Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Or : le bras
de fer entre économie et écologie
L’extraction d’or est à l’origine de bien des
conflits qui n’ont pas fini de faire couler de l’encre et du
sang. Au niveau de l’extraction d’or, économie et
écologie sont souvent très antagonistes. À quelques
rares exceptions près, comme NewMont qui
adhère à la charte Clean Extraction, la production d’or
fait des ravages.
Dernièrement, nous vous relations sur notre site Internet
cleanextraction.org les émeutes qui se sont déroulées au
nord-est de la péninsule grecque. Non pas contre de nouvelles mesures
d’austérité mais contre l’exploitation
aurifère qui menace la forêt de Skouriès.
Cette fois, c’est en Roumanie et par référendum que la
population devra se prononcer pour ou contre l’exploitation
minière d’une petite localité.
« Une
activité très bonne pour l’économie grecque
»
En Grèce, le rapport établi par l’entreprise
Eldorado Gold, exploitant la mine de Skouriès,
est bien en deçà des estimations de pollution que
l’extraction aurifère générera selon une militante. Chaque tonne de
terre retournée devrait produire environ 0,20 grammes d’or (vous
reconnaîtrez que ce n’est pas ce que l’on peut qualifier de
rendement extraordinaire), une misère comparée à la
catastrophe écologique qui attend la région. Eldorado Gold
n’est pas de cet avis et prétend respecter les normes
environnementales.
Un combat
économique gagné d’avance
En Roumanie, c’est l’exploitation d’une mine d’or
en Transylvanie qui déchaîne les passions. Un apport
économique indéniable puisque selon la société
canadienne qui souhaite l’exploiter, elle contiendrait près de
300 tonnes d’or et 1 600 tonnes d’argent. Utilisation de cyanure,
empoisonnement des nappes phréatiques, expropriation
d’habitants, destruction de sites historiques…
l’exploitation minière n’est pas sans conséquences.
Des
solutions militantes
Même lorsque l’on est un grand amateur d’or comme
moi mais que l’on est sensible à l’environnement comme le
je suis on ne peut pas nier que l’exploitation aurifère est un
vrai fléau.
Si les combats écologiques que mènent les habitants des
régions concernées sont perdus d’avance, on peut,
à son propre niveau, militer contre cette extraction extrêmement
polluante et pour un or plus propre. C’est résolument notre cas,
raison pour laquelle nous suivons avec attention les progrès et les
recherches menées pour l’amélioration des techniques
d’extraction.
Le
communiqué d’Auplata, une
société française
Je vous reproduis ici un communiqué de la société
Auplata société française qui
exploite des mines en Guyane. « La société travaille
actuellement à la mise au point d’un nouveau
procédé d’extraction de l’or afin d’accroître
son rendement global de production. La méthode par gravimétrie,
utilisée par Auplata depuis sa
création, permet actuellement la récupération de 25 %
à 33 % de l’or contenu dans le minerai. L’adjonction
d’un nouveau procédé d’extraction, méthode
de récupération à base de thiosulfate, pourrait augmenter
significativement ce rendement et permettre d’extraire l’or des tailings (minerai déjà traité par
gravimétrie précédemment mais dont la teneur en or est
estimée à 67% à 75%).
Les résultats des premiers tests de cette nouvelle
méthode, réalisés en laboratoire, ont confirmé
cette anticipation. Sur de petits échantillons, il a été
possible de récupérer plus de 40 % de l’or encore contenu
dans du minerai déjà traité en gravimétrie.
La société est confiante sur la faisabilité
technique de la mise en œuvre de cette nouvelle méthode, qui
dérive de procédés déjà existants à
adapter au contexte de la Guyane Française de manière à
être le plus respectueux possible de l’environnement. Si les
tests en cours avec l’installation pilote confirment ces premiers
résultats, cette méthode d’extraction sera
progressivement mise en place sur les mines d’Auplata
avec l’accord des autorités administratives concernées.
»
Vous voyez que là encore on tente des extractions moins nocives
pour l’environnement avec une barrière liée à
cette fameuse notion de rendement ou chaque pour cent en plus
représente un gain financier très important.
Il y a aussi comme piste prometteuse la bactérie capable de
solidifier les ions d’or en suspension !
Ici je vous reproduis un article du Figaro écrit par Hayat Gazzane, l’une de leurs journalistes
spécialisée dans l’or.
« Des chercheurs canadiens ont isolé une bactérie
capable de transformer des microparticules d’or en pépite. Pas
question toutefois d’imaginer une culture industrielle du métal
précieux, préviennent les spécialistes.
C’est une nouvelle que les fans d’alchimie vont
apprécier. Des chercheurs de l’Université McMaster de
Hamilton, au Canada, ont mis en lumière la façon dont une
bactérie parvient à solidifier l’or liquide.
Dénommée Delftia acidovorans,
celle-ci produit une molécule capable de faire précipiter les
ions d’or en suspension dans l’eau pour créer des
structures solides. Autrement dit, des micro-pépites.
Pour parvenir à cette découverte,
détaillée dans la revue britannique Nature Chemical
Biology
, les équipes scientifiques ont d’abord analysé la
surface des petites pépites d’or. Ils y ont découvert un
film microbactérien et notamment la
présence de deux bactéries qui cohabitent : Cupriavidus
metallidurans et Delftia acidovorans. Ces deux bactéries parviennent
à survivre alors que les ions d’or solubles, invisibles à
l’œil nu et que l’on retrouve dans l’océan et
dans d’autres cours d’eau naturels, sont normalement très
toxiques. Certains sont d’ailleurs utilisés en pharmacie pour
leur valeur bactéricide.
La première, Cupriavidus metallidurans, était déjà connue des
chercheurs pour sa capacité à accumuler d’infimes
particules d’or dans sa propre cellule pour se protéger. Les
scientifiques ont cherché à comprendre si la seconde survivait
de la même façon. Le résultat a été
surprenant : Delftia acidovorans
ne métabolise pas l’or soluble comme sa congénère
mais le solidifie à l’extérieur sous une forme non
toxique grâce à la molécule «delftibactine
A». Si sa capacité à fabriquer de l’or solide
était déjà connue, le mécanisme de production de
cette molécule était, lui, inconnu. «Ces travaux sont la
première démonstration qu’un métabolite
sécrété peut protéger contre de l’or
toxique et causer la biominéralisation
[procédé par lequel les organismes vivants produisent les
minéraux, ndlr] de l’or», écrivent les chercheurs.
Le travail de la bactérie est rapide puisqu’il lui faut
seulement quelques secondes pour fabriquer des nano-particules
d’or, à condition que le procédé ait lieu à
pH neutre et à température ambiante. Cette «delftibactine A» bat donc à plates coutures
les produits couramment utilisés dans l’industrie pour produire
ces mêmes particules d’or, soulignent les chercheurs.
Progrès
pour l’environnement
Peut-on alors imaginer une culture intensive du métal jaune en
laboratoire ? Les chercheurs en doutent. Tout comme les professionnels du
secteur. «On trouve 5 milligrammes d’or sous forme d’ions
solubles par mètre cube d’eau de mer. Pour espérer
récupérer un kilo d’or, il faudrait 200 000 mètres
cube d’eau. Vider les océans n’est pas une option et la
manœuvre coûterait de toute façon trop cher. En fonction
des cours de l’or, le procédé est sans
intérêt», explique Charles Sannat,
directeur des études économiques pour AuCoffre.com,
spécialiste de la vente en ligne de pièces d’or.
Par ailleurs, l’or potentiellement produit en grande
quantité aurait la même valeur que l’or extrait des mines
ce qui aurait un effet catastrophique sur les cours. «L’or
pourrait alors enfin être utilisé comme monnaie car le reproche
qu’on lui fait aujourd’hui c’est qu’il est trop rare.
Problème : il deviendrait aussi fragile que la monnaie papier que
l’on peut imprimer à volonté. Il n’aurait plus aucune
valeur en tant que protection».
Cette découverte ouvre en revanche des perspectives positives
pour le secteur aurifère. «Si cette bactérie marche sur
les microparticules d’or terrestre, on pourrait imaginer
l’implanter dans le sous-sol pour qu’elle agglomère ces
particules, accroisse les rendements des mines et donc diminue les
coûts d’extractions», imagine Charles Sannat.
«Diminuer les efforts d’extraction permettrait à terme de
baisser la pollution générée par cette activité
qui fait de gros dégâts environnementaux. Sous cet aspect, cette
découverte est véritablement enthousiasmante», conclut ce
dernier. »
Oui c’était une avancée majeure d’il y a
quelques mois et qui laissait entrevoir de superbes possibilités
même si des travaux de recherches importants sont encore
nécessaires avant d’arriver à un processus industriel
fiable et rentable, il faut également lorsque l’on utilise du
« vivant » s’assurer de l’innocuité pour la
faune et la flore de l’introduction de quantité massive de
bactéries… ce qui est loin d’être évident.
Cette difficulté peut être contournée en créant
des « usines » ou des centres de traitement où ces
bactéries peuvent être confinées. Dans ce cas, les
coûts industriels augmentent du prix de l’installation
nécessaire.
Va-t-on
bientôt utiliser du sucre pour extraire l’or ?
En revanche, j’ai découvert récemment une
avancée qui pourrait s’avérer historique. Vous trouverez
l’essentiel dans cet article de LCI.
Pour résumer, un chercheur qui cherchait tout autre chose, le
professeur Fraser Stoddart chimiste à la Northwestern University
américaine, « a simplement mélangé le contenu de
deux tubes à essai. L’un contenait de l’alpha-cyclodextrine, une sorte de sucre résultant de la
dégradation de l’amidon par une bactérie, l’autre
une solution contenant de l’or. Surprise, des minuscules aiguilles se
sont rapidement formées sous ses yeux dans le mélange ».
Ce produit est en réalité un composé alimentaire,
il n’est pas nocif pour l’homme, biodégradable dans la
nature, il peut être ingéré… et c’est un
produit très peu coûteux et couramment utilisé par
l’industrie agroalimentaire. Son taux de rendement est le plus
élevé jamais obtenu, la réaction chimique pour obtenir
le précipité est très rapide (de l’ordre de
quelques minutes). Bref, nous tenons peut-être enfin notre Saint Graal
de l’exploitation de l’or, une exploitation qui serait enfin
totalement inoffensive pour l’environnement et les hommes, et
c’est une excellente nouvelle !
Je vais donc devoir ressortir mon kit du parfait petit chimiste afin
de tenter de reproduire l’expérience de notre professeur
américain pour le plus grand malheur de ma femme qui déteste me
voir me lancer dans de nouvelles bidouilles, surtout lorsque après,
sous couvert de promenade bucolique dans la nature, j’emmène
femme et enfants apprendre les rudiments de l’orpaillage dans les
rivières alluvionnaires… avant de réaliser le voyage dont
rêve tout chercheur d’or vers… l’Australie !
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en
tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit
reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin
est un quotidien de décryptage sans concession de
l’actualité économique édité par la
société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT,
Directeur des études économiques. Merci de visiter notre
site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com
http://www.auplata.fr/techniques.php
http://bourse.lefigaro.fr/devises-matieres-pr...-de-l-or-360922
http://www.lelaborantin.fr/boutique/index.cfm
|