Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Je voulais revenir sur certaines interrogations que vous êtes de plus en plus nombreux à me soumettre. Je souhaite ici partager avec vous une démarche d’honnêteté intellectuelle et de réflexion. Cela me semble particulièrement important. Il ne s’agit pas de dire LA vérité mais de tenter ensemble d’y voir plus clair et d’adopter la stratégie patrimoniale la plus pertinente à titre personnel.
Mais avant, je voulais vous raconter une petite histoire, issue de la grande Histoire.
Pendant la campagne de 1940 que l’on peut qualifier de grande défaite contre l’armée allemande, mon grand-père était un jeune lieutenant dans l’armée. Après quelques jours de combats, il s’est retrouvé tout simplement à la tête de son régiment. Avec ceux qui restaient, ils ont combattu vaillamment, repoussé les Allemands, tenus les positions assignées, et le pépé a même poussé le vice jusqu’à encercler une compagnie allemande entière qui a été obligée de se rendre. Bon, comme mon papy ne pouvait pas sauver la France à lui tout seul, ils ont bien sûr fini par se faire déborder par la Wehrmacht qui, elle, recevait des renforts, des munitions et tout ce qu’il fallait, et évidemment pas lui.
J’ai découvert bien plus tard, à l’âge de 16 ans, que dans les décorations du grand-père, que ma mamie conservait dans un coin de sa bibliothèque, en traînait une un peu particulière. Quelques jours avant, j’avais fini un roman où le héros recevait une croix de guerre avec palme d’or (plus haute distinction de l’armée française). En regardant la brochette de médailles, je crus bien y voir une palme. J’avais 16 ans, personne ne m’avait jamais parlé de cette histoire.
Si le pépé s’est retrouvé jeune lieutenant à commander son régiment ou plutôt ce qu’il en restait, c’est parce que du colonel aux capitaines, tous avaient soit été tués au combat soit, pour le plus grand nombre, avaient déserté avec armes et bagage. Vous ne voyez sans doute pas encore le rapport mais gardez bien cette histoire en tête pour la conclusion.
Le point de vue de Pierre Leconte du Forum monétaire de Genève. L’or ne sert à rien.
« La déflation mondiale a deux causes principales : 1/la mondialisation sauvage qui pousse mécaniquement à la baisse permanente de la plupart des prix et des salaires comme au chômage de masse, donc à la faiblesse structurelle de la consommation, et 2/ la politique keynésienne des banques centrales qui, orientant l’essentiel de la création monétaire vers les actifs boursiers spéculatifs pour entretenir l’« effet richesse » au profit des institutions financières et du 1 % des plus riches, conduit à la chute structurelle de l’investissement productif. Le libre-échange mondialisé et la disparition de la liquidité dans l’économie réelle, nourrissant en effet la stagnation de la plupart des économies, ne sont pas seulement déflationnistes mais vont vraisemblablement aussi conduire à la fin de l’argent, ainsi que le traduisent déjà les effondrements du multiplicateur de crédit et de la vitesse de circulation de la monnaie. C’est-à-dire à une crise du crédit et d’assèchement de la liquidité (70 % de la création monétaire totale dans le système monétaire actuel provenant des banques privées via leur octroi de crédit, ce qui explique que l’arrêt de la demande de crédit par les particuliers et les entreprises est mortel pour l’économie !) et donc à la disparition durable de l’inflation. Laquelle est toujours de nature monétaire et non pas liée à la hausse des prix de tel ou tel bien ou service. Des sociétés sans monnaie, dans lesquelles les paiements et l’épargne se feront par signes monétaires électroniques, vont se généraliser à l’instar de la Suède qui vient d’entrer presque complètement dans ce processus. Tout cela obligeant les détenteurs d’actifs à repenser le processus de placement de leur patrimoine encore disponible mais qui va s’évanouir progressivement s’ils restent inactifs.
Dans un tel scénario, les prix des métaux précieux (dont la confiscation par la plupart des États hyper-endettés est à terme inéluctable) et des principaux actifs réels (matières premières) puis semi-réels (actions) chuteront, ainsi qu’ils ont commencé de le faire, au fur et à mesure que les populations et les investisseurs privés comme institutionnels verront leurs disponibilités liquides (leur cash et leur épargne à vue) disparaître ou se placer en masse dans des actifs obligataires d’État (dont la détention croissante est rendue obligatoire par les réglementations prudentielles du type Bâle III) qui continueront leur hausse puisque ce n’est plus pour le taux d’intérêt très faible qu’ils servent mais pour le gain en capital qu’ils permettent qu’on les achètera, ainsi qu’on a pu le constater depuis le début 2014 avec la hausse du TLT de près de 28 % avant qu’il se replie (dans un contexte d’inévitable inversion de la courbe des taux). Inutile de dire que les principales monnaies étatiques actuelles deviendront alors obsolètes au profit d’instruments électroniques dématérialisés que les États et les banques centrales confisqueront parce qu’ils en deviendront les seuls émetteurs monopolistiques (ne serait-ce que pour leur permettre d’exercer leur répression fiscale et de traquer l’« argent noir »). Raison pour laquelle le bitcoin, ou autres créations du marché libre, ne pourra pas subsister. C’est donc vers un totalitarisme monétaire radical, le « Big Brother » généralisé, de nature à accroître encore la répression financière et à supprimer tout marché libre, que l’on va vraisemblablement. Peu de pays (la Suisse peut-être) pourront l’éviter, à la condition que leurs peuples sachent préserver le plus possible leur indépendance nationale. »
Si je résume son point de vue, acheter de l’or ne sert à rien car de toutes les façons sa possession sera criminalisée, nous rentrerons dans une dictature monétaire et nous serons soumis à la répression financière.
Je pense que son point de vue est parfaitement respectable, parfaitement estimable, et je pense que c’est effectivement une possibilité. Mais c’est partiel ou, plus précisément, ce n’est pas la seule possibilité et l’histoire future n’est pas forcément écrite d’avance car l’arbre des possibles est particulièrement abondant en la matière.
Quelques exemples de possibilités
Que se passe-t-il si le dollar s’effondre et pourquoi s’effondrerait-il ? Suite à une attaque de la Chine ou à une insolvabilité généralisée.
Que se passe-t-il si l’euro explose ? S’il y a un retour aux monnaies nationales ?
Que se passe-t-il si l’Italie ou la France font faillite ? Que s’est-il passé et que se passe-t-il en Grèce ou à Chypre ?
On se sait pas exactement ce qu’il va se passer, ni quand, on sait juste, et c’est une évidence, que nous arrivons au bout de quelque chose et qu’il faudra bien que de nouvelles solutions émergent. Mais elles ne seront pas mises en place avant une phase de destruction plus ou moins totale du système actuel.
Pour Harvey Organ, grand spécialiste de l’or, le gold ira entre 3 000 et 5 000 dollars l’once en décembre 2014 ! L’or va donc servir !!
Voici peut-être un début de réponse avec l’interview de Harvey Organ, spécialiste du marché des métaux précieux. Selon lui, la manipulation des cours de l’or et de l’argent prendra fin en décembre 2014, ce qui débouchera sur l’effondrement économique annoncé.
D’abord, il est un spécialiste très reconnu dans le domaine de l’or et son avis ainsi que son analyse sont tout aussi respectables et pertinents que celles de Pierre Leconte. Ni plus, ni moins.
Conclusion
Je trouve que la bonne question à se poser à ce niveau-là c’est qui croire ? En fait, la bonne réponse sera pour beaucoup fonction de vos prévisions, de vos convictions et de l’analyse que vous faites de la situation dans sa globalité.
Alors qui croire ? En fait, personne. Sans doute se trompent-ils un peu tous les deux et que la vérité sera ailleurs, quelque part entre les deux, ni tout blanc ni tout noir.
À titre personnel, je pense qu’en France, et j’en reviens à ma petite histoire du début sur mon papy, l’État français ne pourra être répressif que jusqu’à un certain point. Regardez l’exemple du pauvre Rémi mort sur sa ZAD d’un tir de grenade… La police s’est vite retirée après le drame. Pour que la répression fonctionne, fut-elle économique ou fiscale, il faut que les États puissent s’appuyer sur des structures en état de fonctionnement, hors comme pour mon pépé, au premier coup de canon, nombreux seront les militaires, les fonctionnaires et les policiers à déserter, à rejoindre leur famille pour protéger leurs proches. En 2014, le sentiment patriotique n’est plus du tout le même qu’en 40 et en 40, le comportement de nos dirigeants fut loin, très loin d’être exemplaire, alors je vous laisse imaginer la situation dans l’état de déliquescence qu’a atteint notre pays. C’est donc les jeunes lieutenants d’aujourd’hui qui auront comme hier à affronter les lâchetés des mamamouchis actuels. Démissions, désertions seront vraisemblablement la norme.
Une monnaie électronique, il faut pouvoir l’imposer et forcer son cours. Cela ne marche jamais. Jamais. Cela fonctionne éventuellement un temps mais guère plus et si nous arrivons à cela, il y a de fortes chances que ce soit lié à une faillite de l’État français par exemple. Ce sera l’anarchie, le chaos et la guerre civile. Dans une telle situation, l’or, l’argent, le lopin de terre à la campagne et les stocks de conserves prennent tout leur sens.
Alors que faire ? La réponse me semble assez simple et évidente. Jamais tous ses œufs dans le même panier. J’aime l’or, tellement que j’en ai fait mon métier et que j’ai quitté ma planque dans la banque pour cette raison-là. Je suis convaincu du potentiel des métaux précieux, MAIS jamais tous ses œufs dans le même panier. Avoir tout en or serait aussi risqué que de ne pas avoir d’or (c’est valable pour l’argent). Il faut donc répartir son patrimoine de façon intelligente et je conseille une couverture en or d’au moins 20 % de vos actifs financiers au cas où.
Le patrimoine idéal aujourd’hui c’est être propriétaire avec un jardin et un potager sans dettes et sans crédit, avoir un peu de cash à la banque (car une débancarisation ne peut-être totale), de l’or et de l’argent métal. Rajoutez quelques boîtes de conserves et quelques mois d’avance de traitement médical, au cas où encore, et vous serez au mieux préparé. L’idée n’est pas de vous prémunir contre tout. La vie est en soit risquée, mais que vous ayez le maximum d’outils à votre disposition qui vous permettront d’avoir la palette d’options la plus large pour pouvoir réagir à de nombreuses situations.
Si l’or monte à 5 000 ou même 10 000 dollars l’once, vous serez sans doute déçu de ne pas en avoir pris plus et de la même façon si l’or est confisqué, interdit, prohibé, criminalisé, vous aurez toujours l’impression d’en avoir pris trop. À titre personnel, comme pour la situation collective de notre pays, nous n’avons plus aucun choix facile à notre disposition. C’est l’époque qui veut cela. Alors mon choix est simple. Je répartis au mieux, je me désendette au maximum, j’assure mon cash avec de l’or mais dans tous les cas, je ne mets JAMAIS tous mes œufs dans le même panier… Même si je meurs d’envie de n’avoir que de l’or !
Il est déjà trop tard. Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ». (JFK)