|
Lorsque les
contrôles des changes furent imposés en Angleterre en 1971, le
pays fut pris au dépourvu par la rapidité de leur mise en
place. C’était lorsque le prix de l’or s’est
réellement envolé en passant de 42 $ l’once pour
finalement atteindre les 850 $ dans les années 1980.
Suite
à la fermeture de la « fenêtre dorée » en 197
par le président Nixon, l’Angleterre imposa un contrôle
des changes connu sous le nom de « Dollar Premium » dans le pays.
L’auteur est devenu un acteur du Dollar Premium et a vu de
l’intérieur comment le contrôle des capitaux affectait les
marchés et les investissements au bénéfice et au
détriment des différents investisseurs. Il se raidit à
l’idée qu’ils pourraient être de nouveau
imposés. Le seront-ils ?
Et
si c’est le cas, dans quel pays le seront-ils ? Tandis que des flux de
capitaux bien plus grands que ceux observés jusque-là
traversent le système monétaire dans la marée
descendante des richesses nationales fuyant vers l’Est, le spectre du
contrôle des capitaux et des échanges réapparaît.
Par conséquent, il est prudent pour tous les types
d’investisseurs de se prémunir dès à
présent des effets pernicieux de ces contrôles et de profiter
des bénéfices qui leur sont associés ! Dans le
monde d’aujourd’hui, comme nous l’avons déjà
vu cette année, des flux de capitaux comparables à des tsunamis
peuvent causer des ravages sur les taux de change, la confiance et la
stabilité monétaire mondiale. En raison de la persistance des
dangers que représentent ces flux de capitaux à un moment
donné, un ou plusieurs pays chercheront à protéger leur
économie nationale de si grands dangers extérieurs.
Nous
savons qu’à moins que de tels flux de capitaux ne soient
limités, les investisseurs et les « désinvestisseurs »
étrangers peuvent entraver la croissance, entraîner des
récessions, voire pire. Dans le cas d’afflux de capitaux,
l’inflation peut être stimulée au détriment de la
nation en situation excédentaire. Mais plus grave, les investisseurs
peuvent être pris à l’intérieur d’un filet réduisant
leurs choix d’investissement.
Parce
que nous sommes intimement persuadés que de nombreux pays feront face
à des problèmes de flux de capitaux dans le futur, nous
continuerons à inclure dans nos lettres d’information des
articles concernant ce à quoi l’on peut s’attendre en cas
de contrôle des changes. De tels contrôles pourraient affecter
bien plus d’un pays, développé ou
sous-développé. Beaucoup de gens semblent
s’étonner qu’une telle possibilité puisse devenir
une réalité. La seule pensée que le dollar puisse cesser
d’être l’unique monnaie de réserve du monde semblait
ridicule à ces mêmes lecteurs il y a plusieurs années,
mais la menace est aujourd’hui bien réelle. Nous pouvons le
comprendre car le dollar est la monnaie de réserve du monde depuis
plus d’un quart de siècle, soit plus de la moitié de la
vie active de la majeure partie des professionnels de la finance.
C’est
Ben Bernanke qui avait prédit que les
étrangers investissant dans le dollar et dans les actifs en dollars
parviendraient à saturation. C’est également Ben Bernanke qui a déclaré avec force que le
déficit commercial américain était insoutenable. Ce
n’étaient pas de simples observations polies, mais des
avertissements pour nous tous. L’un des éléments qui
indique le mieux à quel point nous sommes proches d’un
système de contrôle des changes, c’est la maturité
des actifs détenus par les étrangers. Cette maturité se
réduira à une maturité « d’achat » ou
« spot » autant que c’est possible. Puis commencera la
ruée qui déclenchera l’imposition des contrôles.
Pour
preuve, ces contrôles ont été mis en place en Afrique du
Sud en 1986. Au cours des 10 années précédentes, la
maturité moyenne des actifs détenus par les étrangers
dans ce pays chuta rapidement à 10 ans, puis ces actifs devinrent des
actifs en maturation ou de l’argent prêtable au jour le jour ou
à court terme. Lorsque M. Butcher était président de
Chase Manhattan, qui avait une succursale en Afrique du Sud et qui
prêtait au gouvernement d’apartheid de l’époque, il
fut face à un dilemme. Les succursales de Chase Manhattan aux
Etats-Unis perdaient des parts de marché à cause la
présence de la banque en Afrique du Sud, et ce, plus que ne rapportait
le marché de l’Afrique du Sud. Qu’a-t-il fait ? Il a
entrepris quelque chose qui aurait impressionné Rothschild
lui-même. Il demanda le remboursement immédiat de tous les
prêts en cours en Afrique du Sud qui avaient atteint leur terme. Bien
sûr, le gouvernement sud-africain ne pouvait pas permettre une telle
ruée sur le capital du pays, bien que celui-ci fût détenu
par des étrangers, alors il imposa un contrôle des changes. Le
résultat ? La Chase Manhattan fut alors considérée
aux Etats-Unis comme une victime et ainsi, les déposants
américains qui étaient partis de chez Chase revinrent et
accrurent leur présence. Quant aux prêts sud-africains de Chase,
le gouvernement sud-africain veilla à ce qu’ils soient
remboursés à temps et selon les termes du « plan
d’arrangement ». Du point de vue du banquier, la Chase Manhattan
augmenta non seulement sa base de déposants, mais continua
également à réaliser des profits et à obtenir des
remboursements du gouvernement sud-africain, que demander de mieux ?!
Ainsi,
pour clarifier ce que nous avons développé auparavant,
l’imposition du contrôle des changes devrait découler du
fait que les investisseurs étrangers sont «saturés
» d’investissements en dollars américains,
c’est-à-dire qu’ils n’en achètent plus. Ils
deviendraient donc détenteurs ou vendeurs de ces investissements, et
d’une façon comme de l’autre, cette situation
précipiterait une fuite de capitaux des Etats-Unis.
Bien
entendu, s’il y avait encore assez d’acheteurs pour maintenir une
certaine forme de stabilité sur la balance des paiements, cela ne se
produirait pas. C’est pour cela que les affirmations de Ben Bernanke sont si alarmantes. Qu’il s’attende
à une telle situation en fait au moins une probabilité. Le
côté positif d’une telle éventualité, aussi
obscur que cela puisse paraître, c’est que de tels
contrôles pourraient promouvoir les investissements aux Etats-Unis.
Julian
D. W. Phillips
|
|