortir leurs avoirs des États-Unis et d’investir
à l'étranger.
Epargne
« Nous
avons besoin d'un plan qui stimule l'épargne et la production. Ce sont
les emprunts et la surconsommation qui nous ont mis dans ce
pétrin. »
La vérité brutale que personne
n’ose reconnaître, selon Peter Schiff, c'est que nos problèmes
économiques systémiques ne peuvent être
résolus que par un changement de mode de vie,
c’est-à-dire par une réduction des
prêts à la consommation et une augmentation de
l'épargne. Il
faut cesser de vivre à crédit. Une récession douloureuse est la seule voie pour y parvenir. En interférant
avec les tentatives du marché pour apporter les corrections
nécessaires, toutes les propositions actuellement en provenance de Washington ou de leurs
économistes, ne font qu'exacerber les
déséquilibres et causeront
une crise encore plus grave dans l’avenir. Il est temps de réduire drastiquement
l’intervention étatique dans l’économie et de
mettre un terme aux énormes subventions accordées au
système bancaire.
Selon Peter Schiff, la meilleure chose que nous puissions faire pour
l'économie et pour les détenteurs d'obligations d’État
américaines c’est de ne pas relever le plafond de la dette et de
réduire coûte que coûte les dépenses du
gouvernement.
Chroniques de la FredomFest
à Las Vegas
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